One Flight Up
7.8
One Flight Up

Album de Dexter Gordon (1967)

On ne finira jamais d'égrener toutes les qualités des disques de chez Blue Note. L'une, principale, la plus belle, c'est à chaque fois de trouver LA perle qui va vous illuminer un moment. Et qu'importe si c'est votre disque du jour, du mois, de l'année, on trouve toujours des pépites chez Blue Note. A moins d'avoir pleinement vécu les années 50 et 60, l'heure est à la redécouverte en masse. Quand on aime le jazz, on hésite pas à mettre son oreille sur beaucoup de choses du passé avec la satisfaction de n'être de toutes façons jamais déçu.


Et il y a tellement d'artistes que quand bien même l'on pense avoir fait le tour d'une discographie, on découvre encore des choses par le biais de tel et tel artiste, en solo ici, sideman là mais dont la présence est une donnée essentielle qui fait que la magie du disque nous éblouit littéralement les oreilles (j'invente des tournures de phrases ? Je métaphorise ? Pas grave). Tout ça pour dire que je ne m'étais encore jamais penché sur Dexter Gordon, mais ça ne pouvait qu'arriver de toutes manières, forcément.


Et donc One flight up donc.


3 pistes (4 dans la réédition) là où les disques avant et après du bonhomme en contiennent plus. Il y a donc un monstre de plus de 10mn, voire 15mn, quelque chose de magnifique, je le pressens. En effet. Dès la première piste avec les 18mn de Tanya, on est scotché, mis K.O.


Ce n'est pas tant dans la longueur (une broutille) que la manière d'aborder frontalement ça que Gordon épate. Le bonhomme n'a jamais caché n'être pas spécialement intéressé par le free jazz qui prenait son plein essor peu avant. Mais Gordon n'est pas dans le bebop classique. Il est dans le hard bop avec des influences (le lieu --Gordon est ici exilé en Europe vu qu'en Amérique on l'oublie déjà--, les autres musiciens, l'époque jouent) qui vont travailler ici sa conception de la musique (sur le disque d'après il invitera même Bobby Hutcherson pour renouveler habilement sa patte). Tanya est un titre calculé, mécanique, précis où la construction si elle n'émeut pas, fonctionne plus que prévu justement par la propre conscience d'elle-même : de sa durée, de comment en jouer, créer quelque chose proche de l'hypnotique voire d'une sorte de transe sans tomber dans le cliché du répétitif (là où Philip Glass, que j'adore d'ailleurs, manque parfois de tomber). Un peu comme le marcheur prend des forces et va travailler l'espace dans la durée, Gordon sculpte sa marche, sa création sur plus de 18mn.


Les autres titres, en deça du coup semblent juste bien à côté. Ce serait passer sur la seconde piste un peu trop vite qui, si elle reprend le principe d'un break continu autour duquel Gordon va s'articuler, joue plus vite et dispense des ruptures de ton plus nettes, d'une manière évidemment moins lascive.


Même si c'est le titre principal de 18mn que je ne me lasse pas d'écouter (il est à Gordon ce qu'un Idle moments est à Grant Green), le disque s'avère très bon, fascine durablement. Grand.

Nio_Lynes
8
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le 8 mars 2017

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Nio_Lynes

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