On the Lips
6.9
On the Lips

Album de Molly Lewis (2024)

Good evening, thank you for listening. My name is Molly Lewis and, tonight, I’ll be whistling...

Ces paroles introductives, lancées sur un ton suave et délicat, seront les seules d’un disque instrumental où la voix sera pourtant bien présente. Mais, ici, tout sera sifflé ou ne sera pas.


C’est une véritable proposition artistique, radicale à sa manière, qui n’aurait pas dépareillé sur la scène du Silencio de Mulholland Driveou bien du Roadhouse de Twin Peaks. Une esthétique proche de l’imagerie du clip programmatique de Lounge Lizard– qui n’a rien à voir avec le cultissime projet foutraque éponyme mais conjugué au pluriel de John Lurie – dans lequel la jeune australienne de trente quatre ans cite directement la performance fantomatique de Julie London sur Cry Me a River dans The Girl Can’t Help It de Frank Tashlin. La référence à ce film des années 50 sorti en France sous le titre honteux La Blonde et Moi – tiens donc – est loin d’être anodine tant tout est ici résolument cinématographique, avec son atmosphère de film noir, sa volupté assassine et son charme rétro.

Sacrée championne du monde de sa catégorie en 2015 et révélée par le délirant morceau-blague viral Big Enough de Kirin J. Callinan avec Alex Cameron et Jimmy Barnes, Molly Lewis est donc une siffleuse hors pair qui fera définitivement passer votre pénible collègue de bureau se rêvant ange musicien pour le cuistre béni-oui-oui qu’il est en la matière. Celle qui déclarait dans l’émission Tracks d’Arte avoir gobé par inadvertance un ecsta à l’âge de deux ans (!) est d’abord passée par le cinéma, justement, avant d’atterrir dans la sphère très confidentielle des artistes d’exotica ayant réellement une singularité à proposer. Deux EP post-confinement et une tournée aux côtés de Weyes Blood plus tard, les Molly’s Lips prédites par Nirvana se retrouvent aujourd’hui accompagnées par des musiciens venus d’horizons divers (BadBadNotGood, El Michels Affair, Thee Sacred Souls, Menahan Street Band) officiant au service d’une lounge music qui ravive des souvenirs d’enfance avec ses images de western – avec les BO d’Ennio Morricone en tête – et plus généralement d’aventures au grand air.

suite de la chronique disponible gratuitement ici (MOWNO.COM)

Kamille_Tardieu
6
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le 22 févr. 2024

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Le  K

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