Not Going Anywhere
7.2
Not Going Anywhere

Album de Keren Ann (2003)

Pour mieux disparaître, Keren Ann Zeidel a donc choisi de réapparaître dans la langue de Shakespeare. Ce qui est logique pour cette chanteuse multilingue née à Caesaria, élevée à La Haye et grandie à Paris. D'abord envisagé comme la version anglaise de La Disparation, Not Going Everywhere ne renferme au final que quatre adaptations de chansons déjà connues : Le Sable Mouvant (End Of May), La Disparition (Right Now & Right Here), Surannée (Seventeen) et Mes Pas Dans La Neige (Spanish Song Bird). Mais ce qui marque surtout les esprits, c'est l'affranchissement dont fait preuve la future ex-alter ego de Benjamin Biolay (cosignataire du somptueux inédit countrysant Road Bin) sur ses propres compositions un affranchissement déjà entrevu sur Les Rivières De Janvier, son premier coup de maître en tant qu'auteur-compositeur. Ainsi, le single Sailor & Widow (ré)sonne-t-il tellement comme un classique qu'il semble hérité du répertoire de Suzanne Vega ou, plus lointainement, de Joni Mitchell. Ailleurs, Not Going Anywhere ou By The Cathedral sont de parfaites "chansons folk suicidaires", comme Keren les affectionne tant. Associée sur le titre final à l'inséparable Bardi Johannsson son compère islandais au sein du projet hazlewoodien Lady & Bird , elle justifie pleinement son statut d'Illusionniste. Le lumineux profil signé de la photographe Karen Collins sur la pochette de l'album figure la métamorphose de Keren Ann, désormais aussi accomplie que rayonnante.


Malgré son divorce artistique définitivement consommé avec Benjamin Biolay, Keren Ann n'a pas vraiment changé depuis La Disparition, son deuxième album paru l'an dernier. Il semble en revanche que les regards qui s'attardent aujourd'hui sur son écriture, maintenant qu'elle en dévoile les ferments anglophones, sont moins embués par la condescendance. Dans les conversations du moment, il suffit de tendre l'oreille pour mesurer combien elle a gagné en crédibilité. Quant aux chiffres de vente du petit dernier, tout semble indiquer qu'ils dépasseront ceux des albums en français ? un paradoxe qui prête franchement à sourire. Il faut dire que sur Not Going Anywhere, constitué pour partie de versions anglaises des meilleures chansons de La Disparition et d'une demi-douzaine d'inédits du même calibre, Keren Ann Zeidel exhibe son meilleur profil. Sur de "vieux" titres comme Right Now & Right Here ou Seventeen, dont les instrumentaux n'ont pas été retouchés, sa voix bénéficie encore du reposoir confortable des arrangements superlatifs de Biolay, qui n'a jamais rien écrit de plus précieux que ces fugues baroques et cette pop chorale digne d'une partie de badminton entre Michel Legrand et George Martin. Sur les nouveaux morceaux, qu'elle a orchestrés elle-même, elle parvient à l'équilibre idéal entre le désir d'élaguer, pour mieux déterrer ses racines folk, et l'envie malgré tout de montrer de quoi elle est capable en format rock : d'intonations blues (Road Bin) en déflagrations britpop (Sailor & Widow). Les goûts de Keren Ann l'amènent à ressentir une véritable communion avec certaines filles qui, dans les années 60-70, ont introduit une dimension aérienne, mystique et ensorcelante dans la rigueur matérialiste du folk, ces Judee Sill ou Bridget Saint John dont elle est, l'anglais aidant, la digne fille naturelle. (Inrocks)
Après Carla Bruni, le succès d’un album acoustique ne semble plus être impossible, mais le niveau imposé (sans crier au génie) ne permet plus aujourd’hui de faux pas. Keren Ann sort pourtant son troisième album et tente de nous faire passer l’hiver à la maison, bien au chaud prêt du feu. Nous aurions bien tort de nous en priver !La jeune artiste sévit désormais en anglais mais sans que cela n’entrave une seule seconde son talent de song-writter, peut-être même au contraire. Une orientation très folk, de simples mélodies, guitare et voix, qui vous envoûtent, vous apaisent et vous donnent envie de ne plus sortir, de ne plus aller nulle part… Tout se passe ainsi entre luxe, calme et volupté. La finesse des arrangements (cordes, cuivre, percussion, voix d’enfants…), protége pourtant la frêle jeune fille. Ces moments simples, ceux d’une vie tranquille, n’empêchent pas la diversité des univers. C’est ainsi que se côtoient sans s’effrayer, le bluesy ‘Road Bin’, le très pop ‘Sailor & Window’ ou ‘Right now & right here’ qui se vêt de ses plus beaux atours pour fêter Noël. Après sa déjà très remarquée ‘Disparition’, ‘Not going anywhere’ fait preuve d’une grande maturité et pourrait bien, en toute discrétion, venir chatouiller le fameux titre de ‘meilleur album de l’année’… (indiepoprock)
A la base cela devait être qu’une version anglaise de titres déjà existant (la version british de « La Disparition » pour être précis). Finalement il n’en est rien, ou presque. Presque puisque quatre titres ont quand même été adapté : « Le Sable Mouvant » (« End Of May »), « La Disparition » (« Right Now & Right Here »), « Surannée » (« Seventeen »), « Mes Pas Dans La Neige » (« Spanish Song Bird »). Que reste-t-il ? Sept nouveaux titres qui méritent franchement le détour. Mais, au bout du compte, on peut bien prendre les quatre reprises comme si on ne les avait jamais entendu. « Not Going Anywhere » est bien un album à part entière, un disque bien de saison, automnale comme il se doit. Mais qu’attendre de plus de la demoiselle sinon un disque rayonnant, tout en finesse, avec ce qu’il faut de fragilité. Du Keren Ann en somme. Et il n’y a rien à regretter. K.Ann fait à merveille ce qu’on attend d’elle voire même plus. Cet album est tout empreint de grâce et de séduction. Cela devient rare chez les artistes de la chanson française (Avez-vous vu une quelconque grâce chez Lara Fabian ? Oui je sais c’est facile…). Sachons mesurer notre chance. Ne la laissons pas passer. En tout cas K.Ann semble avoir fait table rase du passé et avoir définitivement enterré l’épisode Biolay. Là non plus il n’y a rien à regretter. Il ne faut jamais regretter. D’ailleurs de son propre aveu notre chanteuse sait ce que cette collaboration lui a apporté mais elle a tourné la page sans avoir de remords quelconques. C’est sans doute ce qui lui permet encore d’avancer. Et Keren Ann avance à grands pas. Son actualité musicale du moment parle pour elle. Pas moins de trois projets en même temps (Le sien, Bang Gang et Lady & Bird). Et que du bonheur. Chapeau bas mademoiselle. (liablility)
bisca
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le 10 mars 2022

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Critique de Not Going Anywhere par joulaye

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