No Wow
7.1
No Wow

Album de The Kills (2005)

Des galeux dans Gala : insolite vision que celle de VV, sauvageonne boudeuse et sensuelle comme ça ne devrait pas être permis, au bras d'un coquin médiatique dans les pages d'une revue à potins. En la voyant ainsi hors contexte ? loin des habituels cuir noir, lunettes noires, idées noires ?, on aurait pu craindre un assouplissement des règles martiales et rugueuses des Kills. Mais ils ont bien entendu résisté à toute intrusion de la raison. Pour s'en protéger, les Kills ont même, l'an passé, quitté la terre des hommes pour un enfermement malade dans un studio-asile, dans les tréfonds de l'Amérique. C'est là, dans la frénésie, qu'ils ont donné une suite à leur premier opus, l'incandescent Keep on Your Mean Side. Davantage qu'un Compact Disc, leur second album, No Wow, est un disque compact. Brut, intense, dense, sans extras, sans gadgets, sans chichis. Quarante minutes, parce que la messe est dite ? et que la messe est noire.
D'ailleurs, signe que ces incurables fanatiques de rock'n'roll n'ont pas sacrifié leur passion sur l'autel de la modernité obligatoire, leur disque est conçu comme un vinyle, avec une progression patiente mais en deux chapitres : une face A électrique et rêche, qui culmine sur le single inouï The Good Ones. Une sorte de survol en quelques minutes vertigineuses d'une fantastique histoire du night-clubbing new-yorkais, qui emprunterait ses guitares méchantes et sa voix fauve au CBGB et ses beats mécaniques au Studio 54 : la rencontre miraculeuse, comme nous le disait l'an passé Laurence Bell, patron de leur label Domino, entre Suicide et Donna Summer Mais la vraie surprise vient de la libération du groupe, et notamment de la voix de VV, sur l'autre face. Au rock austère, cinglant et fiévreux qui a toujours tué chez les Kills, le groupe ose une tonalité plus sereine, presque lumineuse ? irons-nous jusqu'à parler de pop ? Car c'est bien à des exercices pervers que se livre ce couple torride, l'Américaine mimant l'innocence pendant que l'Anglais brandit un fouet électrique. On y retrouve l'affolante VV raide dans ses bottes qui, comme celles autrefois taillées par Lee Hazlewood pour Nancy Sinatra, sont faites pour la marche, la fugue, à toutes jambes' C'est frappant en fin de parcours, notamment sur Rodeo Town qui, tout en respectant la charte rigoureuse des Kills ? une voix avec un couteau sous la gorge, une guitare exorbitée, une boîte à rythmes menacée de tachycardie ?, élargit le champ des possibles. Quand on entend Hotel parler avec une fougue identique de Giorgio Moroder et du Velvet, on a déjà hâte d'entendre leur futur. (Inrocks)


Propulsés voici deux ans nouveaux messies du rock en guise de réponse londonienne à The White Stripes, dans la foulée de The Libertines avec The Strokes, sur la foi d’un Keep On Your Mean Side qui triturait surtout jusqu’à l’os la veine Pj Harvey, The Kills s’est depuis débarrassé du fardeau de “groupe champion des ventes du label Domino” grâce à ses petits camarades écossais de Franz Ferdinand. Le tandem formé par la chanteuse américaine Alison Mosshart, alias VV (ex-Discount), et le guitariste anglais Jamie Hince, dit Hotel (ex-Scarfo), souhaitait donc rien moins que réconcilier CBGB’s et Studio 54, soit punk et disco, fantasme récurrent (P.I.L. hier, LCD Soundsystem aujourd’hui) qui cache mal le caractère autarcique du rock pratiqué par ce couple à la scène comme à la ville. The Good Ones, premier single extrait de No Wow en attendant le probable Rodeo Town, marque une tentative notable de rompre avec l’adage suivant : “Pour vivre heureux, vivons défoncés”. Et au final, Ticket Man rompt avec le caractère bruitiste (et le fantôme de Polly Jean passé à tabac par les riffs au cordeau d’Hotel, guitariste jusqu’au-boutiste guère éloigné dans son registre de Graham Coxon) des morceaux qui précèdent sous la forme d’une jolie comptine au piano. Au-delà des attitudes rock’n’roll (je me cache derrière mes cheveux pour elle, je me concentre sur mes pédales d’effet selon lui), les deux cœurs réunis dans The Kills battent alors de concert sans risquer l’overdose. (Magic)
No wow... Pas de quoi s'exciter a priori. Aucune raison de s'extasier devant ce couple de faux punks vêtus de noir et de jeans déchirés qui joue ce que PJ Harvey avait déjà joué il y a dix ans. Quel crédit accorder par ailleurs à un groupe doté d'un nom pareil ? Un groupe qui n'en finit pas de jouer à faire semblant d'ignorer que le rock est mort et enterré depuis longtemps. Peut-être...

Sauf que le son rêche de The Kills balaie tout ça en quelques minutes. Dès la fin de la première chanson, et de son incontournable montée en puissance, on ne peut guère s'empêcher d'éprouver le même plaisir qui nous avait surpris une première fois à l'écoute de "Keep on Your Mean Side" il y a quelques mois. Plaisir complètement assumé du reste. Et les retrouvailles ne sont pas gâchées par la qualité des chansons, toujours fondées sur les mêmes ingrédients : une guitare électrique sourde, une rythmique nerveuse, une voix féminine sans autre grande qualité que celle de se donner à fond, quelques refrains qui font mouche. Certes, on a connu plus de finesse, mais ce serait ternir le résultat que d'en instaurer trop dans les morceaux de The Kills. La fièvre brutale qui s'en dégage a ce qu'il faut de poisseux et de sec tout à la fois pour nous persuader que le rock n'est pas si moribond qu'on voudrait nous le faire croire, ou alors que ses derniers soubresauts ont encore quelque intérêt. De ce brûlot homogène se dégagent par ailleurs quelques compositions moins radicales, on pourrait aller jusqu'à dire délicates, telles "Rodeo Town" qui lorgne assez directement vers la Patti Smith de "Radio Ethiopia", et "Ticket Man" qui conclut paisiblement l'album sur une touche plus épurée. Les plus réfractaires au disque devraient pouvoir se laisser séduire par l'appréciable documentaire l'accompagnant, où la filiation du groupe avec certains illustres prédécesseurs est plus manifeste (la très nette influence du Velvet Underground notamment, dans certaines introductions, et l'hommage à Captain Beefheart lors d'une reprise vivifiante de "Dropout Boogie" en concert). No wow ? Oh Yeah ! (Popnews)


Deuxième album du duo anglo-américain des Kills. Un disque brut, tendu, urgent, sensuel, sexuel... Du bon rock and roll en somme. Comme leur premier. Et c' est pour cette trop grande ressemblance avec son prédesseur que l' on trouve quelques reproches à faire à ce « No Wow ». Nous aimons les Kills, mais force est de reconnaître que l' évolution est ultra minime depuis « Keep on your Meanside », sorti il y a tout juste deux ans. Pour être totalement franc, il y a même un ou deux titres de ce nouvel album dont on ne saisit pas bien l' intérêt. Heureusement les réussites que sont des morceaux comme « Love is a Deserter », « The Good Ones » ou encore « Rodeo Town », véritable rayon de soleil de l' album, compensent assez largement les petits désagréments. Mais attention, la formule vient de donner ses premiers signes de faiblesse et les Kills seraient bien inspirés de passer à autre chose dès leur troisième album. En attendant, il faut voir VV et Hotel sur scène, c' est là qu' ils sont les meilleurs. (liability) 
bisca
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le 3 avr. 2022

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