Cinquième album du groupe, après deux magnifiques album (City of Evil et l'album éponyme) le groupe n'a alors plus rien à prouver. Accepté et aimé par le grand public, ils peuvent se vanter d'avoir, à moins de 30 ans, une carrière déjà bien remplie et une liste de fan qui ne rougit pas devant les grands du noms avec qui ils partagent la scène (première partie d'Iron Maiden, de Metallica). Avenged Sevenfold s'apprête donc à composer un album plus simple, plus « propre » qui sera tel un aboutissement. Malheureusement, l'histoire en décide autrement et durant la conception de l'album, le batteur du groupe, The Reverent décédera. Triste fin pour celui qui était bien parti pour devenir la référence de tous les batteurs de métal. Je ne suis pas assez fan du groupe pour avoir connaissance de l'avancé de l'album au moment de sa mort.
Tous les morceaux étaient ils composés ? A-t-il eut le temps de faire toutes ses prises ? En étions nous en phase de mixage voir de mastering ? Tant de réponse que je vous invite à me donner si vous les avais. Cependant, le groupe est conscient que le grand public verra dans cet album le tournant du groupe : la mort du Révérend ! Cet album est donc un ultime témoignage d'amour pour leur ami d'enfance, parti trop tôt. Mais, ne doit on voir en cet album qu'un simple testament musical ? Ca serait mal connaître le groupe.

L'ombre de The Rev' est présente sur l'ensemble de l'album. Indiscutablement le son a été travaillé afin de sonner de façon funeste. Ultime manière de dire à leur ami qu'ils l'aimaient. Alors qu'il y a encore peu ils s'amusaient à mimer des enterrement dans leurs clips, les jeunes d'Avenged Sevenfold ont désormais assez grandis et subi une telle épreuve de la vie qu'ils se voient obligé de faire murir leur son. L'album a donc une unicité sonore, dans laquelle on peut retrouver une grande part de nostalgie, une violence plus mélancolique, loin des excès de rage des premiers albums, un certain bloc sonore également sous-entendant tout le désarrois du groupe. Cette phrase est cliché, mais il s'agit de l'album de la maturité pour ce groupe. Si le 4ème album se présentait comme une parfaite preuve de ce qu'était A7X, Nightmare nous prouve que leur capacité d'évolution est puissante sans pour autant redescendre musicalement.
Déjà il apparaît de manière quasi-évidente que le groupe a fait deux choix : celui de faire un album « court » avec peu de morceaux, « seulement » 11. Et deuxièmement que le groupe accepte l'idée de faire des morceaux sacrément long … L'ultime piste, Save Me approchant les 11 minutes tandis que l'ouverture, qui a donné son nom à l'album, dépasse les 6 minutes. Notons aussi Victim qui dure plus de 7 minutes … On est loin de l'époque punk-métal du groupe où tout allé très vite. Cette longueur permet au groupe de souvent composer des morceaux plus complexes, non pas dans les riffs à proprement parler mais dans les ambiances. Les couplets se veulent plus long, les ponts très présents, les refrains plus mélodiques. L'intérêt est de profiter du temps qu'offre cette longueur. Peu importe que ça rende les morceaux plus difficile d'accès. Avenged Sevenfold sait qu'avec 4 albums aux préalables, ils n'ont plus besoin d'offrir des purs « tubes » pour le live, les précédents albums s'en chargeant. L'album est donc taillé non pour le live directement mais pour l'ambiance pure et dure qu'il offre. Mais je vous rassure c'est le genre de morceaux à bien dégommer en live.

L'album est basé sur deux axes principaux : l'agressivité cauchemardesque et les balades nostalgiques. Notons cependant que les cauchemars et la nostalgies s'unissent bien souvent pour apporter un ton des plus beau à cet album. L'album s'ouvre sur Nightmare, le morceau éponyme. Succession d'intro, couplet, refrain, couplet, refrain, solo, pont numéros un, pont numéros deux, refrain … Quand je vous disait que ça devenait plus long et complexe. L'ambiance cauchemardesque est ici clairement à l'honneur avec une agressivité toute nouvelle. On peut sentir un aspect City of Evil mais plus mature, la présence de piano aidant et la vitesse de la batterie sur-présente alliée à la voix toujours aussi charismatique de Mike Shadow séduiront forcément les fans ou les néophytes. Les refrains ont un aspect très bibliques, telles de grandes prophéties dictées par des mages.
Assez étrangement le titre suivant Welcome to the Family est le seul violent de l'album sans être dépressif. Véritable invitation pour les fans, il se propose de les amuser avec un morceau très agréable, bon tube « à l'ancienne » si j'ose dire. On peut s'étonner de ce placement alors que le titre est totalement en opposition au reste de l'album. Encore plus quand Danger Line, le morceau suivant semble, à première vue des plus agressif au début, avant de découvrir que derrières des refrains épiques, il y a des couplets des plus calmes pour contrebalancé. Certes, la guitare de Sinyster fait toujours merveille, malheureusement ce morceau manque de charme à mon goût. En même temps, après seulement 3 pistes, l'auditeur ne se permettra pas d'être trop dur.
Après ces deux morceaux « foure-tout » quelque part, qui, bien que bon, sont éloignés du reste de l'album. Avenged Sevenfold nous offre Buried Alive, première balade de l'album, plutôt agréable, elle cache des refrains plus agressifs qui surprendront un peu. Mais moins que la fin qui revient à une agressivité toute retrouvée. De manière assez amusante, ce morceau est loin d'être le meilleur des « calmes » de l'album, pourtant en étant le premier de la track-list, il n'a pas à souffrir la comparaison, et la violence de sa fin surprend tellement qu'on ne peut qu'accrocher à ce morceau.
Puis nous voilà revenu dans la violence avec Natural Born Killer. Pas grand chose à dire, je trouve que les pré-refrains manquent de puissance. Mais globalement le morceau est un bon petit moment bien agréable de 5minutes. Comme si Avenged Sevenfold s'était forcé à faire un morceau plus habituel avant So Far Away. Une magnifique balade, véritable déclaration d'amour à leur ami perdu. Morceau à la fois touchant ou la rythmique simpliste soutient à merveille la voix de mister Shadow. Voir le clip ajoutera un aspect terriblement émotionnel au morceau. On peut presque regretter de trouver ce morceau si beau, car après tout il est calme, doux et apaisant et pourtant empli de regret. Cette tendresse séduit terriblement et seuls ceux qui pensent qu'un groupe de métal doit faire forcément dans le violent seront déçus.
Et comme pour ne pas se mettre à dos ceux-là, God Hate Us est le titre suivant. Bon là je vais passer rapidement, il s'agit du morceau le plus violent de l'album, mais certainement l'un des meilleurs. Véritable bombe dynamique, c'est le genre de titre taillé pour le live qui force le public à se déchainer. Preuve que le groupe garde son intégrité musicale, le morceau apparaît cependant comme une évolution sonore par rapport au précédent album, à la fois plus agressif sans pour autant en mettre plus. Tout est dans le mixage ! Bref, très bon morceau.
Victim est le titre suivant, le groupe s'offre 7min30 de balade rock. Très proche de Buried Alive, Victim fut mon gros regret de l'album. Rien ne m'a véritablement plus dans ce morceau, trop long, trop moyen, il ne déchaine rien en moi, surtout pas les solos. Sa longueur est un véritable problème, je ne pense pas que ce morceau valait la peine de durer aussi longtemps. Ce n'apparait presque pas dommage de mettre à sa suite une autre balade rock, Tonight the World Dies. Là encore la mélodie très simple et belle, portée par une basse très présente de Johnny Christ, permet à la voix magnifique de Mike Shadow de s'envoler et de toucher les fans. Clairement là encore un des plus beaux morceaux du groupe. Bien que beaucoup plus court que le précédent (4min41), il se joue parfaitement des mélanges couplets, pré-refrain, refrain et pont. Très agréable de voir des structures un poil plus développé que l'habituel couplet/refrain que le groupe a parfois sur-utilisé (même si A7X a toujours tenu à avoir un certain éloignement avec cette forme de structure musicale). L'ombre de The Rev' continue de planer avec mélancolie sur Avenged Sevenfold, qui porte toujours le deuil.
Le morceau suivant, Fiction, met cette ombre en lumière avec un morceau où c'est The Rev' qui joue du piano, de la batterie et chante (pas en même temps je vous rassure). Bon objectivement les fans adoreront car c'est l'ultime témoignage sonore de ce grand batteur, mais pourtant le morceau en lui-même n'est pas des plus folichons … Petit riff de pianos qui fait légèrement kiffer notre ami de batteur, c'est au final un morceau très bateau et une balade supplémentaire (la troisième d'affilée quand même). Bref, c'est à la fois une bonne idée pour l'aspect émotionnel du morceau, mais musicalement parlant, c'était vraiment pas nécessaire.
Et pour terminer, le groupe s'offre le plaisir masturbatoire d'avoir 10 minutes pour un seul morceau. Je dois vous avouer qu'en voyant juste la durée j'ai pu comprendre le plaisir malsain de prendre autant de temps, une sorte de défis personnel pour le groupe que de faire un morceau de plus de 10 minutes. Le morceau est, soi dit en passant, relativement unis, il démarre avec un aspect assez épiques. Oscillant entre un Lord of the Ring et un Mister Jack en terme cinématographique. Une fois l'intro terminé (presque 2 minutes tout de même), on rentre dans un couplet où Mike Shadow joue plus le conteur qu'autre chose, d'une grande neutralité ils s'opposent aux pré-refrains particulièrement agréable. Les refrains eux rentrent dans un délire à la fois épique et élancés qui ne m'ont pas totalement convaincu. Évidement le groupe répète cette boucle avant de partir dans un pont suivit d'un solo, le tout avec des chœurs histoire de faire véritablement épopée. Les riffs se succèdent malgré un solo toujours présent. Je regrette d'ailleurs ce côté « solo à tout prix » alors que les rythmiques sont déjà des plus agréables. Comme si les solos servaient à les cacher alors qu'ils sont très appréciables. On rentre ensuite dans une phase de nouveau pont, cette fois chanté, servant à revenir vers un nouveau pont (là on peut parler d'aqueduc je pense) afin de revenir sur le refrain habituel. Avenged Sevenfold s'est permis d'inclure un morceau à l'intérieur du morceau tout simplement, bonne technique pour gagner du temps. Puis le groupe finit avec une outro plus calme … Ou pas, puisqu'ils reviennent encore une ultime fois à la charge.


Au final, j'ai encore parlé des morceau chacun leur tour. Quel dommage, moi qui espérait éviter. J'espère au moins que vous aurez compris comment fonctionne l'album. Il faut l'avouer, il a une véritable unicité musicale et contient nombre d'excellents morceaux. Globalement à part Danger Line et Natural Born Killer, tous les titres sont très bons … Ou très bofs. Je pense notamment à Victim, Fiction ou encore Save Me. Vous aurez compris que je n'ai pas accrochés sur ces trois là. Le reste est cependant très bon et sur mes 10 titres préférés d'Avenged Sevenfold, il y a en au moins 4 de cet album (Nightmare, God Hate Us, So far Away et Tonight the World Dies). C'est dire la qualité que je lui trouve et mon affection toute particulière.
La beauté de cet album est également le deuil qu'il porte, un virage difficile pour un groupe de musique mais qui a été fait avec respect et qualité via cet album qui porte pour la dernière fois, la marque de The Rev'. L'album s'écoute facilement, librement et sa force est telle que je pense très sincèrement que vis à vis de l'aspect « album dans son ensemble » il est le meilleur d'A7X. Malheureusement le placement des pistes ne me paraît pas toujours des plus adaptés et certains morceaux m'ont tellement peu accrochés que moi qui pensait mettre 9 au départ je passe à 8. Il faut dire que cet album, je peux l'écouter en boucle et toujours autant l'apprécier tant il fut bien conçu.
Espérons qu'une fois le deuil passé, le talent d'Avenged Sevenfold restera.
mavhoc
8
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le 28 juin 2013

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mavhoc

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