La reine de la Nu Soul il n'y en a qu'une! Et personne ne me contredira en nommant celle qui détient ce statut depuis plus d'une décennie et nous transcende à chacun de ses albums. La belle et douce Erykah Badu nous revient ici pour cette deuxième partie d'une trilogie discographique qui fait du bien à sa carrière et qui insuffle une brise d'une rare fraîcheur à la musique (Avec une série d'album également prévu par Maxwell, les amateurs de rythmes suaves devraient encore se régaler quelques temps). Si New Amerykah Part One gardait cette musicalité planante, le fond de l'album n'en demeurait pas moins ultra engagé en abordant des thèmes sociaux et politiques. D'où ce frappant sous titre '4th World War' qui lui était accolé. Ici Erykah renaît davantage avec son thème de prédilection: l'amour et toutes ses complexités.

La pochette est juste somptueuse (comme la précédente d'ailleurs) avec tout son lot de mysticité et de croyances qui gravitent souvent autour de la chanteuse. On y décèle évidemment cette croix ansée dont elle fait référence dans le sous-titre de l'album et qui rappelle l'Egypte antique et son symbole de vie, d'où sa présence avec une coiffe égyptienne proche de l'arbre de vie (?). Le côté gauche et engagé de son cerveau laissent parler ici son hémisphère droit sur des sujets plus émotifs et délicats (anecdote qu'elle révèle au webzine Billboard). Ce Part Two sous baptisé 'Return of the Ankh' part sur de bonne base avec le merveilleux single 'Window Seat' produit par James Poyser. Titre phare de sa nouvelle œuvre, cette mélodie harmonieuse à base de harpe et de piano est un véritable médicament pour la relaxation. Ses vocalises ont été en partie enregistré sous la douche (selon le magazine Rolling Stone), d'où cette voix profonde venu d'ailleurs qui nous murmure à l'oreille tel un ange.

Quand elle ne cherche pas vraiment à polémiquer mais plus à faire passer un message de liberté dans cette société américaine, ce sont les critiques qui viennent à elle outrée par le vidéo clip de 'Window Seat' (voir dans la rubrique Vidéos Clips de la Semaine). Il fallait néanmoins qu'elle se doute qu'en faisait un strip-tease improvisé dans les rues de son Dallas natale et en créant une scène finale choquante la même ou l'intouchable JFK à été assassiné, que ça allait faire couler beaucoup d'encre au pays de l'Oncle Sam. Au final Erykah Badu en ressortira avec une simple amende pour conduite indécente. Pour ma part ce clip est génial, un bonheur à regarder en plus de ce qu'il laisse sous entendre.

"They play it safe.
Are quick to assasinate what they do not understand.
They move in packs.
Injesting more and more fear with every act of hate on one another.
They feel most comfortable in groups.
Less guilt to swallow.
They are us.
This is what we have become.
Affraid to respect an individual
A single person or event or circumstance can move one to change to love herself, to evolve..."

L'équipe de producteurs restent la même, avec des têtes connus comme Shafiq Husayn, Madlib, J Dilla, Karriem Riggins, 9th Wonder, Georgia Anne Muldrow,... Mais au lieu d'avoir une mixture plutôt expérimental, on baigne de nouveau dans de la bonne vieille Soul familière, à base de sample, et avec des titres qui groove comme 'Turn Me Away (Get Munny)' et son clin d'œil à Notorious BIG. Laissez-vous bercer par la chaleureuse rythmique de 'Gone Baby, Don't Be Long' reprise aux Wings, ou encore l'énorme 'Umm Hmm' qui transpire l'amour. 'Incense' et la harpe de Kirsten Agnesta nous donne une sensation de légèreté et de pureté rarement atteinte, une balade paradisiaque supervisée par Madlib.

Si il y avait quelque chose à reprocher à Erykah Badu se serait peut-être de tomber dans une certaine facilité avec un titre comme 'Love'. La production de feu Dilla, co-réalisé par Badu elle-même, est irréprochable mais c'est la manière dont elle l'exploite qui manque de contenu pour nous enivrer totalement. Chose qu'elle rectifie en jouant les femmes fatales sur le funky 'Fall In Love (Your Funeral) en inspirant une fois de plus d'une track de Notorious BIG ('Warning') pour pigmenter son discours. Pour clore ce volet qui s'écoute trop vite, on assiste à une chanson divisée en trois actes. 'Out My Mine, Just In Time' dégage les principales étapes d'une relation amoureuse, du moins celles ressentis par notre chère chanteuse. Ca commence par grosse déclaration d'amour très personnelle (intitulé selon elle 'Recovering Undercover Over-lover'), moment solennel d'Erykah seul sur scène derrière son micro, la lumière éclairant uniquement son visage. Finis l'amour fou prêt à tout pour son partenaire, mélodie glaciale au piano, Erykah définis désormais la complexité de tout refaire à zéro après une relation de longue date ('Easier Said Than Done'). Troisième partie qui achève ces dix minutes épiques ('But Not This Time'): le temps des remises en question et des nouvelles prises de positions qu'elle adoptera à l'avenir pour ne pas refaire les erreurs du passé.

Aussi bon que son prédécesseur, Return of the Ankh est l'album qui tombe à pic pour les premiers rayons de soleil printanier.
Bobby_Milk
7
Écrit par

Créée

le 20 déc. 2011

Critique lue 276 fois

2 j'aime

Bobby_Milk

Écrit par

Critique lue 276 fois

2

D'autres avis sur New Amerykah Part Two: Return Of The Ankh

New Amerykah Part Two: Return Of The Ankh
Bobby_Milk
7

Critique de New Amerykah Part Two: Return Of The Ankh par Bobby_Milk

La reine de la Nu Soul il n'y en a qu'une! Et personne ne me contredira en nommant celle qui détient ce statut depuis plus d'une décennie et nous transcende à chacun de ses albums. La belle et douce...

le 20 déc. 2011

2 j'aime

Du même critique

MM..FOOD
Bobby_Milk
9

Critique de MM..FOOD par Bobby_Milk

Miam...Depuis « Operation: Doomsday » qui date de 1999, MF Doom a sorti de nombreux autres projets sous divers pseudonymes ; des mixtapes, et autres bootlegs. Il a également collaboré avec d'autres...

le 22 déc. 2011

27 j'aime

Will Rap for Food
Bobby_Milk
9

Critique de Will Rap for Food par Bobby_Milk

Kno et Deacon. Des noms d'artistes qui avant 2001 ne nous disaient vraiment pas grand chose. Débarquant de leur cambrousse sudiste, ces deux fauchés, dont les chemins se sont croisés en 98 alors...

le 21 déc. 2011

24 j'aime

1

Man on the Moon: The End of Day
Bobby_Milk
8

Critique de Man on the Moon: The End of Day par Bobby_Milk

-Phase d'essais, entraînements- Avoir le sentiment de pouvoir faire quelque chose de ses dix doigts malgré qu'on soit encore dans l'enfance, c'est ce que voulait exploiter le jeune Scott Mescudi...

le 20 déc. 2011

15 j'aime