Narkopop
7.2
Narkopop

Album de Gas (2017)

Dix-sept ans que Wolfgang Voigt a brandi son chef d'œuvre Pop dans le paysage de l'ambient. Sept morceaux qui se sont hissés rapidement dans le panthéon du genre. Dix-sept ans que l'allemand a laissé pourrir le projet, qu'il l'a laissé se décomposer. Dix-sept années pour arriver à la fermentation d'une suite qui semble tout droit sortir d'une humide cave.


Si Pop se révélait solaire, doux, et dressait le portrait pur d'une rivière d'eau fraîche célébrant la vie au cœur d'une taïga, son successeur marque la fin de l'idylle. Comme si Voigt s'était réveillé d'un coma, et que la forêt luxuriante où il s'était endormi pendant le crépuscule de "Pop 7" avait été saccagée par quelques épidémies de spores empoisonnées, de pollutions de fumées étouffantes, ou d'écoulements de matières toxiques.


Ce cinquième disque nous amène à voir une beauté dans l'agonie de paysages autrefois plein de vie. Ici, les synthés omniprésents avertissent du danger qui rôde. Gas fait le choix de ces instruments, bien plus facilement reconnaissables que dans les albums précédents. Ce qui est le principal défaut. L'organisme indéfinissable que l'on retrouve auparavant dans les longues plages de drone rythmées des autres disques, et dont le sommet se situe sur Pop, laisse place à des segments de monolithes plus uniformes, mais souvent insipides. Ainsi, sur les dix morceaux de Narkopop, beaucoup se ressemblent et n'apportent finalement que du temps perdu à l'appréciation de l'œuvre. Même si des élans de lumière amènent parfois leur lot de renouveau durant ce long album (Narkopop 3, 6 & 7), l'inquiétude pèse sur la redécouverte. L'ambiance créée n'en souffre pas, mais la langueur se fait sentir.


La surprise et la consécration n'interviennent qu'en fin de parcours, lors du monumental "Narkopop 10", sorte d'écho sombre à la conclusion "Pop 7", un pilier de la carrière prolifique de Wolfgang Voigt. "Narkopop 10" s'étire sur 17 honnêtes minutes parvenant à faire correspondre ténèbres, effroi glaçant, et majesté. Un épilogue qui parvient à s'extirper de sa condition temporelle, preuve qu'il s'agit déjà d'un incontournable de l'ambient monolithique. Une offrande finale qui parvient à égaler le grand-frère, contrairement à l'heure qui a précédé malheureusement.

Opotiti
6
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le 12 mai 2017

Critique lue 367 fois

Boris Minéral

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