Première approche de Coil et découverte d'un album envoûtant et hypnotique à force de jouer sur une répétitivité qui, revers de la médaille, peut aussi finir par lasser. Surtout à cause de la longueur des pistes (10 minutes en moyenne). La première piste est à ce titre représentative: distorsions de synthé inquiétantes, mélopée fantomatique et syllabes entrecoupées et incompréhensibles forment une rivière de sons qui s'écoule de manière assez uniforme. De l'atmosphérique réussi. La seconde piste est plus hétérogène. Les nappes de synthé, fouillées et pleines d'entrain, rappellent une certaine électro des années 90. Un côté désuet loin d'être désagréable, même si on en a vite fait le tour. Vient ensuite ma préférée, le moment qui mérite à lui seul l'écoute du CD, selon moi. « Red Queen » fait pourtant aussi dans le minimaliste, avec sa voix de conteur qui nous demande si notre vie nous parait plus « réelle » maintenant que l'ont peut enregistrer, partager et numériser nos expériences de vie. Ce texte désillusionné s'accompagne, outre le synthé habituel, d'un piano d'une mélancolie extrême qui m'a fait penser à certaines pistes de la BO de Silent Hill. Brillant.

Ensuite, c'est le délire de « Broccoli », une piste bien frappée, aux paroles aussi bizarres qu'inquiétantes. On reste toutefois dans le minimalisme pur et dur... « Strange birds » est l'autre grande réussite de l'album. Une expérience presque flippante, une paranoia cosmique faite son: écoutez ça seul en pleine nuit, et il est très probable que vous sentiez une envie irrésistible de vérifier par la fenêtre qu'il n'y a rien de suspect dans le ciel étoilé. Un travail auditif tout simplement ébouriffant, très difficile à écouter mais ça fait pleinement partie du trip.

La dernière piste, plus « chantante » que les autres, est souvent vue comme le chef-d'oeuvre du CD. Personnellement, je la trouve juste bien foutue. Son côté aérien est intéressant, beaucoup de poésie se dégage de la voix du chanteur. Mais quand même pas une révélation.

Je suppose que Coil a déjà ses convertis qui seront sensibles à d'autres subtilités que je n'ai fait qu'effleurer, mais, en tant que néophyte, et assez réfractaire à la répétitivité musicale en général, je ne peux pourtant que reconnaitre les qualités de cette oeuvre mystérieuse, aussi angoissée que légère, avatar incontesté de la grande déesse de la Nuit.
Amrit
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le 23 juin 2014

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