Miami
6.2
Miami

Album de Saez (2013)

J'ai eu peur, moi ! J'ai eu peur que cet album soit le dernier de Saez, qu'il se soit barré quelques parts, ne nous laissant plus l'espérance de découvrir de nouvelles chansons magnifiques ! Mais si, il arrive à grands pas, même. Ça me soulage, parce que "Miami", comme dernier album... c'est pas "Les Marquises" de Brel, quoi. Même si c'est pas une honte non plus.
Déjà, un petit mot sur la pochette. C'est censurée, d'accord, mais là il l'a un peu cherché. "J'accuse", comme son nom l'indique, accusait, là ça montre juste que les sous vêtements peuvent servir à de nombreuses choses en dehors de leur contexte.. Il a été plus efficace pour critiquer la religion avec "à ton nom"...
L'album commence avec "Pour y voir", glauque à souhait. Là, faut s'accrocher. Surtout si on s'apprête à être père, où ça refroidit pas mal l’enthousiasme j'imagine... le texte donc est littéralement déprimant, mais ce que j'aime sur ce titre, c'est le rythme. Le texte et la musique, en eux mêmes, sont vraiment beaucoup trop agressifs, mais le rythme dépote. "Les infidèles", qui aurait pu figurer sur "J'accuse" ou sur le cd2 de "Messina" (il parait même un poil anachronique) a un texte écorché vif comme je les aime chez lui, on sent qu'il se fait plaisir à dégommer tous ceux qu'il méprise sur le morceau. Quant à la musique, elle se marie parfaitement aux coups de matraques du texte. "Rochechouart"... La première fois que je l'ai écouté, je me suis dis "non mais attends, quoi ?". Faut dire que l'intro est juste horrible, et je le pense encore, là je ne reconnais juste pas mon Damien Saez... Mais au fil du temps, j'ai adopté la chanson, compris ce qu'il voulait dire (parce que dans un premier temps, ça parait une branlette intellectuelle) et au final, le titre me touche en plein cœur. Je peux pas m'en empêcher, quand je sens dans la voix de Saez sa souffrance de vivre, il m'émeut à en pleurer... Même scénario pour "Miami". Et je maintiens pour la première partie de la chanson, avant qu'il s'énerve, où je trouve vraiment que la magie Saez n'est pas là. Mais à partir du moment où il s'énerve, la chanson s'envole, c'est la tempête, il nous entraine, on gueule tous ensemble, et métaphysiquement, grâce à son rythme qui incite au mouvement, on a la sensation d'emmerder un peu ces puissants qui joue de la cocaïne dans leurs coins. "Le Roi" est la meilleure chanson du disque (c'est qu'à ce moment-là que j'ai compris que la drogue, la débauche, la richesse etc. sont le fil conducteur de "Miami"). C'est juste terrible, et terriblement furieux. Le texte est hallucinant, la musique géniale, on le sent pleinement inspiré et dans sa meilleure forme. On ne peut que scander, que l'approuver, que le rejoindre dans sa critique. Mais pourquoi a-t-il fait durer cette chanson 5 minutes au lieu de 3 mn 30 ??? au-delà, on a une batterie qui tape un coup sur deux, une guitare qui as visiblement Alzheimer et Saez qui fait "oh oh oh"... ça gâche un peu une chanson qui était presque parfaite jusque là. "Des drogues" a une belle intro anglaise, même assez mystique (c'est un champion en cette matière-là, le meilleur exemple est "amis de Liège"). Le texte en français qui suit sent bon l'expérience, et le conseil final de Saez, très inattendu ("Dédrogue-toi"), donne une touche de moralité dans cet album qui en est pourtant dépourvu. Par contre, comme pour "le roi", il prend une éternité à s'arrêter... "Cadillac Noire" débute par un "riff" atroce (faut qu'il arrête avec les solos de guitare électrique, vraiment) et déboule la grande parade de clichés... là, c'est carrément redondant, il n'y a pas de renouvellement, la musique est pas terrible, il reste les "hé hé, hé hé", dont je ne peux pas nier le plaisir d'écoute. "Rottweiler" enfonce le clou. C'est la pire chanson que Saez n'ait jamais faite jusque là (j'espère qu'il n'y aura pas d'équivalent pour son retour). C'est bien simple, je vois pas ce qu'il y a à sauver. Là le texte est une branlette intellectuelle, on trouve une référence cinématographique assez inappropriée ("Taxi Driver", en parlant d'un dealer...), la musique est bâclée, et c'est interminable... Ça sent le creux Damien, remonte le niveau ! Là, il sort le grand jeu, "No More". On a immédiatement les larmes aux yeux, dès les premières secondes à la guitare. La chanson, entièrement en anglais (j'ai lu la traduction, le texte est sympa) m'émeut beaucoup, et encore une fois on sent Saez s'impliquer corps et âme dans sa composition, on sent bien que c'est ce qu'il ressent, et c'est sa plus grande force. Bon, elle garde le gros problème du disque en général (les chansons se finissent trop lentement...), mais "No More" m'émeut beaucoup à chaque écoute. Le dernier, "que sont-elles devenues ?", fais partie de ses chansons "à lycée", sauf que là la teinte nostalgique est à son comble. C'est littéralement terrible, parce qu'encore une fois on sent la face personnelle, on comprend que c'est ce qu'il vit, et quand on aime vraiment Saez on ne peut pas rester de marbre quand il dit "le gout de l’héroïne, que j'aimais avant, quand j'aimais quelque chose"... c'est beau certes, mais on a de la peine pour lui quoi ! Le texte est donc vraiment bien, même si c'est difficile de faire plus désespéré que sa fin, la musique n'est pas vraiment bonne par contre (ses "hmm hmm, hmm hmm" trop saccadés m' insupportent)... J'ai vraiment eu peur de ne plus avoir de ses nouvelles sur ces mots: "ouais, j'ai le blues" !!!
Mais non, il revient. Il nous laisse pas avec ça. C'est un bon album, si il avait été fait par quelqu'un d'autre. Mais là c'est Saez, et ça demeure donc moyen. Et comme c'est Saez, je réécoute quand même.

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le 13 juin 2016

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Billy98

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