Septembre 1969: John Lennon annonce à Ringo, Georges et Paul qu'il quitte le groupe. La nouvelle est gardée secrète. McCartney, dépité, s'en va s'isoler, avec sa toute nouvelle famille, en Ecosse dans son Mull of Kintyre (my desire, is always to be here). Cloitré au milieux des poules et des chiens, dans la gadoue, il vit très mal la séparation du groupe. Alors, il bricole des petits bouts de chansons, que les Beatles avaient refusés ("junk", "teddy boy") et les enregistre, dans son appartement à Londres avec comme seule partenaire, sa femme Linda. Beaucoup de critiques ont mal perçu son premier album, parce qu'ils s'attendaient à ce que Paulo conçoive une suite à Abbey road, chose impossible, parce que le célèbre bassiste est dorénavant amputé des trois autres membres des Fabfour, et parce que, je pense ,qu'elles n'ont pas compris la vraie signification d'un album solo: je joue de tous les instruments et je compose toutes mes chansons sans l'aide de personne!
Et cela McCartney parvient à nous démontrer qu'il est de loin le meilleur instrumentiste des Beatles, et cela n'est pas rien. Il suffit d'écouter le piano de "Maybe I'm amazed", le riff dans "that would be something", la guitare sèche dans dans "every night", la guitare solo dans "Ooh you!" et le jeu de batterie dans "Moma miss America" pour se convaincre du résultat!
Bien sûr l'album comporte des défauts, la chanson "suicide" est avortée alors que cela aurait été une très belle chanson de l'album, "Teddy boy" est vraiment très vilaine, tout comme la chanson d'ouverture. Mais reste des moments forts, comme "Maybe I'm amazed" (c'est une Masterclass!) et "Kreen-akrore". Voilà une oeuvre musicale qui tire son inspiration d'une série documentaire sur les Indiens du Brésil. L'ambiance y est fabuleuse, l'art musical est brut, avant que la production ne polisse le diamant, trop souvent de manière indélicate hélas dans sa carrière post-beatles. Il faudra attendre David Bowie pour entendre deux albums consécutifs sonner si différemment.
Ce premier album solo est peut-être l'album le moins complaisant, le plus honnête qu'il ait donné d'enregistrer.