Maxinquaye
7.5
Maxinquaye

Album de Tricky (1995)

Overcome. Le Hip Hop qui s’est appauvri, qui est comme sans os. Overcome. Tricky s’est trouvé une muse aussi docile que versatile. Martina. Lui, il est maître d’œuvre. Compositeur, designer sonore, producteur, directeur artistique. Ponderosa. Pygmalion. UNe monstrueuse économie de moyens. Et la voix posée de Martina Topley-Bird. Un mélange d’innocence et de maturité. Ponderosa. Et elle fait la pose. Et la voix, c’est un murmure. Une Menace. Ou caresse. Ou les deux. Murmur. Mur. C’est album c’est un mur.


Si vous êtes déprimés, n’écoutez pas ça, vous risquez la grosse déprime. Rythme lent. Lancinant. Mélange de textures. Étrangeté assumée, voire appuyée. Ce n’est pas pour les amateurs, ou les fragiles du cœur, dirait Sade Adu dans un autre contexte. C’est du lourd.


Black Steel. Et le maître d’œuvre se permet tout. Il est libre, Tricky. Massive Attack c’est finit. Son EGO, et son MOJO peuvent se déployer sans carcan, ou ceinture de chasteté aucune. Libéré le PSYCHO. Résultat… ? C’est sale. Dans le sens médical du terme. FROID. Pas glacial, mais presque. Et Black Steel, c’est un détonnant mélange de ROCK et de Trip Hop. Morceau qui s’étire comme une fusée à réactionnn nnn. Et le rock, se fait allègrement marcher dessus. Sans respect pour les vieux, ce Tricky. La révolte à peine voilée contre le système. Et…


 la réalité.


Le système gagne toujours. Révolté, déprimé. Une guitare punk, un mix saupoudré de sons et de bruitS annexeS. Il va mal, Tricky.  Il va s’acheter une arme. Je sens le froid de l’acier contre ma tempe…


  Á côté, un morceau comme Hell Is Around The Corner est presque romantique, (tant que faire se peut). HELL. Surimpression de voix, de chuintements. La menace, toujours. C’est rêche comme de la toile Emery, et doux-dur comme du velours de Sex shop. Avec le grain du microsillon qui crache son ADN. KRRR… le vinyl qui crache, ça c’est un collage très « Trickien », ce grain du microsillon samplé, qui s’étale comme un grain de sdable. Krrr  rrrr   rrrr. C’est inDIScutablement romantique. Et l’histoire d’amour est toujours ternie, jamais embellie. Une ambiance de film d’horreur en devenir. Claustrophobes s’abstenir. Ça déchire.


 Pumpkins. Evocation, et poétique très personnelle. Goldfrapp ou Martina, ne perdent pas une once de féminité, comme si le prince de la contradiction savait à merveille allier le chaud, le froid, la virilité, l’attraction, et la décontraction. Percussion ethnique, qui ne fait pas ethnique. Minimalisme érigé en système. Voix du mâle alpha menaçante. Fille qui plane comme une diva.


Bon. Ce mec n’est pas net dans sa tête ! Il mélange tout ce qu’il veut, en fait un jus sonore. Il sample comme un expert la musique funk, rock, et en retire tout le jus, pour nous donner du venin. Cet album coule comme du venin dans les veines. Á la première écoute, j’ai plongé. Je me suis noyé. Je n’ai retenu que le style, pas le talent. C’est le risque quand on se fout de tout, et qu’on ne fait qu’expérimenter, sans hiérarchiser, (en apparence). On réduit les possibles, et la réception n’en sera que plus difficile si l’auditeur pas préparé. C’est là toute sa force, Tricky. Ça tient debout malgré tout, comme un édifice en équilibre…instable.


Aftermath. Dub intersidéral. Le beat est répétitif comme un diable. Et Horace Andy semble avoir mué, et s’être réincarné en femelle. Dub Hip Hop. Voix de tête. Et féminité. Il arrive à invoquer pas mal de choses, avec très peu, à l’économie. Et la flûte, qui revient à intervalles régulier, comme un signe, une virgule  poétique, c’est top. C’est pas mal quand même. Architecte d’un son artificiel, urbain, étouffant, sans issue, avec quelques respirations pour ne pas sombrer complètement. Et on sombre quand même. Pendant tout l’album, avec une régularité de métronome. Petit


à


petit…


On sombre quand même.


Abbaon Fat Tracks. Loop. Boucle. Collage. Crachat. Une basse en boucle. De la soul, qui s’est perdue en route du côté de chez Bristol. Entre quelques flashes de lumière, pour colorer sans forcer.


Brand New You’re The Retro. Morceau Funky. Plus rythmé. Tricky fait en sorte que son sample soit le moins retro possible. Il fait ça en le passant à l’essoreuse, le sample. On ne reconnaît plus rien, si ce n’est sa trace. Les claviers sont écrasés comme le reste. Ce ne sont que des points dans la ponctuation. Des chuintements, des frottements de pièces d’usines, des muscles, des nerfs, qui s’accrochent, s’accordent tant bien que mal.


La suffocation. Voilà ce qu’on risque. J’ai suffoqué à la première écoute. Je me disais que Tricky n’y arriverait pas sans ses potos de Massive, et je me suis noyé dans son subconscient de psycho. Je ne vois pas d’autre explication. Pour faire un album pareil, il faut être bon pour la psycho. Suffocated Love. Les titres ne cachant en rien l’intention, c’est malsain, et suffocant…comme s’il suffisait de le dire…


Suffocated. Un mix mal définissable, entre l’expression de la folie, comme ce slow à nul autre pareil. Spoken word ? Dis-course ? Bla bla ? Storytelling ? Instrumental de film retro? Le tout est tellement abstrait, qu’on ne retient PLUS que les ornementations. ABL LAB BBAL BAL BAL ABL. On se retient à ce qu’on peut. Hh  h hh hhh…


You Don’t.


Yes, you do.


 I fighted evil with Hell.


You’re crazy.


C’est un album difficile d’accès, faut pas se mentir. Comme disait Tricky à son ingénieur du son :


« This shit is wicked !». Et à chaque fois, il cassait tout le travail fait la veille, et allait encore plus loin. Ce mec est barré ! Heureusement que la musique est là pour le retenir dans sa cage. Se serait le carnage sinon. Derrière la tonne de re-mix, on voit une âme torturée, ou sadique. Ou les deux. Faut être open, disponible pour entrer dedans, sans les a priori, et tout ça.


On va dire que c’est la jungle urbaine, mais à l’intérieur du cerveau de l’artiste. Avec Martina en premier violon. Et le tableau qui reprend des couleurs diaphanes, inattendues. Un musique d’ambiance, avec de la sauvagerie, mais à l’intérieur. Strugglin…


Un cri. Ou le chien d’un révolver qui fait un : CLAK ! ( ?)


Ne restons pas là, c’est dangereux !


Feed Me.

Angie_Eklespri
9
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Créée

le 10 oct. 2017

Critique lue 511 fois

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Angie_Eklespri

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