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march/2009
6.7
march/2009

Album de Be My Weapon (2009)

A la sortie de march/2009, David Freel menait la barque Swell à lui tout seul depuis dix ans. Avec des hauts (For All The Beautiful People, Whenever You're Ready), des bas (Everybody Wants To Know) et du correct "plus" (South Of The Rain And Snow). Une constante tout de même dans les deux meilleurs albums précités: la présence d'un membre historique. Le bassiste dans le premier, le batteur dans le second. Mais les deux anciens compères ont fini par définitivement quitter le radeau de la méduse, celui-ci s'enfonçant tant et plus dans un oubli terrible. Quand bien même Swell fût et restera une pierre angulaire du rock indépendant des années 90.


Comme pour conjurer le mauvais sort, comme pour faire semblant de prendre un nouveau départ, Swell a changé de nom pour s'appeler Be My Weapon. Mais rien n'a changé. Enfin si: South Of The Rain And Snow laissait pointer une discrète lueur d'espoir, comme si Freel avait pu penser que son retour inattendu signerait son retour à un succès d'estime. Dans ce March/2009, que du noir profond, du désespoir en barre de mine ; et même un retour à l'artillerie semi-lourde, aux distorsions crades, comme un écho lointain des premiers albums magiques.
Et pour la première fois depuis longtemps, le Californien est d'une exigence mélodique (presque) implacable. Le sachant sans doute, il se permet même une petite folie rédemptrice, d'entrée de jeu, avec les quelques arpèges malingres de "Come Livid", joués ad libitum. Ici c'est magnifique, quand un morceau à peu près similaire ("Kicking All Them Ghosts") passait pour de la fainéantise sur South Of The Rain And Snow. Pourquoi ? Cela passe par de petites choses, presque imperceptibles : un chant maussade mais intense, un son simple mais finement travaillé.


Ainsi, le long de March/2009, Freel ne cède jamais à la facilité, ne laisse jamais tourner ses chansons en roue libre, sachant s'entourer quand il faut des meilleurs compagnons. D'une batterie sèche comme du bois mort, d'un synthé cheap par ci. D'un solo minuscule, d'un débordement vocal, d'une distorsion passagère par là. Il fait donc naître l'émotion par bribes, et à nous de les raccrocher les unes aux autres. Ce n'est jamais évident, les structures des morceaux sont souvent évolutives; mais l'ensemble est d'une cohérence telle qu'on se plonge finalement assez rapidement dans ces morceaux langoureux et chaleureux.


Au final, c'est donc un beau paradoxe temporel que ce March/2009 : David Freel aura mis près de dix ans à se sortir artistiquement de cette décennie, beaucoup plus ingrate pour lui que la précédente.

Francois-Corda
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le 29 août 2018

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François Corda

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