A moins d'un mois d'intervalle, les deux potos MC sortent leur production respective. Alors que West a joué la carte de la pilule survitaminée, papa Jay a misé sur la sobriété et le classicisme. D'autre part, l'un comme l'autre, les deux skeuds sont arrivés de manière impromptue, sans grosse promo' musicale.

Toutefois, Jay-Z balance un trailer studio, où on le voit entouré de producteurs talentueux et inspirés, Timbo' et Pharrell en tête. Il est question d'une redéfinition du game, d'une nouvelle étape. Bon. Bin en fait si, Jay-Z a fait un peu de promo' quand même, car si son album est loin d'être dégueu', ce n'est pas non plus une fessée cul nu.

A vrai dire, l'album met d'avantage en avant la prod', vraiment maîtrisée et inspirée sur de nombreux tracks. Notamment celles de Timbaland, qui n'arrête pas de me faire kiffer ces temps-ci (surtout depuis l'excellent travail sur le dernier Timberlake). En effet, le beatmaker grimaçant honore son maître d'ouvrage en lâchant de grosses instrus : "Picasso Baby", "F.U.T.W" ou encore "Heaven" (on regrettera le bordélique "Tom Ford" et le fade "Jay-Z Blue"). D'autre part, Pharrell, l'artiste du moment depuis sa collab' remarquée avec les Daft Punk, régale avec "Oceans" et nous amuse avec "BBC". Enfin, Hit-Boy livre l'un des titres les plus réussis du skeud : "Somewhere In America". J'ai failli oublié le travail de Swizz Beatz, d'avantage crédité en co-producteur, sauf sur le track bonus "Open Letter", qui malheureusement ne casse pas des briques...

Voilà, côté production c'est du bon travail. En même temps, les invités sont prestigieux et on est quand même sur un album de Jay-Z. Toutefois, le principal intéressé semble s'être un peu trop reposé sur le travail de ses potos. En effet, entre flow saccadé et lyrics de retraité plein aux as, Jay finit par être ennuyeux et il se fait larguer par la prod'.

Schéma classique d'un MC qui a déjà tout raconté sur sa life et qui aujourd'hui manque cruellement d'inspi', voir de motivation. A part nous dire qu'il a des sous et qu'il veut offrir à sa petite une vie de princesse, on tourne littéralement en rond. Ce qui, au final, fait de ce "Magna Carta Holy Grail" un skeud bien huilé, mais assez lisse. En ce sens, la nouvelle production de Jay-Z ne fera pas date.

Avoir le luxe de se payer des artistes de talent c'est bien. Encore faut-il honorer leur travail.
Théo-C
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le 15 juil. 2013

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8 j'aime

Théo-C

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