M.A.N
6.7
M.A.N

Album de Josman (2022)

Josman avec un grand J : Artiste avec un grand A

M.A.N... Alors j'écris cet article bientôt deux ans après sa sortie néanmoins que dire et que retenir pour rester objectif et surtout succin vis à vis de ce dernier album de Josman,

Contextualisation tout d'abord:

  • Attendu depuis longtemps par l'ensemble de ses fans, l'attente se faisait longue depuis Split (presque 3 ans). Mise à part quelques feats (ft Luv Resval, Jazzy bazz...) 2 tapes (Mystr J.0.$ et Toxxxic), Josman fut assez discret et ce fut volontaire (pour views il disait vouloir prendre du temps pour lui, à savoir se relaxer mais aussi imprégner sa future plume et par conséquent son futur projet dans un tout autre univers) et cet univers en question sera : l'hiver, la saison de la rudesse émotionnelle, encore plus tangible quand on est artiste, étant donné qu'elle fait référence très souvent au période de travail, de remise en question intense et ce pour arriver au projet qu'est M.A.N Josman le sait, si il souhaite vraiment marquer les cœurs, il doit d'abord creuser le sien

C'est donc après un peu plus de 3 ans, que Josman, drop M.A.N, un 17 titres condensé en moins d'une heure. C'est assez court à première vu, or Josman apporte de multiples éléments pour étayer son propos et y donner la matière suffisante:

  • Premièrement, on y retrouve une intro (magistrale on reviendra dessus par la suite) et une outro (concentrée dans le morceau "la danse de la joie" à la fois très lente - qui procure le sentiment d'écoute d'un seul couplet long et donc de bilan vis à vis de ce que l'on vient d'entendre pendant une heure). Mais surtout 3 interludes, et oui 3. Chose très peu courante dans les tracklists habituels du hip hop (personnellement je ne l'avais encore jamais vu), c'est donc d'or et déjà avant même l'écoute du premier morceau, un choix très audacieux de Josman. Pour la première fois il s'essaye à un nouveau format, vient donner du fond à son projet sans pour autant opter pour la flemmardise lyrical rt c'est l'objet d'une seconde remarque
  • Josman pousse ses retranchements d'écriture en termes..... d'originalité. Alors, bien que Josman soit déjà reconnu comme un virtuose de la plume, soit renommé partout dans le paysage français pour cette qualité là au point que tout rappeur le désir sur son projet personnel et n'aurait d'égal poétique que Dinos, Nekfeu ou Alpha. Josman, et précisément dans ses même interlude vient exercer très finement ses rimes grâce justement, à la liberté instrumentale que procure le cadre d'un interlude (un bpm simple et surtout peu agrémenté). Par exemple sur celui de "fiesta", surement vous a t-il choqué (+ perso parce que je pensais que spotify m'avait lancé "truman show" de JJ), JOS s'essaye à des tonalités criardes chose qu'on avait jamais vu chez lui et cela en particulier donne une dimension encore plus profonde à son introspection car elles viennent justement supplanter les lyrics déjà très explicites (et finalement on a vraiment l'impression d'être avec lui en cabine). Sur "l'eau" tout est rimé en alexandrin (d'abord en "ri" sur le premier couplet, puis en "ein" sur le deuxième", en oir" sur l'avant dernier et en "ont) et enfin sur "interdit" , JOS prend un air trés west coast et s’octroie même des rimes en anglais... Bref ses interludes sont cruciaux dans l'articulation du projet puisque il casse le rythme "légèrement" redondant de certains tracks et crée alors le caractère no skip de M.A.N
  • Troisièmement chose sur laquelle on peut justement moins s'attarder de par son évidence : Josman est imprenable en feats ! et étonnamment on n'en retrouve que 3 sur M.A.N parmi les 17 tracks. En effet Josman s'adapte à toute les prods. L'exemple trés flagrant sur "POP" qui à première vu s'apparente plus à un feat impulsé par Bezbar du au choix de la prod très "bebetoisé", "cocojojoisé" (plus sérieusement, où le kick est trés aigu et redoublé monopolise l'instrumentale, josman est très peu familier à ce type de prod néanmoins ça serait méconnaître JOS que de sous estimer son talent d'adaptation.. "alyx, [...] khaliss, [...] alice".... Est ce bon pour vous, le couplet est visualisé ?! Bien, au delà du fait que je pense que la session stud à du être ultra kiffante (JOS qui nous fait des toplines sur la fin du morceau absolument hyper enjaillantes), Josman s'adapte et même adopte la prod typique du style d'un de ses potes à son kick à lui et ça c'est ce qu'on appelle couramment : le génie
  • Et quel génie serait sa plume sans parler de la maîtrise de ses tonalités sur les différentes tracks. En effet on n'a qu'à prendre les morceaux "PLU$$$", "Ahgars", "Mort ce soir" qui chronologiquement porte des intonations dégressives et créées ainsi chez l'auditeur une véritable sensation de dégénérescence de l'état de Josman vers tout compte fait sa mort. Où du fait de l'exercice approfondi et exigent qu'il s'impose à lui même dans l'écriture, qui justement vient chercher toujours plus dans ses souvenirs, souvent refoulés pour être interprété de cette manière. Finalement cela l'irrite ardument et ne provoque non plus de la tristesse mais de la hargne.

Sur M.A.N Josman est hargneux, à énormément de chose à dire, de comptes à se rendre après presque 10 ans dans l'art qui l'a fait éclore aux yeux de tous, la rendu célèbre, ce même art qui dans l'outro est comparé à une rose : chatoyant et attractif bien sur de face mais épineux et parfois fourbe de dessous. Cette même rose qu'il tien dans la main sur la cover, qui le suit même au fin fond de lieux où il souhaite se retrouver seul (sur la cover : métaphorisé par l'hiver) elle (son art) le suit partout pour le meilleur mais surtout le pire (les doutes, la peur de ne pas mieux faire etc etc)

M.A.N c'est Josman qui dès le début sait qu'il va falloir faire BIEN plus que de simple allusions au sexe, au désir, à la sensualité (ce qu'on retrouvait sur J.0$), mais faire aussi plus que des allusions à des moments de vie de ses potes, à ses quelques désillusions vis à vis de ce qu'était la fame (ce qu'on retrouvait dans Split). Nan là il va falloir nous dévoilait qui tu es vraiment Josman et ce dès l'intro.

L'intro d'M.A.N c'est Josman qui assume être devenu un artiste avec un grand A pour ses pairs, Josman avec un grand J pour sa mère, Transparent avec un (très) grand T pour ses auditeurs... Dorénavant il le sait pertinemment rien ne sera plus jamais pareil; le poids de la célébrité sera encore plus lourd désormais... et ce piano apathique résonne comme l'apathie de son état vis à vis de sa mentalité et du cadre dans lequel il se trouve.

"Je me livre, non pas pour le meilleur mais pour le pire, ce monde est noir et blanc, ce monde est monotone et morne, ce monde est mort... Mon ancien monde est mort, il n'était que futilité de faire l'apologie des vices que je rimais.... - M.A.N est mon constat de ce temps que j’entends être révolu"

Pour conclure, C'est donc ce génie lyrical et instrumental qui est unanime dans M.A.N. Cette pièce (déjà) maîtresse du hip hop dans notre décennie actuelle est au même titre qu'ELV pour Nekfeu, QALF pour Damso : LE projet d'une vie. Synonyme d'accomplissement global (en termes de carrière, de concentration, de recherche artistique) celui qu'on attendait tôt ou tard, celui finalement qui le rend "MAN" remarquable du rap global pour l'histoire est réunit et assumé dans chacun des morceaux

Merci d’être aller au bout de cet article

Bonne écoute ou réécoute à tous

Marceauuu
8
Écrit par

Créée

le 16 févr. 2024

Critique lue 18 fois

Marceauuu

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