Le foudroyant succès de Song For the Deaf & son hit tremplin No One Knows, aura ouvert les portes du mainstream aux Queens Of The Stone Age.
Laissant ainsi place à une longue tournée internationale et ses revers de médaille. Au fur et à mesure des concerts le bassiste Nick Oliveri pète littéralement une durite, multipliant les excès toutes catégories.
Lassé et excédé par les agissements de son camarade, le chef de la baraque Josh Homme se veut radical et décide d’amputer le barbu Bass-Man de l'aventure.


C'est donc avec difficulté que la formation se remet sur les rails afin d’exécuter l'exercice périlleux de l'album post-succès. Remplaçant ainsi Nick par l'homme à tout faire Alain Johannes et accueillant au synthé une petite nouvelle : Natasha.


En général face à ce type de contingences, deux cartes peuvent être mise en jeu :
Abattre la solution de la continuité, en reprenant la formule de l'album précédent. Ou soit faire preuve d'audace et miser l'ensemble de ses gains, quitte à frotter dans le sens inverse du poil les fans de la première heure.


La bande à Josh opta pour l'audace, évidemment. S'éloignant définitivement de l'ambiance Road-Trip Psychotropé de son petit frère. Lullabies se veut plus intimiste, plus sombre.
Il est moins ce plaisir immédiat, c'est un objet hermétique qui prend son sens que si on lui accorde le temps et l'envie nécessaire. Là il sait alors se dévoiler, vous récompenser, montrant au grand jour ses subtilités, sa richesse créative qui en font un grand cru.


L'exercice de style est principalement scindé en deux parties, l'une plus "accessible" composée de hits bien emballés à la manière de la douce/hypnotique "In My Head", "Little Sister" et son riff bien rentre-dedans, ou encore de "Burn The Witch" explorant la crasse bluesy en compagnie de Billy Gibbon des ZZ top.
Puis une seconde partie plus noire, plus expérimentale qui laisse place à de multiples fantaisies d'arrangements afin de construire son ambiance. Une phase pas toujours éclairée et aboutie mais qui laisse émerger quelques tracks diablement prenantes :


"The Blood Is Love" attractive, qui lancée par sa minutieuse introduction laisse l'auditeur se délecter d'une progression d'accords qui fondent les uns sur les autres. Donnant ainsi un spectre auditif uniforme à la fois intriguant et mystérieux qui semble ne jamais s'interrompre.
"Someone in the Wolf", catapulté par un riff dantesque surplombé d'une voix fantomatique,.
"Killer Scene" qui déploie une Porn Bass , superposé d'une guitare slidée absolument sexy.


Les bémols de cette partie seraient pour ma part, "Skin On Skin" & "Brocken Box". Moins inspirés, plutôt brouillons et sans gimmick réellement accrocheur ou innovant. Un peu préjudiciable pour un album qui touche le sommet à de maintes reprises.


Lullabies est un curieux objet musical que j'aime à voir dans l'industrie. Ambitieux et couillu, il est aussi une galette qui sait faire des compromis pour ne pas trahir son passé.


Une oeuvre qui ne peut être définit avec simplicité, tant elle est multi-facettes.
Certes, la maîtrise du projet n'est pas constante contrairement à "R" & "Song For The Deaf" mais elle exprime une envie de bien faire, une générosité présente dans toutes ses parois musicales.

Créée

le 20 oct. 2015

Critique lue 970 fois

12 j'aime

6 commentaires

Isaak

Écrit par

Critique lue 970 fois

12
6

D'autres avis sur Lullabies to Paralyze

Lullabies to Paralyze
MarcPoteaux
9

Critique de Lullabies to Paralyze par Marc Poteaux

Le nouveau Queens prend tout le monde à rebrousse-poil en démarrant par une minute et vingt-deux secondes de douceur acoustique assénées par notre ami Mark Lanegan. Mais rassurez-vous, on retrouve...

le 23 oct. 2012

3 j'aime

Lullabies to Paralyze
rherleman
10

Critique de Lullabies to Paralyze par rherleman

Avec ce Lullabies to Paralyze, QOTSA s'éloigne de ses racines stoner et ses gros riffs lourds après un Songs for the Deaf qui sonne définitivement comme un aboutissement du style. Lullabies to...

le 12 avr. 2012

2 j'aime

Lullabies to Paralyze
GuillaumeL666
8

Tout le monde sait que tu es fou

C'est vraiment vicieux la musique de Queens of the Stone Age car j'ai souvent du mal à trouver les mots juste pour en parler. Après Songs for the Deaf, je craignais que le groupe connaisse un manque...

le 24 juin 2021

1 j'aime

Du même critique

R
Isaak
10

Regular Josh

Rated R est la suite du premier album éponyme des QOTSA, même si à l'heure actuelle les Queens sont particulièrement adulés par les critiques et par de nombreux fans, il faut ce rappeler qu'a...

le 26 déc. 2011

34 j'aime

7

...Like Clockwork
Isaak
9

From a little help from my friends.

Je ne vais pas mentir j'ai attendu ce nouvel opus avec une impatience rare. Josh Homme est surement le mec le plus intéressant de l'ère Rock actuelle et il a l'avantage d'avoir une actualité...

le 4 juin 2013

21 j'aime

3

Era Vulgaris
Isaak
10

Era Pop

Era Vulgaris a toujours été un album quelque peu incompris par les fans, il n'y a qu'à voir les forums musicaux ou celui-ci ce fait particulièrement incendier. Ont ils raison de s'acharner sur cet...

le 26 déc. 2011

15 j'aime

3