London Warsaw New York
7.1
London Warsaw New York

Album de Basia (1989)

    Pas de doute. Dès les premières mesures, on sait qu’on aura droit à de la pop de luxe, et à des pros à la baguette, derrière. Une voix en or, qui groove toute seule, des accompagnements entre dance, rythmes latin, et variété pop. Tout un monde en un album. En tout cas, ça donne envie de bouger, un mix entre de la virtuosité, de la créativité, et le jeu. Des arrangements solides comme si on pensait jazz, facilité d’écoute : pop. Cruising For Bruising. Ça commence bien. Best Friends. Plus funky, plus Matt Bianco style. Toujours aussi dansant. Un feeling terrible, même quand la mélodie est simple, ou bateau en apparence. Brave New Hope. Piano-chant-orgue. Va te cacher Céline Dion ! Une émotion, et une façon de grimper les aigües jusqu’aux nuages…(sans gueuler). C’est important de ne pas gueuler. Ça décuple la charge émotionnelle, et c’est pas facile, c’est sûr, le contrôle. Chanson très bien écrite, tout en crescendo, avec un chœur presque gospel, et un final qui tient de l’opera rock. Ça a l’air facile en le disant comme ça.


    Baby You’re Mine. Il y a certaines choses qui resteront à tout jamais un mystère. Basia reste un mystère. Je la croyais anglaise, elle est polonaise. Je l’imaginais variété pop ; or, elle est  latine dans l’âme. Il y a toujours ce rythme, ce balancement dans les reins, qui sent bon le sud de l’hémisphère terrestre. Comme cette passion pour Astrud Gilberto, et ce morceau bossa sauce années 90. Bossa accéléré pour coller à l’air du temps. Si on m’avait dit qu’elle était italienne, ou espagnole j’aurais dit : ok. Mais polonaise…comme quoi. Des morceaux techniquement parfaits. Et Ordinary People, qui nous berce, encore le spanish dream, encore. De la salsa, du cha cha cha, repensé variété. Et pour une fois, ce n’est pas un gros mot. Les voix toujours aussi chaudes et lumineuses. Un refrain encore une fois facile à retenir, pas facile à chanter. Et ce rythme très binaire, et ce son typé Matt Bianco. Qui a inventé un style, passe-partout et métissé, inattendu, qui faisait plus effet de mode que vrai genre à l’époque. Un style de plus dans les bordéliques années fric. Là où Matt restait collé au parquet du top 50, Basia nous fait décoller plus haut. C’est latin, pop, électro, machines. On osait des trucs bizarres. Mais on oublie les boîtes à rythmes, tellement ça pulse. Dur, doux, swing.


   Reward. Quand une voix en or, rencontre une ballade en or, accompagnées de secondes voix en or. Ça rend la pop soudain plus intéressante qu’elle ne l’est. Autant écouter, les mots c’est pas assez parfois, pour expliquer. Until You Come Back To Me. Reprise, non ? Ça me dit un truc. Vieux tube soul. Remixé à mort. Quel culot ! Elle tient la comparaison avec Aretha Franklin dis-donc. Et le tempo est atteint de tachycardie, accéléré comme dans une urgence, comme passé à la machine. Le groove survit quand même, à tout ça, tant mieux. Ça n’enlève pas une once au côté confession du morceau, pourtant mille fois entendu. Grand morceau pour grande voix, et son plus que propre, essentiel. Le son est si pur, que même en mp3, on ressentirait la chaleur du vinyl caché dans ses tripes. Et voilà, Copernicus.


    Encore un rythme chaud. Une samba à la Basia. Dans une autre vie, elle a été sud-américaine, ou caribéenne. Comprendre ses rythmes là aussi bien, c’est pas possible autrement.  Et appeler une samba : Copernicus, fallait oser. (On osait vraiment tout). Mettre en soutien rythmique un berimbau, instrument traditionnel brésilien par excellence, un solo de guitare acoustique de haute volée, des voix virevoltantes, du grand art. From Bahia with love. Par contre le texte est un peu douteux. Rendre hommage à sa Pologne natale en dansant la samba, fallait oser aussi. Entre passion, et rythme endiablé, ça rassure un peu de la mondialisation (un peu). Le pauvre Chopin, (cité dans le texte) à dû se retourner dans la tombe, et se mettre à danser aussi. Sur la pochette, elle a l’air d’une gentille fille aux cheveux décolorés, mais méfiance. C’est une tueuse, elle n’a peur de rien. Elle n’a pas froid aux yeux, du tout pas.


    Not An Angel. Voilà revenu les années 90, dans ce qu’elles ont de pire. La boîte à rythme à deux temps. Heureusement qu’on a une interprète hors pair. Et qui a l’art de la relance. Et le refrain qui s’enrichit. Pour faire du baume au cœur, et du velours dans la tête. Forêt de guitares, très gypsys. Basse carré (évidemment), batterie très  « mécha ». Matt Bianco revient. Par contre la réalisation, il n’y a rien à dire, c’est grandiose. Ecouter un album pareil, c’est changer de classe sociale, c’est monter en grade. Et encore une salsa qui s’invite. Morceau à rebondissements rythmique. Amour du son et de l’analogique, c’est tellement soigné que même en écoutant la version CD, on a l’impression d’entendre du live, et de profiter de la chaleur des cuivres, du grain des voix, etc.


 Basia Trzetrzelewska.  Ils ont vraiment des noms à coucher dehors ces polonais. Elle ne peut pas s’appeler Dupont comme tout le monde ? Une idée de ce que la mondialisation de la pop peut donner dans ce qu’elle a de meilleur.

Angie_Eklespri
9
Écrit par

Créée

le 6 oct. 2016

Critique lue 131 fois

1 j'aime

2 commentaires

Angie_Eklespri

Écrit par

Critique lue 131 fois

1
2

Du même critique

Fargo
Angie_Eklespri
4

On peut aimer Fargo, le film. On peut ne pas aimer Fargo, la série

   Un peu lourd…pas très subtil. Faire d’un film culte, une série, c’est pas facile. C’est même risqué. Ça peut devenir vite casse gueule. La série elle-même, est produite par les...

le 11 nov. 2015

22 j'aime

31

Ella and Louis
Angie_Eklespri
10

Ella et Louis

Si vous voulez le disque suprême à écouter à deux, ne cherchez pas plus loin. A deux ou tout seul, ça marche aussi, ça fait voyager. Rien que des ballades, de qualité supérieure, vocalement on a des...

le 23 déc. 2014

21 j'aime

1

Caligula
Angie_Eklespri
8

Caligula et Drusilla font un porno

J’en suis encore à me frotter les yeux, en me demandant comment un truc pareil à pu passer toutes les barrières de la censure. Ce film à les qualités de ses défauts, ce qui est assez rare, force est...

le 27 sept. 2014

16 j'aime