J. Geils Band... difficile de bien définir ce groupe, brillant d'abord dans un style boogie-blues efficace, poisseux et rugueux, comme en témoigne l'excellent premier album, avant de peu à peu rentrer dans la pop, sans pour autant et forcément en perdre ses racines, connaissant même un petit succès au début des années 1980.


Parfois comparé aux Stones, dont ils feront d'ailleurs quelques premières parties, ce groupe aura, à mon sens, connu son sommet au début des années 1970, avec un style souvent simple mais efficace et surtout assez énergétique, comme en témoigne ce live Full House. La force de ce groupe se trouve d'abord dans l'osmose entre les différents musiciens, incluant saxophone ou encore harmonica à une base classique, avec guitares, basse et batterie, mais aussi au charisme et l'énergie de son leader, Peter Wolf.


C'est typiquement le genre de rock'n roll et rhythm and blues qui donne envie de fermer les yeux et bouger la tête, et pas que, tant ce son est aussi efficace que génial, avec une énergie scénique contagieuse. La réussite de cet album se trouve notamment dans la façon dont les musiciens utilisent leurs talents individuels (chaque membre du groupe aura, à un moment, droit à son solo), notamment guitares et harmonica pour créer une osmose parfaite entre tous les membres de l’orchestre. En live, les chansons prennent une ampleur encore plus forte que les versions studios tant le groupe se lâche complètement, à l’image d’un Peter Wolf échangeant avec le public et n’hésitant pas à se casser la voix et, à défaut de révolutionner le rock, il en propose à son état brut, sauvage et surtout intense, revenant aux racines de ce genre, et quand c’est avec autant de brio que c’est fait, on ne peut que en redemander.


Avec quasiment dix minutes au compteur, Serves You Right To Suffer est évidemment le point d'orgue de ce live ainsi que le morceau de bravoure. Démarrant doucement, comme un blues énergétique, le morceau monte peu à peu en puissance et, à nouveau, il est vraiment difficile d'y résister, tant c'est tout simplement bon. On ressent toute la sueur, la chaleur et l’intensité du live, grâce notamment à une production qui en retranscrit toutes les spécificités. Efficace mais joué avec grand brio, cet opus ne comprend aucune fausse note et les grands moments s’enchaînent, à l’image du fabuleux Hard Drivin’Man, First I Look at the Purse, Homework, Cruisin’ For a Love ou encore Whammer Jammer. Sur cette dernière, la partition d’harmonica est tout simplement magistrale et montre comment on peut sublimer une chanson qui a comme base un simple et classique boogie.


Intense, chaud, rugueux, énergétique et qui donne irrésistiblement envie de bouger, Full House se révèle être le sommet du J. Geils Band et l’un des meilleurs albums live qu'il m’ait été donné d’écouter. Blues et rhythm and blues puissants, efficaces et joués avec génie, à l’image des envolées d’harmonica, d’orgue ou de guitare, cet album comporte tout ce que le rock a de plus brut et sauvage.


1 : First I Look at the Purse (Robert Rogers, Smokey Robinson) – 3:56
2 : Homework (Dave Clark, Al Perkins, Otis Rush) – 2:34
3: Pack Fair and Square (Walter Travis Price) – 1:41
4 : Whammer Jammer (Juke Joint Jimmy) – 2:21
5 : Hard Drivin' Man (J. Geils, Peter Wolf) – 4:23
6 : Serves You Right to Suffer (John Lee Hooker) – 9:32
7 : Cruisin' for a Love (Juke Joint Jimmy) – 3:32
8 : Looking for a Love (J. W. Alexander, Zelda Samuels) – 4:55


Album en entier.

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le 3 juin 2016

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Docteur_Jivago

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