On ne compte plus les brouettes de disques posthumes sortis utilisant le nom Jimi Hendrix. Certes, il manquait quelques lives redorant un peu le blason du guitariste depuis le mal-aimé Band Of Gypsys (seul live publié de son vivant, quelques mois avant sa mort), mais presque 40 ans après sa mort, qui pouvait encore nous ressortir des exclusivités ? On ne se cache pas qu'il y a là dessous plus une réelle passion d'argent qu'envers son oeuvre (et c'est bien là le problème) mais comme pour tout ce qui peut engendrer du profit, le nom de Jimi Hendrix est aujourd'hui restitué à sa famille, qui pour le coup profite bien de son ancêtre, en sortant des dizaines de disques sous leur commun patronyme. Mais tout n'est pas mauvais dans cette histoire, et je ne pars pas en guerre contre les gens qui aiment l'argent, ni ceux qui achètent leurs produits, ces sorties permettent d'avoir pas mal de choix en matière de live dans les bacs du sir Hendrix, comme par exemple celui que je vous chronique aujourd'hui: le Live At The Monterey Pop Festival '67.
Petite originalité du jour -et de la chronique- je ne chronique pas le disque pour ce qu'il est mais le concert effectué ce jour là (le disque est remixé par Eddie Kramer -l'ingénieur son et ami de Hendrix- et bénéficie d'une bonne qualité de son) que j'ai re-re-re-visionné pour le coup. Pour une fois, il n'y aucune différence dans la set list du concert et de la version cd (à l'inverse de Woodstock où des titres changent d'ordre d'une version à l'autre voir disparaissent carrément). Mais à choisir entre le dvd ou le cd, bien que ce ne soit pas à mon habitude, je vous dirai que pour Jimi Hendrix c'est toujours mieux de le voir et de l'entendre plutôt que de seulement l'entendre. Ce mec est un clown fabuleux et j'en suis complétement fan.
Au tout début du Summer Of Love (la conquête des Etats-Unis par le mouvement hippie) se trouva un festival dans la petite ville de Monterey en Californie regroupant une affiche plutôt énorme (comme la plupart des festivals de l'époque) avec des Byrds, Jefferson Airplane et Who pour ne citer qu'eux. Ce fût le premier concert de Jimi en Amérique après qu'il fût parti faire carrière au Royaume-Uni et j'ai un tas d'annecdote dessus. La première est que Jimi et Pete Townsend (guitariste des Who) voulaient tout deux ouvrir le festival, c'est un des organisateurs qui tira à pile ou face. Hendrix, fou de rage cria que s'il devait passer après les Who, il mettrait le feu et c'est Pete qui remporta l'ouverture du festival.
Autre petite particularité de cette perfomance (écoutable sur le disque), pour rendre Hendrix plus "crédible" aux yeux des spectateurs américains, c'est son ami Brian Jones (alors guitariste des Rolling Stones) qui introduisit le groupe sous les acclamations de la foule (car les Stones étaient déjà connus outre Atlantique, mais ne jouaient pas ce soir-là).
Et là, dès la première note, c'est foutu: la bête de scène qu'est Hendrix raffle toute l'admiration du public. Les premiers accords tantôt funky tantôt rock de Killing Floor (blues de l'américain Howlin' Wolf sorti quelques années auparavant) mettent définitivement le public américain dans le bain de la machine Hendrixienne avec une reprise é-nor-missime. Les lumières s'allument et laissent apparaître un drôle de bonhomme avec une coupe afro et un boa rose qui joue sur une guitare de droitier alors qu'il est gaucher. On enchaîne sur l'énorme Foxy Lady et sur une reprise excellente de Dylan : Like A Rolling Stone. Mais oui, je vous le concède, Jimi était tout sauf un bon chanteur, mais il est possédé comme personne, habité par ce qu'il joue et très communicatif. Le fait est que l'on trouve principalement des titres de son premier album (Are You Experienced) puisque le second n'est pas encore sorti (mais enregistré), donc la plupart des titres de ce live deviendront des hits archi-connus aujourd'hui (Hey Joe, Purple Haze, Foxy Lady).
Sur Rock Me Baby, Hendrix reproduit à la guitare sa ligne de chant et joue avec les dents. Sur le grave Hey Joe, il entame un long crescendo, puis sur The Wind Cries Mary, il annonce le calme avant la tempête qu'est à ses propos "l'hymne anglaise et américaine mélangée" j'ai nommé : Wild Thing. On en retiendra évidemment la fin devenue culte de chez culte: la mise à mort et l'immolation de sa pauvre Fender Stratocaster sacrifiée qui laissera le public sur le cul, il faut bien le dire.
Je ne vais pas me vanter de connaître mon sujet ni vous compter tout son parcours, mais je suis particulièrement fan de l'attitude et du personnage de Hendrix. Ce mec qui a complétement révolutionné le monde de la guitare électrique par une approche complétement sauvage de l'instrument et qui a repoussé les amplificateurs dans leurs derniers retranchements avec le larssen et ses pédales wah et fuzz. Grand amateur de blues, le réinvantant par la même occasion avec une couleur féline et indomptable, personne à l'époque (à part la presse qui trouve toujours quelque chose à dire), ni même Eric Clapton, qui était devenu "God" un peu avant, ne peut s'empêcher de tomber sous le charme d'un Hendrix souriant et jubilateur depuis sa première montée sur scène en Angleterre.
Guitariste de génie, au charisme et à la présence folle, Hendrix avait conquit le monde en moins d'un an. En fait, ce live est une claque monumentale pour celui qui le regarde. On le voit jouer de la guitare comme personne, avec une pêche et un feeling d'enfer, dans tous les sens: il joue de la guitare avec les dents, dans le dos, la fait passer sous ses jambes puis lui met le feu avant de l'exploser sur la dernière chanson. Tout ces moments cultes, ça fait que des bonnes raisons de posséder et d'être à son tour possédé par ce live.

Albion
9
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le 3 févr. 2013

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