Led Zeppelin III
7.9
Led Zeppelin III

Album de Led Zeppelin (1970)

Moins de deux ans après la sortie de leur premier album, Led Zeppelin offre au monde son troisième disque éponyme (à quoi sert d'avoir un titre ? L'important n'est pas dans le nom mais dans le son) absolument grandiose qui va, une fois de plus révolutionner la planète musicale. L'album est littéralement coupé en deux, une partie "violente" ou du moins "vibrante", comme un concert de folie, et une seconde, la Face B, qui ressemble d'avantage à une fin de soirée intimiste, autour d'un feu, tranquillement à refaire le monde sans prise de tête d'aucune sorte.

A-t-on besoin de rappeler ce qu'est Led Zeppelin ? La voix de Robert Plant, sans rival dans l'histoire du rock, à part, peut-être, feu Freddy Mercury. La frappe de John Bonham, qui changera la manière de jouer de la batterie comme Hendrix le fera de la guitare. La guitare, justement, de Jimmy Page, qui rendra jaloux des générations entières, car, à à peine 20 ans, ce Dieu de la guitare ne semble posséder aucune limite. Et bien sur John Paul Jones, le bassiste et organiste, discret mais sonnant toujours juste, bien présent dans le mixage et surtout arrangeur talentueux.

Dans le doute où un ignorant pourrait mettre le disque sans savoir ce qui l'attend, Led Zeppelin a la bonne idée de donner un cocktail de tout ça avec Immigrant Song. Tout y est : la voix parfois sensuelle, parfois agressive, souvent sexuelle, douce, criante, Plant nous montre tout sa possibilité.
Rythme répétitif suivit d'envolé surpuissant pour la basse/guitare, où le son agressif de la guitare ne cache nullement la rondeur apporté par Jones tandis que Bonham martèle sa batterie avec une rage toute puissance et un groove qui ne connait nul limite.
Un hymne comme le rock n'en aura que peu ouvre l'album.

Pourtant, étrangement le reste de l'album ne ressemble pas à cette première piste et, ça aussi, Led Zeppelin semble vouloir le rappeler avec le morceau suivant, Friends. Enivrant, oriental au possible, la guitare acoustique, accompagnée de quelques percussions prend une place importante qui ne cache pas les violons et n'étouffe surtout pas la voix de Plant.
Particulièrement marquant comme titre, le riff est parmi les meilleures trouvailles de Led Zeppelin. Une autre idée de génie est la transition avec Celebration Day qui ramène tout le côté "son de plomb" du groupe légendaire. Là encore Robert Plant se fait séducteur, là encore la basse de Jones a un son parfait, là encore la batterie de Bonham repousse les limites que l'on connait et surtout ... Ce riff de guitare ! Page met tout le monde d'accord avec une facilité étonnante. On notera surtout le mixage et les arrangements, principaux responsables de l'ambiance géniale qui s'échappe du morceau. Notons que Page y est pour beaucoup.
Plus calme, plus légendaire encore, plus touchant, on enchaine avec un des meilleurs blues de tous les temps avec Since I've Been Loving You. Ce titre marquera l'histoire pas seulement par l'amour qui en sort, et les tourments de Plant, mais aussi (et surtout) par un des meilleurs solos de la carrière de Page, qui répondra pour sa part ne pas en être pleinement satisfait et jalouser les guitaristes qui réussissent toujours tout ... La bonne blague !
La Face A se termine sur un Out on the Tiles, chanson très festive où on retrouve une composition plus classique de Led Zeppelin. Moins surprenante mais très réussie et annonciatrice de l'ère heavy metal qui arrivera dans quelques années dans le monde entier. C'est fort, c'est frappant, et en même temps, comment s'en étonner quand on sait que le compositeur est Bonham ?

La Face B marquera moins l'histoire. En est-elle pour autant moins bonne ? Rien n'est moins sur. Certainement on ne retrouve pas tous les éclairs de génies qui sont sur la Face A, mais on trouve un autre côté très important de Led Zeppelin : l'acoustique, qui est tout simplement central ici. On a également le respect des vieilles traditions.
Gallows Pole le montre. Une reprise d'une chanson traditionnelle britannique, particulièrement mélancolique c'est dur de ne pas être touché par ce titre. On notera que malgré son long démarrage très calme, l'arrivé de la basse va commencer à tout faire chauffer, mais c'est, en dernière instance, la batterie qui donne le feu et nous rappelle un peu à quel point Bonham pouvait changer l'envergure d'un morceau. Cette arrivé abrupte à 2min06 a changé ma vie je pense.
Tangerine se veut être une ballade beaucoup plus touchante et tranquille. Malheureusement, il s'agit du seul titre qui a un passage qui ne me plait pas dans tout l'album : le refrain. Je n'aime pas du tout les choeurs et ça me gâche le plaisir de l'instrumental totalement planant.
Presque féérique, That's the way amène l'auditeur à l'intérieur d'une étrange forêt où on a vraiment l'impression que Led Zeppelin nous a invité pour cette seconde face. Il y a cette ambiance lointaine très séduisante et, en même temps, surprenante de Led Zeppelin III. On sent que le groupe a vraiment séparé les deux faces du disque et espérait peut être qu'on ne les écouteraient pas à la suite.
Très country, on ne peut pas sourire et se lâcher avec Bron-Y-Aur Stomp. Il y a une énergie rare dans ce titre, pourtant acoustique qui tranche avec le reste de la Face B. Très très attirant comme titre, il n'y a pas à dire.
Après la Country, le côté oriental (Friends), le Blues (Since I've Been Loving You), une annonce du futur métal (Immigrant Song et Celebration Day) et une ballade (Tangerine), le groupe se permet de terminer sur une reprise traditionnel de Blues : Hats Off to (Roy) Harper. L'ambiance est volontairement un peu vieillotte et qu'on aime ou non, on ne peut qu'apprécier cette ambiance authentique qui s'en dégage.

Evidemment, Led Zeppelin III est une réponse à un certain contexte, à un certain succès, à certaines attentes et à certains refus. Mais surtout, Led Zeppelin III est un des meilleurs disques du groupe, c'est un monument à la musique, à sa pluralité, à sa puissance. C'est grandiose, c'est fabuleux, ce disque s'écoute en boucle pour rappeler que Led Zeppelin est le plus grand groupe de tous les temps.
mavhoc
10
Écrit par

Créée

le 26 févr. 2015

Critique lue 659 fois

6 j'aime

mavhoc

Écrit par

Critique lue 659 fois

6

D'autres avis sur Led Zeppelin III

Led Zeppelin III
Dok_GonZo
10

c'est la première alors je me lache

Il y a des choses qui sont évidentes sur cette terre, la mer c'est salé, la neige c'est froid, si je laisse cuire le riz trop longtemps c'est pas bon, ... Ainsi, des évidences aussi flagrante existe...

le 11 juil. 2012

18 j'aime

5

Led Zeppelin III
AlexisSteer
9

Critique de Led Zeppelin III par AlexisSteer

Led Zeppelin 3 n'a pas très bien été reçu à l'époque de sa sortie. Forcément, les gens attendaient à l'époque des morceaux encore plus violents et crus que sur Led Zep 2, d'autant que les concerts...

le 5 oct. 2012

11 j'aime

Led Zeppelin III
Venomesque
10

Un troisième album majestueux...où le dirigeable tutoie les cieux!

Sur ce troisième album...autant vous dire que ça ne rigole plus du tout pour Led Zeppelin : le premier album avait posé les bases, le deuxième avait conféré au groupe une puissance supplémentaire et...

le 7 mai 2020

8 j'aime

4

Du même critique

Monty Python - Sacré Graal !
mavhoc
3

J'ai presque honte de ne pas aimer

Ce que je vais dire va surement sembler un peu bête, mais globalement je chie sur les critiques contemporaines professionnelles. Mon respect va aux avis des membres actifs du milieu du cinéma, ainsi...

le 23 mai 2014

75 j'aime

13

Black Book
mavhoc
5

Public aveuglé

Salué par la critique Black Book nous montre l'amour de Paul Verhoeven pour les scénarios longs sans longueur et les œuvres dotées d'image marquante. L'esthétisme ultra-soignée du film qui est...

le 5 mars 2016

35 j'aime

9

The Crown
mavhoc
7

Anti-binge-watching

Curieuse série que The Crown. Curieuse puisqu'elle se concentre sur la vie d'Elizabeth II, c'est-à-dire La Reine du XXe siècle, mais une reine sans pouvoir. The Crown est une série qui s'oppose à...

le 24 avr. 2019

28 j'aime

2