2016 se finit presque tandis que sort l'album d'un groupe qui aura été vraiment prolifique cette année: deux EPs, une cassette de 45 minutes de contenu et ce disque, Last Night On The Planet. Letherette ont pourtant fait profil bas entre la sortie de Letherette, leur premier album, et ce bombardement de sorties. Leur retour fait pour autant un bien fou, tant leur approche de la house et de la musique electronique en générale est fascinante. Très poussée sur la nostalgie et les cuts vocaux, elle leur a permis de se démarquer très tôt pour arriver chez Ninja Tune avec la tuerie D&T.
Trois ans plus tard, comment ont-ils fait évoluer leur style à mi-chemin entre Daft Punk (Homework en particulier) et la soul des années 50?


Tout d'abord Last Night on the Planet est bien plus court que son prédecesseur, mais il gagne aussi en densité. On a donc un concentré de ce que Letherette font de mieux dans ces dix morceaux, avec en plus pour la première fois des rappeurs invités sur certains.
À commencer par l'introduction, Momma, qui nous acceuille avec un sample bien jazzy et une prod très entrainante qui accompagne formidablement Rejjie Snow qui rythme ses phases par le titre du morceau. Touchant et dynamique, ce morceau nous met dans le bain de la meilleure des manières.
On est ensuite face à Rich & Dan, qui rappelle pas mal l'intro de Letherette (l'album), After Dawn, dans sa structure. Principalement construit sur des samples bouclés sur deux demi-temps, il offre un élan de mélancolie douce, sucrée mais acide à la fois, sur laquelle on ne peut pas s'empêcher de hocher la tête en rythme.
La première piste à avoir été prise en single est le morceau suivant, Shanel. Sonnant d'abord comme du Kane West avec un aspect .midi mélangé 8-bit très prononcé, il surprend avec des mélodies un peu reverbées et propose une atmosphère presque irrésistible.
Son successeur dans la tracklist, Wootera, reprend la formule classique des morceaux de Letherette, mais en un peu plus poussiéreux, ce qui n'est en rien un défaut, tendant plutôt vers la house classique comme enregistrée depuis un vieux vinyle rare.
Bad Sign bénéficie de la performance du deuxième featuring de l'album, à savoir Jed & Lucia. L'atmosphère, quelques sons et le traitement de la voix en particulier, rappelle grandement Gas Stations & Restaurants, le morceau le plus aérien du premier album. Il ne laisse pas une impression forcément forte, mais il a tout à fait sa place dans la continuité du projet.
On en arrive à mon coup de coeur absolu: Dog Brush. Une house plus groovy que jamais qui ressemble à ce que serait une collaboration entre Handbraekes et Boston Bun, prenant le meilleur des trois individus pour en faire une bombe de dancefloor absolue. Contrairement à plusieurs autres morceaux, Dog Brush est absolument impossible à imaginer dans le premier opus de Letherette. C'est une nouvelle veine que les deux anglais explorent et j'en suis plus que ravi.
Frugaloo est le genre de morceau qui me convainc d'acheter un vinyle sur lequel je tomberais par hasard. Toujours dans la house festive mais cette fois plus douce, plus chaleureuse et plus solaire.
Soulette nous permet d'imaginer ce que SCNTST ferait en s'inspirant du simple On/Off de Daft Punk. Une ambiance difficile à décrire car unique en son genre qui vaut le détour notamment du fait de sa progression et de son évolution.
Deuxième coup de coeur pour moi et ce que je décrirai comme le plus beau morceau de cet album, Rubu. Ce joyau de presque 4 minutes nous replonge dans le Skin de Flume avec une sensibilité et une mélancolie supplémentaire. J'irais jusqu'à dire que si vous ne deviez écouter qu'un seul morceau de Last Night On The Planet (même si j'imagine que vous comptez vous y attardez vu que vous lisez encore) ce serait celui-là.
Nous voilà "déjà" à la conclusion qui porte sobrement le titre de l'album et acceuille le deuxième rappeur, Pyramid Vritra. Rapidement emportés dans l'ambiance et l'énergie du morceau, on est entre Kaytranada et Knxwledge niveau production. Le morceau dérive à l'ambient à peine passé sa première moitié et nous rappelle que Board of Canada existe, et ça c'est beau putain.


Symbole parfait de cet objet 10-titres aussi fascinant qu'inventif, Last Night on the Planet (le morceau) est une conclusion aussi adaptée que Momma en intro. On dérive dans une atmosphère globale au coeur du hip hop, du trip hop et de la house, mais aussi aux portes de l'ambient et des OST de jeux vidéos (Shanel).
Une magnifique suite à ce qui a défini le son du duo, Last Night on the Planet est définitivement une sortie phare de Ninja Tune cette année, et il vient même chercher sa place dans mes préférences assez facilement.
Un album qui vaut le détour donc pour un groupe qui est encore trop ignoré pour une raison qui m'échappe. Foncez foncez foncez, vous aurez une leçon de house et de musique électronique en général plutôt formidable.


Et du coup si vous ne connaissez pas encore le groupe leur premier album vous attend sagement. Dans cette période très fraîche, un peu de chaleur ne peut pas être de refus!

NaUti
8
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le 5 déc. 2016

Critique lue 178 fois

NaUti

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