Ça va être compliqué, bien que j'ai attribué la note de 10 à cet album live, écrire une critique sur le Grateful Dead et ben ça reste compliqué. Compliqué parce que le Dead à sorti quatorze albums studios mais surtout des centaines d'albums live ou de compilation notamment la compilation "Complete Road Trips" qui regroupe des enregistrements de 17 concerts et dure à elle seule 51 heures. Compliqué aussi parce que le Dead est une mine d'or, le terrier du lapin blanc d'Alice, un terrier infini car chaque enregistrement live est différent : la setlist du groupe varie à chaque concert, certains mêmes morceaux peuvent varier de cinq à parfois trente minutes selon l'envie du groupe, leur créativité ou la quantité de substances hallucinogènes ou stimulantes ingurgités. Certains fans hardcore du groupe, les Deadheads, sauront même vous dire qu'elle est la différence entre le Friend of the Devil joué le 30 décembre 1983 et celui du 31 décembre 1978. Alors vous seriez en droit de me demander : "mais si il existe des centaines d'albums live du Dead, pourquoi celui-ci particulièrement?"


Et bien pour moi, ce concert enregistré en 1971 au Fillmore East est le meilleur album live du Grateful Dead. C'est le meilleur car il apparaît à une période ou le Dead explose et entre dans une transition assez flagrante avec la sortie quasi-simultané de ces deux albums "fondateur" à savoir American Beauty et Workingman's Dead qui contiennent certains tubes comme Truckin' ou Uncle John's Band. Cette transition entre le psychédélisme des années 60 et le country-blues du début 70' est très bien mixé dans cette album : le Dead arrive à nous transporter et nous faire voyager dans un monde complètement blues avec des titres comme Ain't It Crazy, Hard To Handle ou encore Cumberland Blues, mais aussi dans un registre country avec le célèbre morceau Truckin' qui ici dure neuf minutes ! Jerry Garcia et ses acolytes n'ont pas reniés leurs passé psychédélique puisque des morceaux comme Dark Star, Turn on your Lovelight ou encore un jam de neuf minutes arrivent à nous emporter vers une autre dimension, plus lointaine et plus intrigante. Le fort de cette album est la capacité du groupe à mélanger ses trois styles dans une même chanson avec une structure de base très blues ou très country pour improviser et partir du côté psychédélique puis revenir sur ces bases : le calme puis la pluie psyché qui arrive et laisse sa place une nouvelle fois à la sérénité.


Le mix son de cette album en fait un des plus agréables à écouter. Chaque instrument est à sa place, personne n'est laissé sur le carreau : on peut très bien suivre le rythme endiablé des deux batteurs, se laisser guider par le jeu de guitare très précis et envoûtant de Garcia, bouger la tête de gauche à droite en suivant (difficilement ?) les lignes de basse de Lesh ou bien de se régaler de la diversité du jeu de Weir qui reste à mon goût, un guitariste rythmique très sous-côté ! Le tout accompagné au chant de l'incroyable bluesman et membre du Club des 27, Pigpen McKernan.


Si vous ne savez pas dans quel sens prendre la discographie du Dead, si vous voulez vous lancer dans leurs albums lives ou si les albums studios ne vous ont, comme moi, pas plu ou pas convaincus, alors je vous conseille fortement ce live qui est un hymne au blues et au rock psychédélique, qui transpire la créativité et le bonheur du groupe et du public dans la salle.
En 1971, le Dead entre dans sa période la plus créative avec deux albums très bien reçus et des lives à en couper le souffle et prouvera au monde entier que le Grateful Dead ne sera pas prêt de mourir.

ThreatDC
10
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le 26 sept. 2019

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