La Maison de mon rêve : volume insolite, à découvrir, dirait la petite annonce immobilière. La maison, un petit appartement plutôt, est située à Paris, vers la mairie du XVIIIe arrondissement, dans le bas de Montmartre. Ce que la petite annonce ne dirait pas, c'est que la maison est hantée depuis que deux sœurs, deux jeunes Américaines nommées Sierra et Bianca Cassidy, l'ont habitée l'été dernier et y ont enregistré une musique pas très normale, à la fois nouvelle et ancienne, terrifiante et envoûtante. Une musique de rêve, un de ces rêves qui semble durer une vie, dont on sort épuisé, profondément troublé, comme si on avait accédé à une autre dimension du monde. La dimension du trop intime, peut-être. Leur musique illustre leur quotidien. On entend la pluie qui tombe, les oiseaux à la fenêtre, quelqu'un dans l'escalier, des bruits d'appareils ménagers aux moteurs usagés et aux lames rouillées.
Ce n'est pas de l'avant-garde, pas de la musique concrète. Plutôt de la musique domestique. Elles chantent qu'elles veulent être femmes au foyer. Elles enregistrent souvent dans la baignoire, annexent l'appartement de Stéph, la voisine remerciée sur le disque. Si Coco Rosie ne ressemble à pas grand-chose de connu aujourd'hui, ces petites apprenties sorcières convoquent les âmes perdues des artistes femmes-enfants, des innocentes salies, des chanteuses un peu pourries de l'intérieur : Karen Dalton, Billie Holiday, Rose Murphy. Entre lo-fi, electronica rouillée et prouesse vocale, les chansons de Coco Rosie sont des sortes de comptines lancinantes, fragiles et chuchotées, tellement les chanter fort pourrait les anéantir. On a rarement entendu un disque pareil, sorti de nulle part, qui semble tout réinventer et brise le cœur avec une délicatesse inédite. (Inrocks)


Chacun cherche son disque de printemps, la chasse est ouverte. L'OVNI qu'est "La maison de mon rêve" fera l'affaire en ce qui me concerne, après certes quelques hésitations. Car, par bien des aspects, le disque des frangines Bianca et Sierra Casady est de prime abord irritant : ses interludes arty et ses airs évaporés à faire passer Björk pour Michelle Alliot-Marie, ses soeurs que j'imagine aussi diaboliquement charmantes qu'insupportables au quotidien, ses paroles incompréhensibles (ou trop compréhensibles). La pommade qui fait assez vite cesser l'irritation, c'est "Good Friday" et ses deux voix qui miaulent à qui mieux mieux sur ce "I once fell in love with you / just because the sky turned from grey into blue", c'est simple à en être bête et c'est tout bêtement craquant. Et comme entre les bruitages déroutants (vrais faux animaux, gadgets électroniques...), les prises de son façon "on avait mis les micros dans la pièce d'à côté et quelqu'un a claqué la porte" et les rythmiques électro cheap se nichent quatre ou cinq merveilles de ce genre, que le reste passe de mieux en mieux au fil des écoutes, je me surprends à revenir plus que de raison vers ce disque au délicieux parfum. "La maison de mon rêve", ce capharnaüm aux allures de brocante, a de bien beaux locataires : les deux Pooka première période squattent le jardin, les Boswell Sisters vivent à l'étage, Billie Holiday occupe le rez-de-chaussée et Tom Waits passe parfois une ou deux nuits dans la chambre d'ami. Mais c'est pour les soeurs Casady qu'on y revient. (Popnews)
Comme sorties de nulle part (ou plutôt d'une boite à musique féerique), Coco Rosie débarquent de manière inattendue sur le paysage musical indépendant - et chez Touch & Go s'il vous plait! - avec un petit buzz autour d'elles, et, comme si cela n'était pas assez, une tournée en première partie des new yorkais de Blonde Redhead. Autant dire qu'il fallait jeter une oreille sur ce disque. "Good Friday", mp3 jeté en amuse gueule sur le net, donnait envie d'écouter le reste de leur album. "La Maison De Mon Rêve" fut composé et enregistré l'année dernière dans une chambre de bonne parisienne par ces deux américaines touches à tout, sans grande pretention mais avec un charme qui ne trompe pas. Lo-fi, attachant et résolument "mignon" sont donc les premiers adjectifs qui me viennent à l'esprit pour qualifier ce disque. Le background gospel d'une des deux protagonistes se ressent fortement à l'écoute de l'album, une influence fort bien intégrée dans ce bric-à-brac spontané, intime et plein de fraîcheur. Comptines pleines de féminité et d'amour sont au delicieux menu de cet album résolument charmant. On tomberait facilement amoureux de ces demoiselles... mais en attendant, j'irai contempler Coco Rosie sur scène avant de me lancer corps et âme dans une apologie sans fin de ces deux petits douts de femme. (indiepoprock)
Au risque de passer pour un sombre snob il m’est apparu que Cocorosie est largement surestimé. Ou peut-être que le snobisme, justement, est de devoir apprécier ce duo. Les deux sœurs Casady ont certes signé un premier album digne d’intérêt mais il est assez loin d’être le coup de maître qu’on essaye de faire passer pour tel. « La Maison De Mon Rêve » n’est donc pas le chef d’œuvre annoncé. Après tout plus rien ne m’étonne. Quand on est près à désigner des groupes comme Muse comme les sauveurs du rock’ n’ roll (oui, je sais, c’est grotesque) on peut bien accorder quelques faveurs à Cocorosie. C’est peut-être ce côté lo-fi, cette approche épurée et fragile qui a finit par séduire. Certes cet album ne manque pas de charme et possède une réelle personnalité mais l’ensemble est loin d’atteindre les sommets, les morceaux n’étant que des pétards mouillés qui n’arrivent jamais à tenir leurs promesses. Du coup on a bien du mal à comprendre l’engouement pour Cocorosie. Serait-on en face d’une misérable arnaque ? Je n’irai pas jusque là. « La Maison De Mon Rêve » apparaît comme un galop d’essai réalisé par deux jeunes femmes qui nous assènent des morceaux arty à la sensiblerie adolescente. Ce disque est d’un confort douillet, comme un caresse mais cette apparente délicatesse est à double tranchant. Cocorosie n’arrive pas à tenir la distance s’obstinant à faire des morceaux sur le ton de la confidence. Pire, Cocorosie n’a pas cette capacité à se transcender pour donner un peu plus de hauteur à leurs compositions. Bien souvent on reste au niveau du sol sans pouvoir atteindre le moindre instant de bonheur. C’est donc un rêve bien pale qui nous est proposé ici mais Cocorosie offre quelques pistes qui peuvent se révéler intéressantes à l’avenir. A suivre. (liability)
bisca
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le 19 mars 2022

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bisca

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