Konk
6.5
Konk

Album de The Kooks (2008)

C’était il y a deux ans : les Kooks débarquaient avec un premier album, Inside In/Inside Out, dans un paysage anglo-saxon truffé de nouvelles révélations rock et proche de la saturation. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on aurait facilement pu passer entre les boucles de leur leader Luke Pritchard.
Mais c’était sans compter deux choses : et d’une, les pop-songs affûtées, rondes et impeccables du groupe, qui de Naive à Ooh La, apportèrent à la scène britannique le lot d’insouciance et de fraîcheur qu’elle n’avait pas reçu depuis les premiers albums de Blur et Supergrass ; et de deux, la personnalité de leur fortiche auteur, le leader Luke Pritchard donc, jeune mais aguerri, passionné de musique depuis toujours, scotché à sa guitare comme un malabar à la semelle d’une ballerine – quiconque l’a déjà rencontré sait combien il est difficile d’arracher l’engin des mains du garçon, même pendant les interviews. Parce que Luke Pritchard a beau n’avoir que 22 ans, il n’est pas né de la dernière pluie : il jouait de la musique seul dans sa chambre à l’époque où Oasis était le nom d’une boisson à l’orange. Et parce qu’il appartient aujourd’hui à cette génération de jeunes songwriters anglais qui, de Kate Nash à Adele, de Lily Allen à Jamie T., pourraient bien assurer la relève des maîtres britpop d’hier, et se faire les héros de demain. Ne reste aux Kooks plus qu’à affronter l’épreuve éliminatoire du second album, ce que devrait logiquement permettre le plaisant Konk, disque baptisé d’après le nom du studio londonien mythique des Kinks où il a été enregistré, entre vieilles machines vintage et dispositifs modernes. D’ailleurs, c’est un peu ce que continue de faire le groupe aujourd’hui : faire du neuf avec du vieux, continuer d’écrire gentiment, sans la transformer, la longue Histoire de la pop-music, et faire rêver les kids en quête de leur saga à eux. Or si la saga est ici prévisible, elle est aussi radieuse, magnifiée par le talent de Tony Hoffer, producteur de Los Angeles à qui l’on doit certains rayons de soleil de Phoenix ou Supergrass et qui de toute évidence a souvent laissé entrer la lumière dans le studio des Anglais (Mr Maker, Shine On). Et là où l’on aurait pu craindre un sinistre revirement technique, une production bodybuildée à l’américaine, Konk apparaît au final sympathique et léger, printanier à souhait, classique mais diablement efficace. On ne dira d’ailleurs probablement jamais des Kooks qu’ils révolutionnent quoique ce soit. On se contentera de rappeler qu’il n’y aurait pas d’innovation sans tradition, de changement sans coutume. Pas de MGMT sans Kooks donc, et ça tombe bien : on peut aimer (beaucoup) les deux. (Inrocks)


Pour la plupart des bipèdes cérébrés, la première fois est toujours un embarras. Le reste de sa vie, on s’emploie à en corriger le souvenir et à s’améliorer. Mais en amour comme en musique, il y a toujours cette poignée d’élus qui connaissent ce qu’on appelle abstraitement la veine du débutant, à défaut de savoir l’expliquer scientifiquement. Un flash des premiers instants, insolent, implacable et… impossible à retrouver. Luke Pritchard, compositeur mutin des Kooks, appartient à cette entité floue qui a eu beaucoup de malheur dans sa chance. Son premier album Inside In/Inside Out (2006) avait fait beaucoup plus que réactualiser pêle-mêle Police, le bégaiement (“your prettyprettyprettypet-t-t-icoat”) et la pédophilie chez les rédactrices de mode. Avec toute la fantaisie et la candeur de son âge, il avait su réinvestir ce rock anglais pillé par des années de Libertinages pas très frais, lustrer les meubles et remettre quelques portraits de famille en place. Malheureusement, les petits jeunots se sont installés, pipe au bec, dans leur cottage cosy de vieilles mémés. Et ont oublié d’ouvrir les fenêtres. Pas l’odeur de renfermé alerté, même le bassiste Max Rafferty a quitté le navire en janvier. Les pétillantes idées musicales, les mélodies renversantes, les images en différé et autres métaphores décalées se sont quant à elles fait la malle chez leurs voisins de Cajun Dance Party. Pas une seule économie de cliché à l’horizon, de la ballade emo (Sway) à l’exercice de style reggae pour montrer qu’on a évolué (Tick Of Time), le tout ponctué d’arabesques gratteuses et de paroles édifiantes de premier degré (“Do you wanna/Make love to me”). Sans compter l’enregistrement dans le studio de Ray Davies qui donne son nom au disque : effet passage de flambeau garanti, les rockeurs sèchent leurs larmes. En vulgarisant son écriture pour ménager le public qui l’a porté au pinacle, The Kooks s’emmêle finalement les pinceaux. Konk serait ainsi à la musique ce que le langage SMS est à la littérature. Pas très LOL, tout ça. (Magic)
N'en déplaise aux rabat-joie et autres pisse-vinaigre, les Kooks sont bel et bien de retour avec un deuxième album qui se révèle très classique mais qui recèle toujours de bonnes surprises. Après le départ de Max Rafferty et l'arrivée de Dan Logan, l'ancien bassiste de Cat The Dog, le groupe prend en quelque sorte un nouveau départ. sur "Konk". The Kooks jouent une pop rock mélodique pleine de vitalité. Sur See The Sun, les riffs imparables de Hugh Harris claquent comme aux plus beaux jours. Le titre Always Where I Need To Be, énergique en diable, évoque l'amour de deux êtres faits l'un pour l'autre. Mr Maker narre l'histoire d'un jeune homme à qui tout réussit. Do You Wanna et Gap sont deux chansons d'amour malheureux, des morceaux bien ficelés qui se retiennent facilement. Comme on le voit les thèmes favoris des Kooks n'ont pas beaucoup évolué, même si le premier album "Inside In / Inside Out" était plus volontiers orienté vers le sexe. Quoi de plus logique comme préoccupation et comme évolution pour de jeunes adultes ? Pas de grande révolution donc, mais de l'énergie mêlée à la nostalgie. Leurs qualités musicales et leur dynamisme communicatif devraient plaire à tous ceux qui aiment une pop-rock fraiche mais pas dépourvue d'une certaine intelligence. (indiepoprock)
bisca
7
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le 3 avr. 2022

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