Jerusalem
7.8
Jerusalem

Album de Sleep (1998)

Monument du stoner/doom/drone et toutes les bonnes choses qui sentent les herbes aromatiques, Dopesmoker est le chef d’œuvre de Sleep et du doom/stoner en général. L'objet est composé d'une seule piste de plus d'une heure dans sa version originale nommée "Dopesmoker" (2003) et coupé en plusieurs parties et un peu réarrangé dans la première version sortie en 1999, "Jerusalem". Tout ceci est très bien expliqué dans le documentaire "Such Hawks Such Hounds" dans lequel on traite du genre en général et dont une bonne partie est consacrée à Dopesmoker et les différents problèmes qu'il a rencontré à cause de son nom, de sa longueur et de l'image que renvoyait l'album. Cette image étant l'usage abondant de récréatif les ayant aidé à composer la musique et les paroles, les gutturaux, qui on peut le voir traite pas mal du sujet : http://cpc.cx/91v.

Nous voila donc balancés dans ce trip musical accompagné de nos trois potes : Al Cisneros, Matt Pike et Chris Hakius balancés au devant de la scène stoner après avoir sorti quelques albums et EPs : Une démo, Volume One s'approchant plus du sludge que de l'objet présenté ici, Volume Two en format EP et enfin Sleep's Holy Mountain dans lequel le son caractéristique du groupe se développera dans des formats encore très courts mais déjà très originaux comparé à toutes les sorties du milieu des années 90 comme Kyuss et toutes ces choses sans trop de saveurs. Car oui, on parle souvent du stoner côté sud mais moins du stoner qui gravit la montagne plus lentement côté nord à coup de gros riffs boueux et poisseux qui tapent du côté du doom et du drone.

La musique de Sleep, c'est du gros riff dégueu, lourd, une basse accordée super basse (haha hoho), et un jeu de batterie roulant, toujours en progression. Le principe de "Dopemosker", comme le disait Al Cisneros, c'est que c'est la batterie qui entraîne le morceau pendant que la basse et la guitare s'enfonce dans des trips bien profonds répétant inlassablement des variations d'un même riff pendant une durée incroyablement longue, à la limite du drone. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est répétitif mais si vous appréciez fortement le métal progressif et ses changements de rythme le plus souvent indécents, vous n'allez pas tellement apprécier la chose.

Les critiques apprécient d'utiliser le terme "monolithique" pour certaines œuvres du genre, je ne leur en voudrais pas pour cet album car l'on ne peut pas en écouter qu'une seule partie, tout est ici trop cohérent, trop solide pour couper cette musique en deux, puis d'ailleurs quel être maléfique n'écouterait pas une chanson en entier, qui la couperait pour aller au toilette même si elle fait plus d'une heure? Sans doute quelqu'un de peu recommandable, quelqu'un qui dirait que Earth, Sleep et Sunn O))) c'est tout le temps la même chose, la même bouilli indigeste et monotone. Et bien cette personne n'aura pas compris le concept et s'étalera lamentablement contre les parois de l'angle à 45° de son ouverture d'esprit.

Après cet album, le groupe se sépare, en 1998, puis se reformera en 2009 avec le batteur de Neurosis pour donner des concerts dans le monde entier dont celui du Hellfest 2012 qui fut un véritable régal (il est disponible sur l'Internet) enfumé. Il paraitrait même qu'ils veulent faire un nouvel album. Il faut dire que pendant que le groupe n'était plus en activité, les 3 membres n'ont pas chômé : Al Cisneros a formé OM, plus doux que Sleep, avec Chris Hakius remplacé ensuite par le batteur de Grails, Matt Pike a formé High On Fire, en mode "Mes couilles sont des morgenstern de 90 kilos."très bien illustré par un chroniqueur de Guts of Darkness, puis Chris Hakius qui a participé à OM.

Sleep a laissé une trace indélébile sur le style doom/stoner et sur des groupes comme Ufomammut, Bongzilla, Weedeater qui ont semble-t-il repris le flambeau du récréatif faisant parti intégrante de leur musique. Ils ont aussi pas mal influencé le drone créé quelques années plutôt par le groupe légendaire Earth et poursuivi par Sunn O))) ou encore Teeth of Lion Rules the Divine. Ce style et surtout cet album, selon moi, permet quand on s'y plonge un peu de passer un agréable voyage introspectif du meilleur effet. Aucun album n'arrive pour l'instant à la cheville de "Dopesmoker" et je me demande ce que pourrait donner un album du genre fait 10 ans après ce chef d’œuvre.

Le mot de la fin revient à l'artwork dessiné par Arik Roper à l'occasion de la réédition de l'oeuvre complète chez Southern Lord. Roper a d'ailleurs fait la plupart des visuels du groupe, toujours très porté sur les récréatifs. Pochette qui est d'ailleurs assez bizarrement plutôt séduisante mais d'un mauvais goût certain.
Aloque
9
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Créée

le 29 janv. 2014

Modifiée

le 4 févr. 2014

Critique lue 807 fois

6 j'aime

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