Le vilain petit canard de la discographie du Dirigeable... peut-être à tort

Ah Led Zeppelin, Led Zeppelin... C'est avec ces gars-là que tout a commencé pour moi il y a bien des années : la passion pour l'art, la musique, la guitare... J'ai fait un sacré trajet culturel depuis, mais je ne me lasse pas de revenir à ce groupe : "First love never dies", comme dit l'autre. Seulement, trop obnubilé par la formidable qualité des six premiers albums et par la franchise de Presence, In Through the Out Door est une galette que j'avais trop peu écoutée jusque maintenant, et qui de toute façon ne m'avait pas laissé un souvenir immortel.

Mais dernièrement, en revisitant entièrement la discographie du Zepp, je décide enfin de me plonger sérieusement dans l'écoute de ce disque tant abhorré même par les fans les plus fervents, et avec une légère appréhension je découvre que... que c'est plutôt un bon album, en fait. Non, je ne suis pas une groupie écervelée ou un nigaud de première : j'écoute ITTOD à partir des premiers ronronnements de In the Evening jusqu'aux dernières nappes de violon synthétique de I'm Gonna Crawl, et franchement, je trouve ça BIEN.

Bon, je vais tenter de préciser ma pensée et d'être objectif : ouais, c'est vrai, Plant n'a plus la voix surpuissante de ses 20-25 ans ; ouais, c'est vrai, Page est très en retrait pour une fois sur ce coup-là ; ouais, c'est vrai, Bonham est trop conventionnel dans son jeu et ne brille à aucun instant ; ouais, c'est vrai, Jones a trop forcé sur les synthés. Mais soyons francs, la maîtrise d'un super-groupe à la Led Zeppelin rend attractif ce qui pourrait apparaître comme la plus pâle des productions s'il s'agissait d'autres mecs plus banals : In the Evening balance sec dès le miaulement de Plant, la rythmique de guitare et le clavier sont énergiques et le chant renchérit ces bonnes vibrations durant le refrain, sans mentionner l'atmosphère aérienne et bien amenée du pont, et que dire du solo ? Plein de pêche et parfaitement ajusté, bien plus propre et taillé que ce que Page a pondu même sur les plus gros classiques de la formation ; c'est en conclusion un morceau d'une étonnante qualité.

Et je trouve personnellement que All My Love et I'm Gonna Crawl sont tout aussi merveilleux dans des styles différents : le premier devient poignant en ce qui concerne le texte et la voix de Robert lorsqu'on connaît le background de sa composition, et Page qui n'a pourtant rien composé, pas même sa partie, est plein de toucher sur les quelques notes qu'il joue ; pour le second, si le texte est absolument pitoyable, la performance vocale est assez fabuleuse pour faire oublier ce couac, et puis Jimmy, encore économe, parvient à faire dégager une sensibilité blues pleine d'émotion durant les couplets et les refrains, qui parvient à une quintessence soudaine lors du solo, qui dans ses dernières notes parvient, selon moi, à rivaliser sans problème avec ceux de Stairway ou de Whole Lotta Love... eh ouais !

Par contre, je comprends que le reste de l'album divise : je dirais simplement que Led Zeppelin a, sur chaque album, assumé un délire en composant un morceau qui est tout sauf sérieux : Living Loving Maid sur le II, Misty Mountain Hop sur le IV, The Crunge sur HOTH, Candy Store Rock sur Presence... et Hot Dog n'est rien d'autre qu'un morceau de ce crû-là, alors pourquoi autant le fustiger ? de plus, étant guitariste depuis sept ans, je trouve que Page balance bien la sauce, et puis c'est marrant, quoi, tout ce folklore façon Rockabilly des années 1950 ; m'enfin, c'est que mon avis.
En ce qui concerne Carouselambra et South Bound Saurez, je les aime tout simplement : le premier pour la guitare encore et toujours, nerveuse dans les couplets même si trop effacée sous toutes ces pistes de claviers (mais à quoi pensait Jones ?) et à la fois aérienne et subtile dans le pont, il n'y a que le texte qui me désole, à nouveau ; quant au second, il me rappelle ces petits morceaux du Zep que personne ne remarque en écoutant un de leurs albums, car plantés au milieu de grosses baffes musicales, mais que j'affectionne particulièrement (Dancing Days entre autres), et South Bound est donc un Boogie qui me plaît vachement : la rythmique, le piano endiablé, la voix sexy, tout y est !
Enfin, the last but sure the least, pour Fool in the Rain j'ai bien envie de me rallier à majorité : c'est une grosse daube.

Voilà, tout ça pour dire que In Through the Out Door ne mérite pas, selon moi, ce boycott général : il y a vraiment de l'excellent avec, c'est vrai, quelques mauvais moments qui n'empêchent pourtant pas d'apprécier l'album à sa juste valeur. Ainsi, même s'il est inférieur a tout ce que le groupe avait fait auparavant, si l'on prend en compte Wearing and Tearing et consorts issus des mêmes sessions, je me prends parfois à rêver sur ce que le Dirigeable aurait fichu dans les années 1980 sans la mort de Bonzo, et avec un certain optimisme... mais ça, on ne le saura jamais !