In and out of Focus
6.9
In and out of Focus

Album de Focus (1970)

Je ne sais pas pour vous mais moi je fonctionne souvent par cycles.


Ainsi en 2018, je me gavais de Shoegaze (à défaut de faire des chroniques, j'essayais de produire une liste assez fournie avec moult petites notes) et de rock psychédélique tout en parcourant passionnément une bonne partie de la discographie d'un artiste ou d'un groupe (j'écoutai donc à l'occasion les ¾ de la discographie de Weather Report, ce qui déboucha sur une poignée de mini-chroniques).


Cette année tiens, je me suis mangé l'intégralité du groupe néerlandais de rock progressif Focus (entres autres) et le voyage fut clairement fantastique : en fin de compte je me demande si Focus n'est pas un groupe un peu injustement oublié ou sous-évalué dans le rock progressif au détriment des têtes d'affiches sempiternellement connues (je n'ai rien contre un bon YES ou King Crimson cela dit hein, bien au contraire).


Je ne vais pas vous la refaire Wikipédia style mais le groupe, qui va changer régulièrement de formation connaît une première période de stabilité qui va en être d'emblée son âge d'or pendant une bonne partie des 70's, sous la houlette des deux têtes pensantes et co-leader que sont Thijs Van Leer et Jan Akkerman.


Respectivement donc le claviériste, flûtiste et... « vocaliste » du groupe (Focus n'a à proprement parlé pas écrit de grandes chansons au sens où l'on peut le comprendre avec paroles et un style de voix bien à lui, le plus souvent on entends des onomatopées, des bruitages, quelques textes parfois mais ce n'est clairement pas le chant le point fort d'un groupe qui n'est d'ailleurs généralement pas très anglophone parmi des membres essentiellement tous hollandais) ainsi que son guitariste.


Comme la suite de l'histoire le démontrera, ces deux talents essentiels étaient déjà d'un fabuleux niveau, Akkerman étant même sacré durant l'année 73 peu après comme l'un des meilleurs guitaristes existant par le Melody Maker là où Van Leer fait montre d'une fabuleuse sensibilité révélant l'âme de Focus. Mais pour l'instant le groupe est encore tout récent et à besoin de se roder encore et encore tant dans ses compositions que sa propre identité de groupe de rock progressif en devenir.


De fait « In and out of Focus » (ou « Focus plays Focus ») rassemble des compositions bonnes et d'autres plus banales qui n'annoncent que modérément les 3 fabuleux disques qui vont suivre. Et pourtant inutile de nier à l'écoute des presque 7mn de « Anonymous » et sa fougue virulente que Focus en a déjà sous le capot. Un « Happy nightmare (mescaline) » révèle un groupe qui semble fan du progressif issu de l'école de Canterbury (le morceau ressemble presque à un titre de Caravan!). Sans oublier les sucreries pop que sont « Sugar Island » ou « Why dream ». Enfin c'est dès ce premier album que le groupe inaugure sa longue série d'instrumentaux lyriques sans autre titre que le nom du groupe itself (« Focus » ici donc... Un « Focus 2 » sur l'album d'après, un « Focus 3 » sur le troisième album, etc etc).


En soi c'est donc un bon premier disque bien chouette que nous offre Focus...
Qui dans le paysage des 70's commençant ne détonne pourtant pas des masses. Gentil et cool oui. Un album de rock sympa mais qui se révèle franchement moyen quand on voit le fossé qui le sépare de l'album qui suit un an plus tard et où le groupe va très sérieusement démontrer qu'il va falloir compter avec eux...

Nio_Lynes
7
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le 17 déc. 2019

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