Aux brumisateurs et autres climatiseurs offerts par l'Etat à nos vieux en prévision de la canicule, proposons une autre solution : In a Safe Place, troisième album de The Album Leaf. Car il est ici question d'abysses et d'ère glaciaire, de cercle arctique et de désert blanc. Paradoxalement, l'atmosphère de l'album n'est pourtant jamais glaciale. Le "safe place" du titre pourrait être un igloo ; l'abri parfait, le confort absolu, froid dehors mais doux dedans. Logique quand on sait que son concepteur est californien, mais que son album a été givré par une noble clique islandaise, Sigur Rós (avec qui The Album Leaf a tourné aux Etats-Unis) et des membres de Múm notamment.
Les elfes aux pouvoirs décidément magiques parasitent constamment les compositions de Jimmy LaValle (ancien Tristeza ou The Black Heart Procession). Guitares perce-neige, claviers glacés ou cordes cryogéniques s'éveillent ici lentement, se multiplient et s'entrelacent doucement, pour aboutir à des épiphanies sensitives, bouleversantes. Jonsi Thor Birgisson (Sigur Rós) prête son étrange voix stratosphérique au rêveur Over the Pond, comme un gardien de phare esseulé dans un océan de glaçons, dont les cellules se mêleraient lentement à la pierre monumentale, dont l'absolue solitude ne serait brisée que par quelques mouettes frigorifiées. Les grincheux, droits dans leurs Moonboots, en seront pour leurs frais : aucune trace d'ennui n'entache ce merveilleux paysage blanc. (Inrocks)


Ce que certains préfèrent dans sa musique c’est le côté intimiste, d’autres penchent plutôt pour le côté easy listening, reposant. D’un côté comme de l’autre, la qualité de la galette reste de toute façon la même. Et avec Jimmy LaValle, la qualité elle y est. Rappelez-vous que cet ex-membre de Tristeza n’en est plus au stade des préliminaires puisqu’il possède déjà une discographie bien sympathique. Niveau musical, la formule reste la même depuis One Day I'll Be On Time : nappes de piano, percussions mélodiques, couches de violons, bref de l’indietronica en gros. Demeure au rayon nouveauté, la présence vocale du principal intéressé sur certains morceaux. Avec ce premier titre, Window, la participation de Sigur Ros sur cet opus ne fait déjà plus aucun doute. Une plage d’ouverture très soft, faite de timides va-et-vient rappelant le style d’un autre islandais : Stafrænn Hàkon. Charmant. Retour à l’art conventionnel de The Album Leaf sur Thule mêlant beats et piano de manière toujours aussi souple et rythmée. On Your Way lève le voile sur la voix du bonhomme sans vraiment convaincre par l’apport de ce plus ni sans gâcher quoi que ce soit outre mesure. 

On commence à baigner confortablement dans ce jus d’oignons amoureusement fris lorsque arrive Over The Ponds. Là on se dit « waow ». C’est beau, d’un lyrisme tel que l’on se prend d’envie de caresser circulairement une mouette. La suite de l’album parcourt les mêmes eaux douces avec succès et parfois répétitions. In a Safe Place arbore un bilan plus qu’honorable fait de : 1 « waow », 7 « mmmmmh » de détente et satisfaction et 2 « ZzzZzzZ » de lassitude. Pour ceux qui apprécient l’indietronica épurée aux mélodies pianotées salvatrices. (indiepoprock)


The Album Leaf est le projet solo de Jimmy Lavalle, pianiste classique à l’origine, devenu multi instrumentaliste avec le temps. Plus connu pour ses projets ouest-américains : Tristeza, The Locust, Gogogo Airheart ou encore The Black Heart Procession, c’est en solo qu’il a été invité à rejoindre et ouvrir pour plusieurs dates les islandais de Sigur Rós lors de leur dernière tournée nord américaine. Le courant est aussitôt passé et c’est tout naturellement que le groupe lui a ouvert leur studio Sundlaugin à Mosfellsbaer près de Reykjavik. Voilà pour ce qui est de la petite histoire.

La musique, elle, est pour la première fois accompagnée sur certains titres de voix. Celles de Jon Thor Birgisson alias Jonsí chanteur de Sigur Rós sur ‘‘Over the pond’’ et ‘‘Streamside’’, de Paul Jenkins des Black Heart Procession sur ‘‘On your way’’ et ‘‘Eastern Glow’’ et la sienne ailleurs. Les compositions sont très froides et la production de Birgir Jon Birgirsson évidente. Jimmy Lavalle s’occupe des claviers, guitares et du travail sur laptop. Pour le reste on retrouve des membres de Sigur Rós et d’autres musiciens proches de l’artiste. Ces minutes de fraîcheur enregistrées il y a près d’un an, mais des plus agréables en ces temps de fortes chaleurs, montrent à quel point Jimmy Lavalle est un musicien doué et méritant. (liablility)

bisca
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le 10 mars 2022

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