chronique écrite en 2004


Plus ça va et plus Lisa Gerrard va nous poser des problèmes…D'autant plus qu'il est difficile de l'oublier, elle n'en finit pas de faire des albums, des BO (la dernière en date Whale rider) et favorise les collaborations (exit Pieter Bourke, bienvenu Patrick Cassidy). Le seul problème, c'est que finalement elle n'évolue plus dans sa musique et ne justifie sa présence dans les magazines / webzines pop rock que par son passé Dead Can Dance et par sa fidélité au label culte 4AD. A l'époque de DCD, son acolyte Brendan Perry donnait un contrepoint plus folk, plus rock aux aspérités World/ New age de Lisa. C'est ce qui faisait d'ailleurs toute la personnalité du duo. Mais aujourd'hui…Tout serait si simple si Immortal memory n'était qu'un album médiocre, l'album de trop…Mais il n'en est rien, c'est peut-être même son meilleur album solo…pardon duo puisqu'on imagine que Patrick Cassidy, compositeur irlandais ayant travaillé lui-aussi sur des B.O., a dû avoir un rôle actif dans l'entreprise. Lisa reste en tout cas égale à elle-même, proposant son album le plus cohérent et le plus érudit. Lisa cite Yeats, Milton et chante surtout en araméen, le langage qu'utilisait Jesus. Dès lors après le liquide de Whale rider, on retrouve ici la poussière de sa musique de "Gladiator" et même des rappels de Passion, la musique de la "Dernière tentation du Christ" composée en son temps par Peter Gabriel. Cela fait longtemps que l'on considère Lisa Gerrard, non pas comme une chanteuse, mais bel et bien comme une diva. Elle nous le prouve ici plus que jamais, offrant quelques titres sublimes de beauté comme Sailing to Byzantium, le plus sûr chemin pour atteindre la voûte céleste. L'album s'achève avec Psallit in Aure dei, une messe baroque composée exclusivement par Patrick Cassidy… avec 4 siècles de retard. Ce titre permet en fait de verbaliser toute l'ambivalence que l'on peut penser de Lisa : déesse dans le monde non-initié des "popeux", chanteuse plus ordinaire dans une ornière plus générale, celle de la musique sacrée et classique. Bref, il est de plus en difficile de statuer en intégrant à la fois la nostalgie, l'émotion, la connaissance et le simple bon sens.

denizor
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le 28 déc. 2016

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