Imaginary Diseases (Live) par XavierChan

Il eut été trop facile de concevoir Imaginary Diseases comme un énième travail live, Frank Zappa ayant enfoui dans sa cave, le célèbre Vault, une quantité astronomique d'enregistrements (disons, tous) sur 25 ans de carrière. Embarqué en 1972 avec son orchestre du Petit Wazoo, dix sérieuses pointures, Frank Zappa crée la fusion. La fusion entre un orchestre de facture classique, notamment dans la représentation des instruments et le son généré. On est ici à la fois au cabaret, au music-hall, dans un auditorium pour écouter du jazz et dans la fosse d'un palais omnisport. On est à la fois partout et nulle part, les réorchestrations magiques de morceaux phares dominent et élèvent la prestation au rang de must : Father O'Blivion devient Farther O'Blivion et, par la même occasion, sublime le travail de compositeur de Zappa. Le Rollo original n'est perceptible que par petites touches. Bien plus encore que l'album Grand Wazoo qui n'était ponctué que de quelques riffs de guitares bien sentis, Imaginary Diseases met la guitare non pas en retrait mais à la même hauteur que les cuivres et les percussions.

Frank Zappa avait été l'un des pionniers du jazz-rock avec Hot Rats, celui-ci poursuit son travail trois ans plus tard en fusionnant avec brio et égalité la musique orchestrale et le rock. Le Petit Wazoo reste l'une des formations les plus éphémères de Zappa, comme l'était les Mothers et leurs quelques petits mois d'existence inégale (Just Another Band From L.A) et jouissive (Chunga's Revenge). Sans l'obsession d'un auteur déjà au sommet de toucher à tout, de changer de mue tous les ans tout en gardant en tête l'objectif d'une "Continuité Conceptuelle" comme lui-même aimait à dire au gré d'interviews, Frank Zappa aurait eu tort de se priver de cette formation remarquable, responsable d'une de ses compositions les plus belles et entêtantes avec D.C. Boogie, synthèse parfaite d'un groove imparable et d'une interaction totale avec le public. Si The Roxy Performances était l'incarnation la plus parfaite d'assister au premier rang à plusieurs shows de Zappa et des Mothers of Inventions dans la salle mythique du Roxy, Imaginary Diseases est le court teaser le plus parfait des tournées de 1972, plus bestial que Grand Wazoo officiellement sorti cette année-là.