Madness

Elles sont en train de sonner. Au plus grand bonheur de Tonton Georges, les trompettes de la renommée rugissent de plaisir pour accueillir leur plus digne représentant, Ibrahim Maalouf.

Dans cette époque où les instruments disparaissent peu à peu de la scène grand public, où la musique avance en se simplifiant, que deviennent les albums instrumentaux ? Fallait-il que la musique apparaisse transfigurée, informatisée, presque déshumanisée, pour que revienne en un éclair l'évidence ?
Fulgurant, jouissif, le son de la trompette d'Ibrahim Maalouf ramène la musique à ce qui a fait sa beauté, sa limpidité. Ça y est, ça éclate de partout. La lumière fracasse les murs, issue des lèvres pincées d'un seul homme.

Du souffle.

Fallait pas en manquer de souffle, pour se sortir de son éducation académique. Né de parents musiciens, Ibrahim Maalouf est tombé dans la marmite quand il était petit. Au commencement était la musique savante. Classique, baroque, moderne, contemporain... Facile.
Et, en plus, la musique arabe. De la musique arabe à la trompette, pas simple. Alors Ibrahim récupère une trompette inventée par son père : la trompette à quatre pistons, ou trompette microtonale.

Un piston en plus, un piston qui change tout. Avec ce piston, c'est la possibilité de jouer des quarts de ton, indispensables dans la musique arabe.
Musique savante, musique arabe.
Reste le jazz.

Miles Davis. Louis Armstrong. Chet Baker. Tous les autres.
Ça y est. Soyez fiers, la relève est arrivée.

Ibrahim Maalouf s'engage de tout coeur dans l'improvisation. Jazz, musique arabe, musique classique, lui apportent un bagage inégalé. Mélange de cultures inouï, message d'espoir, Ibrahim Maalouf fait déferler les notes à travers ses 4 pistons.

Le souffle d'un dragon. Brûlant, jaillissant d'une trompette incandescente.

Aujourd'hui, il a toutes les cordes à son arc. Polyvalent, talentueux, pédagogue, Ibrahim touche à tout avec brio, et repousse les limites de son instrument à chaque sortie.

Tout ce qu'il crée, il faudra le transmettre. Pour montrer que la musique ne s'arrêtera jamais d'évoluer. Pour rappeler que rien d'artificiel n'égalera jamais l'instrument et son possesseur, que rien ne remplacera la fureur d'un génie.

La musique monte, la musique mute. Qui sait où il l'emmènera ? Une seule certitude, toujours plus loin.
One Step Beyond.