De la guitare folk jouée avec une envie et une authenticité punk, une voix terriblement humaine, des instruments traditionnels, de la sueur rock, des solos inspirés à pleurer, des brillantes compositions. Voici le Bruce Springsteen anglais mesdames et messieurs. Et, messieurs les jurés, comment se fait-il que cet homme bon et diablement talentueux, intelligent et incroyablement créatif ne soit pas encore connu du grand public? Et bien ça, ma pauvre lucette, ...c'est le jeu des aléas de la vie, et surtout, c'est un sujet d'interrogation perpétuel pour tous les journalistes de rock.

Richard Thompson, nous éclate à la gueule un titre mémorable, d'entrée de jeu : « When I Get To The Border ». Morceau rock solide, guitare folk, et puis on découvre une belle voix féminine, sa femme Linda. Au bout de 2 minutes, mandoline et accordéon viennent nous rappeler à l'ordre, et nous renvoient aux bases traditionnelles de l'homme, qui nous lâche un de ces solos à la fois saillant, viril et original dont il a le secret, et qui dans le même temps lui a fait gagner depuis longtemps le respect de tous ses pairs, de Clapton à Gilmour, de Tom Verlaine et Richard Lloyd de qui vous savez (et qui ne seraient rien sans lui), de Sonic Youth à Neil Young.

L'introduction en guitare rock de « The Calvary Cross » est inoubliable, et achèvera de convaincre, s'ils sont normalement constitués, les plus médisants.

A partir de « Whitered and Died », c'est à Linda de chanter, sa femme. Et, à l'écoute de cette voix délicieusement lyrique et cristalline, je me dis que cette belle brunette n'a rien à envier à Sandy Denny ou encore Maddy Prior, égéries du folk anglais. A travers ce morceau folk, une mélancolie gagne l'album, pour arriver à une langueur poignante et étrangement irrésistible qui atteindra son paroxysme avec « Down Where The Drunkards Roll » et surtout « The End Of The Rainbow », au titre laconique. Dès les premières notes à la guitare électrique de cette fin d'arc-en-ciel dramatique, je suis glacé par la richesse des harmonies et le pessimisme des paroles : « There's noting at the end of the rainbow, there's nothing to grow up for anymore ».

L'alternance parfaite entre morceaux folk mélancoliques et titres rock plus enlevés (l'excellent et chantonnant « The Little Beggar Girl ») donne à cet album trop injustement méconnu une grande cohérence d'ensemble.

Peu accessible au départ, comme beaucoup de chefs-d'œuvre, l'album l'est peut-être, mais c'est pour mieux le réécouter, encore et encore, et mieux saisir les mélodies, les voix, et l'excellence des compositions.

Un mot : BRAVO.

Je veux que les lumières du succès brillent de milles feux pour Richard Thompson, cette nuit.

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le 29 déc. 2013

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Errol 'Gardner

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