La power pop c'est pas de la tarte. Et ce n'est pas parce que ça sent souvent le soleil, le skate, les filles et tout ça que c'est neuneu non plus ! En 1994, Weezer sortait une bombe avec une petite fleur cachée à l'intérieur, le Blue Album. Derrière les distorsions dantesques et les paroles simples, on sentait une vraie fragilité, et surtout un vrai songwriter, Rivers Cuomo. Oui le songwriting c'est bien ça la base de la power pop ; et on a tendance à l'oublier un peu souvent.
Un songwriting qui se doit (parce que le style veut) concis, efficace, direct, pan dans la gueule. On écoute un album de Weezer en espérant une seule chose : qu'il nous séduise immédiatement. Un mauvais album de power pop, il se jette comme un kleenex, un bon se garde dans un écrin. Et il faut reconnaître que depuis Make Believe (2005), le combo américain (enfin Cuomo quoi) tenait le gros rhume.
Disons qu'il y a trois écoles d'auditeurs de Weezer : ceux qui ne jurent que par les deux premiers et crachent sur les suivants, ceux qui aiment jusqu'à Maladroit inclus, et crachent sur les suivants, et enfin... Les autres. Ceux qui aiment tout. Ce ne sera pas leur faire offense que de se ranger dans la deuxième catégorie en rappelant que depuis Make Believe, le niveau d'écriture de Cuomo a quand même pris un gros coup de mou, celui-ci fonçant tête baissée dans toutes les facilités inhérentes au style : prévisibilité mélodique, concessions commerciales, lyrics pauvres... Ouch ! La faute au succès revenu comme un boomerang avec le Green Album ? La faute d'une production tape-à-l'oeil ? Ou simplement d'un manque d'inspiration ? Difficile à dire mais la poignée de titres corrects qui égrainait les disques de Weezer depuis Make Believe maintenant faisait pâle figure face au doublé Green Album-Maladroit qui constituait le retour énergique (et presque en grâce) du plus vendeur des combos power-pop.
Comme on le disait plus haut, un bon disque de Weezer séduit donc immédiatement. Et, belle ironie, ce Hurley, pourtant incarné par cette tête grasse et barbue, possède le charme fulgurant de ses ancêtres. Enfin quasi. Peut-être parce qu'il porte le poids de ses récentes erreurs, certains ne s'y attarderont pas, décidant un petit peu hâtivement qu'il n'arrive pas à la cheville des deux premiers bébés de Cuomo. Pourtant Hurley revient enfin à la formule tant espérée: des guitares, des guitares et rien d'autre. Pas de clavier bubble gum, de mélodie sirupeuse, mais du rock puissant, tranchant.
Weezer n'avait pas sorti d'album aussi égal dans le son depuis... Maladroit. Mais alors que ce dernier s'orientait plus vers le hard rock, Hurley remonte plus loin aux origines du groupe, avec ses choeurs superbes, des escapades convaincantes à la guitare acoustique, voire au piano. Et Cuomo n'avait plus hurlé ainsi depuis... Pinkerton. Bref, on retrouve dans ce dernier disque une forme de simplicité qui échappait complètement à la trilogie malheureuse Make Believe, Red Album et Raditude, égaux dans leur disparité (pour ne pas dire leur nullité).