Hunky Dory
8.1
Hunky Dory

Album de David Bowie (1971)

  C’est par un riff simple qu’on peut devenir une légende de la pop music. Ch-Ch-Ch-Changes. C’est rien, mais ça fait tout. C’est nostalgique comme pas possible, et ça démarre l’opus. Ch-Ch-Ch-Changes. Un morceau hypnotique, plein de paillettes et de poudre aux yeux, qui attire et repousse à la fois. Un morceau qui nous rappelle qu’à une époque, on savait allier émotion et nostalgie avec la touche de glamour qui fait que ça passe. Pas si évident le mélange. Un morceau qui va rappeler quelque chose même à ceux qui n’ont pas connus cette fameuse époque. Déjà emblématique, dès les premières notes, il y a des morceaux comme ça, qui accrochent tout naturellement, sans qu’on sache trop pourquoi. Même Bowie se demandait pourquoi il parlait autant aux gens, ce morceau là en particulier. On le lui demandait tout le temps en rappel. Ch-Ch-Ch-Changes.


   Il suffit d’écouter les paroles, et de se laisser porter par la musique.  Aussi simple que ça. Moment de magie qui arrive (pas toujours sur un album de pop commercial). De qu’elle époque s’agit-il ? Imaginée ? Rêvée, ou dépassée? Qu’importe.


   "Pretty soon now you’re gonna get older" Le passage à l’âge adulte? Qu’importe. Ch-Ch-Ch-Changes. Peut-être que c’est juste grâce à ce riff, tout con et génial à la fois. Ch-Ch-Ch-Changes. La variété pop mais pas trop, et qui continue avec : Oh ! You Pretty Things avec un piano baltringue, qui reste sur place, et ne veut pas quitter la place. Simplicité. Piano-voix. Pas de rythmique. On savait et souhaitait rester simple. Comme si les mots se suffisaient à eux-mêmes. Eight Line Poem. Et voilà qu’on décolle réellement… Ch-Ch-Ch ? Non. Life On Mars.


  Life On Mars ? Chaque album de Bowie, nous égare, nous questionne. On se demande souvent où il veut en venir. Et parfois on tombe sur le tube qui répond à toutes les interrogations. Certains comme moi, auront l’impression  de l’avoir entendu toute leur vie. Hunky Dory date de 1971 ! Vieux, n’est-ce pas ? Le tube qui tue. Encore plus fort que Ch-Ch-Ch-Changes.  Life On Mars ? Un poil léger bien que très beau. Le tube martien que tout les chanteurs de variété lui envient car il va plus loin. Poétique, SF, mélodie imparable, inspirée comme quoi l’inspiration (qui n’existe pas), ça compte. Une construction d’école. Rien à dire. On voyage vers Mars, avec la touche de spleen qui va avec. Life On Mars ? c’est avant tout un questionnement. Le point d’interrogation, n’est pas là pour faire joli. Y a-t-il quelqu’un sur Mars ? (Question qu’on ne se pose plus en 2011). C’est un peu se demander si nous sommes seuls dans l’univers. (Question qu’on se pose toujours en 2018). Question existentielle s’il en est. Posée à une époque où on savait poser de bonnes questions dans la pop.  Life On Mars ? Et on posait la question avec pudeur et sans emphase. Et puis ça s’enrichit. Puis c’est le crescendo, les arrangements qui arrachent, et tout ça…
Le type même du morceau culte, qui commence slow et finit dans le style Opéra rock. Il me donne la chair de poule, rien qu’en y pensant en écrivant ces lignes. Le coup de maître qui fait qu’on se dit que les autres morceaux sont bien pâles à côté. Et ça, c’est un problème.
C’est comme si Major Tom, avait enfourché sa navette spatiale pour les étoiles, puis a eut du mal à revenir ;  il a des étoiles plein la tête.
On revient sans prévenir sur le plancher des vaches. Country and Western( ?). En 1971 on osait prendre des virages à 180°, ça c’est sûr. Ça nous change de Mars, tout ça. Collé au sol, avec nonchalance. Quicksand. Guitares, arpèges, voix nasillarde. Il nous raconte une histoire. Pas sûr que se soit la sienne. Il sait se faire storyteller, David. Troubadour qui chante sa complainte en trainant les pieds. Et les autres entrent en scène. Piano. Rythmique. Violons. Mais y a trop de violons. Avant leur arrivée, on les sentait déjà venir. Ça ronflait déjà grave.
  Fill Your Heart. Ouais. Bof. C’est un album des débuts. On a parfois du mal à reconnaître, ou sentir sa voix, fragile comme du crystal. Andy Wharol. Drôle d’hommage au pape du pop art. Une entrée bizarre, avec des sons électroniques, et une sortie avec des guitares acoustiques bien chaudes. Et les copains qui reprennent le chant en chœur. On se croirait autour d’un feu de camp. Drôle d’hommage, « bowinien » on va dire. On sent les cordes métalliques qui claquent sur le bois dur. Bon travail de sape des guitares...
Song for bob Dylan. C’est folk, rock, et la prosodie rappelle celle du troubadour suprême américain. Effets parcimonieux, importance des images et du texte. Plus « dylanien » que ça, on peut pas. La guitare électrique est d’accord, sage, et sagement mise sur le côté. Voix nasillarde (encore). Plus qu’un hommage, une révérence, presque. Je comprends le titre.


Queen Bitch. Curieux titre pour du Bowie(!) Rock power. Enfin du lourd. Electricity !  Branché sur du haut voltage. Et la basse qui secoue les membranes du tweeter. Et le préampli qui sursaute ! Debout tout le monde ! Et le troubadour anglais qui passe de Dylan aux Stones sans prévenir?! C’est son côté caméléon, on va dire. (Et le morceau est un hommage à Lou Reed, selon internet). Ah bon ? Lou Reed. D'accord. Queen Bitch. Album d’apprentissage et d’hommages donc.


Album qui ne me laisse pas une grande impression. Fidèle au personnage, Bowie nous entraîne dans sa douce mélopée. Il nous balade. Et finit sur une histoire qui fait hommage à un précédent morceau de l'album nommé David Bowie, ou Space Oddity. Hommage pour hommages, on n’est jamais mieux servit que par soi-même, n’est-ce pas ? Avec une voix délayée, diluée dans l’écho, à moins que ce ne soit le contraire. Un morceau qui me rappelle Space Oddity.


Cela reste très singulier, avec la priorité aux textes, à l’ambiance intimiste, acoustiques, les guitares, simples les accords. Plus le temps passe, plus cela se couvre de vernis. Et le vernis, c’est pas toujours bon signe. Ils sont peu à peu recouvert de poussière, englués dan le vernis. Ils n’ont pas tous la charge émotionnelle implosive de Life On Mars ? ou de Ch-Ch-Ch-Changes.

Angie_Eklespri
5
Écrit par

Créée

le 26 févr. 2018

Critique lue 1.3K fois

1 j'aime

Angie_Eklespri

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

1

D'autres avis sur Hunky Dory

Hunky Dory
Ghi
9

Ch-Ch-Changes

Hunky Dory, c'est l'album qui m'a fait aimé, admiré, vénéré Bowie. J'avais déjà écouté Ziggy Stardust quelques jours auparavant, que j'ai adoré tant par ses ballades que par ses musiques plus...

Par

le 14 juil. 2012

28 j'aime

4

Hunky Dory
EricDebarnot
9

A découvert...

Au sein de la discographie de Bowie, Hunky Dory bénéficie d’une sorte de traitement de faveur de la part de la majorité des fans. Pour le dire simplement, Hunky Dory est un disque qui est loin d’être...

le 1 juil. 2023

24 j'aime

Hunky Dory
dagrey
9

"I'm sinking in the quicksand of my thought, and I ain't got the power anymore...."

Hunky dory, quatrième album de David Bowie, sort chez RCA en 1971.Produit par Ken Scott, Hunky Dory est l'un des tous meilleurs albums de l'artiste.L'album est marqué par le cinéma, l'occultisme et...

le 6 mai 2023

18 j'aime

8

Du même critique

Fargo
Angie_Eklespri
4

On peut aimer Fargo, le film. On peut ne pas aimer Fargo, la série

   Un peu lourd…pas très subtil. Faire d’un film culte, une série, c’est pas facile. C’est même risqué. Ça peut devenir vite casse gueule. La série elle-même, est produite par les...

le 11 nov. 2015

22 j'aime

31

Ella and Louis
Angie_Eklespri
10

Ella et Louis

Si vous voulez le disque suprême à écouter à deux, ne cherchez pas plus loin. A deux ou tout seul, ça marche aussi, ça fait voyager. Rien que des ballades, de qualité supérieure, vocalement on a des...

le 23 déc. 2014

21 j'aime

1

Caligula
Angie_Eklespri
8

Caligula et Drusilla font un porno

J’en suis encore à me frotter les yeux, en me demandant comment un truc pareil à pu passer toutes les barrières de la censure. Ce film à les qualités de ses défauts, ce qui est assez rare, force est...

le 27 sept. 2014

16 j'aime