J’appréhendais énormément l’écoute de cet album que je me réservais depuis longtemps. En effet j’avais peur que l’album soit un peu trop Lo-Fi et minimaliste pour moi. Et finalement, s’est tout le contraire. L’album est limpide, clair, il n’y a jamais d’approximation dans la musique ni de moralisation dans les paroles. Daniel Johnston a parfaitement équilibré son projet entre visible et invisible.


L’album traite de plusieurs thèmes dont le thème de la dépression et de la bipolarité. C’est le thème primordiale et indissociable de l’album et c’est probablement le plus touchant. Et ce thème est directement explicité dans le tout premier morceau de l’album.


Poor You est selon moi le meilleur morceau de l’album, que se soit par son sujet ou son traitement. Durant ce morceau, Daniel Johnston raconte sans aucune musique une partie de son enfance à travers le prisme de ses périodes dépressives et de ses hallucinations.

« But late at night, he had a savior

In his sleep, in his dreams

She came to him and she said

[Chorus]

Poor you, poor you

No one understands you

Poor you, poor you »


Hi, How Are You ? Poor You

Le morceau est évidemment autobiographiques, Daniel Jhonston décrit ça propre enfance avec des paroles volontairement enfantines, permettant de donner à la musique un aspect pur à la musique. La façon de décrire la maladie est floue, n’est pas directement identifiée, elle est simplement suggérée par des mots naïfs, presque immatures. Et cet aspect suggérée rend le morceau beaucoup plus profond qu’il en a l’air, c’est tout simplement l’histoire d’un enfant qui a des problèmes psychiatriques graves et qu’il n’arrive pas dans sa vision pur d’enfant à identifier clairement comme quelque chose de néfaste pour lui qu’il faut soigner.

« And every word that everyone would say

Got mumbled up in his head

Like mumblejumble and everywhere he went

It seemed everyone was saying to him

Blah blah blah »

Hi, How Are You ? Poor You

La pureté du morceau est aussi symbolisée par l’absence totale de musique, il s’agit juste de mots parlés par Jhonston et qui combinés avec le sujet et les paroles du morceau, rendent le tout vraiment extrêmement juste et vrai.


D’autres morceaux vont explorer le même thème de la dépression comme par exemple Despair Came Knocking. Celui-ci, contrairement à Poor You possède une partie instrumentale , et la voix n’est plus celle de Jhonston mais celle d’une femme.

La partie instrumentale se compose juste d’un sample d’une sorte de bruit répétitifs, désagréable et presque psychédélique, pouvant faire penser par rapport au thème à un rythme cardiaque ou la matérialisation d’un état mental lors d’une hallucination. Encore une fois, tout est suggéré.


Et la voix de la femme est encore une fois parlé mais cette fois ci on sent un véritable impact émotionnel et psychique et une véritable difficulté à chanter les paroles. Celles-ci personnifie le désespoir comme un invité au même titre qu’un autre entrant dans la maison et donc dans la vie intime de la femme. Encore une fois, il n’est pas présenté comme un quelque chose de fondamentalement néfaste pour cette femme, néanmoins il est clairement identifié comme un être plutôt négligé et énigmatique.

« Despair came knocking at my door

And I let her in for a while

[Verse]

She sat on the couch and began smoking

She said nothing

Suddenly I felt tired

I began to feel tired

And all of the sudden

The room seemed dingy and dirty

[Chorus]

Despair came knocking

And I let her in for a while »


Hi, How Are You ? Despair came knocking

Mais, bien que cet album explicite le thème de la dépression et de la bipolarité, il fait aussi une critique très virulente du capitalisme notamment dans le morceau Big Business Monkey. Ce morceau se compose d’un sample et d’une voix de femme, là où les deux précédents morceaux dont j’ai pu parler étaient extrêmement froids dans leur sujet et leur traitement, ce morceau est paradoxalement joyeux et agréable à entendre.


Le rythme du sample fait même penser à une espèce de vieille pub pour enfant (ce qui fait probablement écho au sujet du morceau) par son aspect enjoué et vintage. La voix est elle aussi beaucoup plus heureuse (contrairement à Despair Came Knocking) et joyeuse et adopte un ton presque moqueur et cynique vis à vis de ce capitalisme qui est dépeint dans ce morceau comme un espèce de singe obsédé par l’argent qui se foutrait de la gueule de la population en lui faisant avaler toutes les merdes qu’il a envient qu’on avale.

« Big business monkey

Nothing’s funny

Big business monkey

Everything’s money »

Hi, How Are You, Big Business Monkey

Franchement, cet album m’a vraiment touché au plus profond de mon âme tant il est subtil, juste et recherché dans sa simplicité (et ne croyant personnellement pas à l’âme, ça ne fait que renforcer ce sentiment).

Et c’est probablement ça sa plus grande qualité : sa simplicité.

Ayllich
9

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le 29 août 2022

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Ayllich

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