Heritage
6.7
Heritage

Album de Opeth (2011)

Un retour aux racines remarquable

Lundi 20 juin 2011, 1h30 du matin. Clisson, Hellfest. Je suis assise par terre, sur une pelouse décharnée d’avoir été piétinée durant trois jours par quelques quatre-vingt mille personnes, totalement défoncée de fatigue, crade comme quelqu’un n’ayant pas pris de douche depuis quatre jours. Je regarde tour à tour la seconde scène, l’écran géant et le sol, quelques larmes coulant le long de mes joues. Non, ce n’était pas les nerfs qui avaient eu raison de moi mais bien Opeth, groupe suédois de metal extrême atmosphérique qui a raison de mes émotions. Peut-être car il s’agissait du dernier concert d’une longue sérénade brutale qui aura duré trois jours, peut-être car j’étais encore un peu à fleur de peau d’avoir assister à la performance d’Ozzy Osbourne juste avant (pour la première et probablement dernière fois). Dans tous les cas, il n’y avait pas de doutes, c’est bel et bien cette sombre musique délicate qui est déclencheur de cette ivresse d’émotions. Car Opeth, c’est ça, une beauté auditive, de la Musique avec un grand M. De l’Art, du vrai, pas du simple divertissement pour buveurs de bières en mal de sensations fortes. D’ailleurs, je ne savais pas comment faisaient certains irréductibles pour pogoter, c’est totalement impossible. On ne peut que s’asseoir et contempler. Même pas applaudir, cela reviendrait à violer cette intimité que le groupe fait tant d’effort à instituer dans leurs prestations. Non, on s’installe et on laisse nos oreilles se régaler du spectacle, à profiter du charisme de son frontman, Mikael Akerfeldt, dont chaque intervention entre chaque morceau s’avère irrésistible. En somme, cette heure de concert aura été l’un des moments les plus exquis (je ne vois pas d’autres adjectifs plus ressemblants) que j’ai eu à passer devant une scène de ma vie.

C’est avec ce souvenir très récent en tête que j’ai mis le nouvel album des Suédois, Heritage, dans mon lecteur la première fois, un doux frisson me faisant tressaillir au toucher de l’objet et à l’appui de la touche play. Beaucoup avaient peur de cet album car différent de ce à quoi le groupe avait habitué, brisant ces chaînes qui l’emprisonnaient dans l’étiquette «metal extrême» pour venir s’enterrer afin de toucher et s’approprier les racines. Laisser tomber la couleur agressive pour partir dans les sphères progressives du rock vintage de la grande époque seventies. Je l’avoue, moi, je n’étais pas inquiète. Peut-être le fait d’avoir vu ce concert qui m’a fait leur donner toute ma confiance, d’aller à penser qu’ils livreront toujours une musique remarquable, quelle que soit la direction musicale qu’ils iront prendre. [...]
Margoth
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste CDthèque - O-P

Créée

le 31 juil. 2012

Critique lue 406 fois

4 j'aime

Margoth

Écrit par

Critique lue 406 fois

4

D'autres avis sur Heritage

Heritage
LoutrePerfide
8

Critique de Heritage par LoutrePerfide

Voilà bien un album qui va faire jaser et énerver pas mal de fans éconduits et échaudés. Opeth est connu pour ses expérimentations et son mélange savant de folklore Suédois, de Death metal et de Prog...

le 20 déc. 2011

6 j'aime

Heritage
Margoth
10

Un retour aux racines remarquable

Lundi 20 juin 2011, 1h30 du matin. Clisson, Hellfest. Je suis assise par terre, sur une pelouse décharnée d’avoir été piétinée durant trois jours par quelques quatre-vingt mille personnes, totalement...

le 31 juil. 2012

4 j'aime

Heritage
AmarokMag
7

Héritage

Antithèse de tout ce qu'ils ont produit à leur début, OPETH revendique son dixième opus comme un nouveau départ. Le titre, Heritage, en dira long sur cette volonté de prendre les choses du passée...

le 14 janv. 2012

2 j'aime

Du même critique

Angel Dust
Margoth
10

Un ange de poussière magistral

[...] Et tu vois, lecteur, même si parler de ça me tenait à cœur, tu ne peux pas savoir, là, devant mon traitement de texte, comment je me retrouve très conne. J’ai tellement envie d’en parler que je...

le 3 août 2012

16 j'aime

7

Knightriders
Margoth
8

Le Peter Pan de Romero

Présenté aux Utopiales comme une rareté, Knightriders fleure bon le moment privilégié où la chaleur n’a d’égal que le goût assurément bon des spectateurs présents. Et quel moment mes aïeux ...

le 25 nov. 2012

9 j'aime

Final Fantasy VII: Remake
Margoth
9

Nostalgie nouvelle

Aux termes de soixante-dix à quatre vingts heures de jeu, difficile de ne pas sortir de cette aventure indemne. Fruit de plusieurs années de travail intensif, Final Fantasy VII Remake est le résultat...

le 23 avr. 2020

7 j'aime