Hard to Earn
7.8
Hard to Earn

Album de Gang Starr (1994)

Que dire de ce quatrième album de feu Guru et du fameux Dj Premier, sinon qu'il a constitué un vrai choc dans ma découverte du Hip-Hop et de la musique en général, car en 1994 j'étais quasiment sans expérience, et on ne peut pas dire que cela faisait bien longtemps que je m'y intéressait vraiment avant l'acquisition d'une chaine Hi-Fi, car oui, le seul support que je connaissais en ce temps là c'était la vieille cassette audio. Alors quand j'ai inséré mon premier CD (je reviendrai là dessus en temps voulu) j'ai pris une sacrée claque, un peu comme si j'avais retrouvé l'audition tant le son était clair et précis.


Navré, je digresse, c'est l'un de mes défauts, et je m'en excuse. Pourtant, je trouve cette parenthèse nécessaire pour mieux parler d'un de mes albums préférés, tous styles confondus. Niveau Hip-Hop, je ne connaissais que Mc Solaar qui avec son mythique "Le nouveau western" qui tourne sur un très astucieux sample du "Bonnie and Clyde" de Gainsbourg, puis l'album "Prose combat" qui contenait ce single au succès phénoménal et selon moi parfaitement mérité.


Si ce "Prose combat" a été mon tout premier album m'ayant familiarisé avec le Hip-Hop et tellement marqué au point de me désintéresser de la chanson Française et de la variété internationale qui constituaient mon paysage sonore de prédilection, ce n'est pas grand chose à coté de l'uppercut donné par “Hard To Earn”.


L'abord de ce sublime disque n'a pas été si évident que ça au début. Je peux même dire que je n'ai pas aimé ce que j'entendais, mais en fait je n'étais juste pas préparé à écouter ce que Dj Premier proposait avec cet opus. J'ai même délaissé l'album un bon moment lui préférant le plus accessible mais néanmoins excellent "Doggystyle" de Snoop Doggy Dog, quelque-chose dans les sonorités me semblant plus familier que le "Hard to Earn" que j'aurais volontiers rebaptisé en "Hard to Hear" pour l'occasion...


Mais même si je ne l'avais écouté qu'une seule fois d'une oreille totalement inexpérimentée, j'ai remis le CD dans la platine et j'ai petit à petit compris de quoi il retournait. Il m'aura fallu tout de même plusieurs écoutes attentives pour vraiment capter en quoi cet album excellent et essentiel est sidérant de créativité. "Hard to Earn" c'est pour moi avant tout le travail d'orfèvre de Dj premier effectué au niveau des samples. C'est bien simple, cet album est une sorte de Frankenstein musical, un assemblage complètement fou de références de musique qualifiée de noire, qu'il s'agisse de funk, de jazz, ou de soul, et bien d'autres choses encore. Constatez par vous même la quantité incroyable de ces samples constituant la colonne vertébrale d'Hard to Earn, et vous aurez une meilleure idée de la culture musicale de Dj Premier. Certains artistes pourraient bien dire que c'est du pillage de leur œuvre, ce lieu commun a par ailleurs fait son temps, mais ce serait ignorer tout le travail d'editing effectué sur les échantillons ainsi que sur la manière de les agencer et de les transformer pour en faire quelque-chose de nouveau.


Là où certains autres producteurs de Hip-Hop se contentent de prendre un échantillon de quelques secondes et de le faire tourner en boucle sur un beat, Premier quant à lui va beaucoup plus loin, car malgré la grande variété des styles prélevés à leur source, l'œuvre ainsi obtenue est non seulement créative, mais dégage une impression de cohérence stylistique parfaitement maîtrisée. C'est du pur Hip-Hop comme aiment le répéter jusqu'à satiété les rappeurs de tous horizons. Et je conclurai en disant que c'est plus que du Hip-Hop, mais aussi et surtout une œuvre totalement indispensable !

Electrocouak
10
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Créée

le 13 mars 2024

Critique lue 3 fois

Electrocouak

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