Des hauts et des bas, mais du bon

Billie Eilish, c'est à mon sens l'artiste de pop mainstream ++ qui tire ce pan de l'industrie vers le haut.

Je dis Billie Eilish, mais je parle aussi et surtout de toute l'équipe derrière, en particulier son frère, producteur / arrangeur à qui on doit ses productions aux petits oignons.
Je ne sais pas trop la place que prend Billie dans le projet global, si c'est un pur produit ou si elle apporte une direction.
Tout ce que je peux dire, c'est qu'elle donne l'impression de savoir où elle va.

Sans parler de ses premiers EP, Billie Eilish & co ont à mon sens toujours allié avec brio une prise de risque certaine au niveau de la direction artistique et des sonorités des productions, avec le respect de la plupart des codes pop contemporaine des grandes ondes.
Pas complètement à contre courant, donc, mais pas loin ; WHEN WE ALL FALL ASLEEP, WHERE DO WE GO? insuffle une impertinence certaine avec une production léchée, tantôt dissonante, bruitiste.
Alors oui, Lorde avait déjà tenté deux ans auparavant quelques trucs dans Melodrama, avec Hard Feelings/Loveless dans lequel on se prend une bonne bouffée de fréquences froides et industrielles en pleine face. Et oui, il y a tout un sous genre de la pop qui s'adonne à cela depuis une bonne décennie, Grimes, Charli XCX et j'en passe.

Mais Billie Eilish a de ça qu'elle arrive à en faire des bangers : my boy (2017) Bad Guy (2019), Lost Cause (2021) sont des hits. Bad guy est même de mon point de vue le banger ultime : d'une simplicité redoutable, une production léchée, allié à des bizarreries à la Billie Eilish.

Mais alors qu'en est il de Happier Than Ever ?
L'album est bon. (Mais) plus sage. Et c'est la première chose qui va a priori me faire un peu moins l'apprécier que l'album précédent, tant j'ai aimé ses sonorités distordues. Même si Happier Than Ever regorge de petits effets croustillants.
Il me parait globalement moins homogène. Les productions incorporent beaucoup de nouveaux éléments, à droite à gauche, de la bosa nova, un petit rythme reggaton, un peu d'autotune, des intonations de chant grégorien. Mais c'est réussi. Là encore l'importance du travail du frère.
Tous les morceaux ne sont pas au même niveau, mais le tout s'enchaine bien.

Le bestiau dure quand même presque une heure, à l'heure où j'écris ces lignes, je ne l'ai écouté que deux fois. Je pense très sincèrement que mon avis global peut évoluer vers quelque chose d'encore plus positif avec plusieurs écoutes en plus.

En tout cas il y a toujours des surprises, la première qui me vient en tête est le morceau éponyme : Happier Than Ever. Ça commence comme du Billie sauce 60's, et ça transite vers ... ? je ne sais pas. C'est beau. C'est inattendu. C'est progressif. Et ça me fait un peu mentir quand je disais que l'album était plus sage.

Bref, on pourrait en dire encore plus, j'étais motivé pour un ressenti un peu à chaud. Je ne suis pas déçu du tout de l'album, je prendrai même je pense plaisir à le réécouter une bonne partie de l'été (avec en prime le prochain de Lorde ?).

Mention spéciale sur les lyrics. J'en parle peu souvent, mais le travail d'écriture s'illustre beaucoup plus sur cet album, ainsi que les thématiques abordées.