Everything in Its Right Place

Là où le diptyque Kid A/Amnesiac délaissait les structures rock développés sur The Bends et OK Computer, Hail To The Thief renoue, en quelque sorte, avec le son nineties de Radiohead, tout en l'agrémentant de nappes de bizarreries électroniques notamment sur Where I End And You Begin où la guitare, la batterie aux tons rock et la basse lancinante et puissante de Colin Greenwood s'éclipsent au profit de sonorités plus alambiquées.
Hail To The Thief cristallise et mélange tout ce que le groupe a fait précédemment afin d'apporter une richesse nouvelle à l'ensemble de l'oeuvre du quintet d'Oxford, que ce soit au niveau de la Britpop avec Go To Sleep, du rock mélancolique avec There There (dont la montée peut nous rappeler celle de Paranoid Android et les percussions celles de Climbing Up The Walls, toutes deux issues du grandiose OK Computer), des ballades (Sail To The Moon) et du rock aux accents électroniques avec Myxomatosis (dont la batterie syncopée sonne comme celle d'Airbag), voire même des abstractions électroniques (Backdrifts, digne de l'époque Kid A/Amnesiac) aux tonalités parfois afrobeat avec The Gloaming, titre véritablement annonciateur du très décevant The King of Limbs tout comme de la plus convaincante parenthèse solo de Thom Yorke avec les albums The Eraser et Tommorow's Modern Boxes.
10 ans après la sortie de Pablo Honey, Hail To The Thief, sixième album du groupe, dresse le bilan des multiples explorations musicales de ces touches-à-tout et sert de pont vers une nouvelle ère pour Radiohead, moins prolifique (seulement 3 albums en 13 ans) mais toujours aussi luxuriante.