Graceland, Memphis, Tennessee

On est ici en présence d’un mélange Pop-folk comme Paul Simon sait faire et de la musique Sud-Africaine. Le mélange est parfaitement dosé. Ça met de bonne humeur et en ces temps compliqués c’est plutôt une bonne nouvelle (alors on s’empresse d’aller l’écouter). L’album entier est un bijou unique, il lancera d’ailleurs la « world music ».

J’ai un gros coup de cœur pour trois chansons (pas très original pour deux d’entre elles, mais parfois la critique générale a raison) :
« Graceland » pour son refrain parfait.
« Diamonds On The Soles Of Her Shoes » pour son intro a capella Zoulou/Anglais
« You Call Me Al » Pour son rythme, sa bonne humeur et sa basse !
Sans parler de « The boy In The Bubble » et ses parties de basse fretless, magique, « Homeless » et son chant d’une beauté à couper le souffle. Bref, un album indispensable.

Pour l’histoire, Paul Simon sort d’une dépression suite à son mariage raté avec Carrie Fisher (oui, oui LA Carrie Fisher de Star Wars) en 84. Dans sa voiture, il écoute en boucle une cassette bootleg de musique sud-africaine donnée par un ami. Il s’en fait alors envoyer une vingtaine chez lui pour creuser un peu plus. Il finit par aller en Afrique du Sud pour enregistrer avec les musiciens locaux. Ray Phiri à la guitare, le groupe vocal zoulou Ladysmith Black Mambazo (qu’il fera venir à Londres) et le bassiste (merveilleux !) Bakithi Kumalo et d’autre passeront par le studio de Johannesburg. Il essaye de coller ses textes de Folk New-Yorkais et la musique de la mbaqanga sud-africain. Après deux semaines sur place il rentre à New-York pour finir l’enregistrement, puis à Londres et enfin à Los-Angeles.

Pour l’histoire (bis) : l’apartheid bat son plein en 1986 et Paul Simon contourne le Boycott culturel instauré par l’ANC (parti national du Congrès, puis rejoint par les Nations Unis pour lutter contre le parti ségrégationniste en place qui interdit depuis 1975 toutes collaborations entre étrangers et sud-Africains, blancs ou noirs. Ce boycott est vécu comme un second apartheid). Il aurait dû avoir l’aval de L’ONU mais il s’est contenté du feu vert. Ce qui ne manqua pas de créer des polémiques tout autour du monde (notamment en Angleterre et aux États-Unis). Mais face à la qualité exceptionnelle de l’album la rage finit par disparaitre et Paul Simon remporte plusieurs Grammy Awards dont celui de l’album de l’année en 1987 et celui du meilleur enregistrement (pour la chanson éponyme) en 1988.