Mené par l'iconoclaste Isaac Brock, Modest Mouse sévit depuis une bonne dizaine d'années dans les marges du rock indé américain, louchant sur tout ce que l'Amérique a apporté de déviances musicales ; une œuvre qui aura marqué les esprits outre-Atlantique, mais qui peine encore à trouver un public en France. Avec son lot de bonnes et mauvaises nouvelles, Goods News for People Who Love Bad News, sixième album du groupe ? et deuxième à paraître sur une major après le contemplatif The Moon & Antarctica ? devrait sûrement faire évoluer cette triste situation. Si l'introductif World at Large laisse penser que ces vétérans se sont rangés des excentricités passées en suivant sagement la pop psychédélique et gentiment prétentieuse de groupes comme Mercury Rev, le relief devient heureusement plus escarpé par la suite.
Dans ce labyrinthe, on passe des grooves teigneux hachurés de guitares vivaces (Bury Me with It, The View) à des orchestres de fortune, fomentés en compagnie des vénéneux Dirty Dozen Brass Band, sur lesquels plane l'ombre tutélaire de Tom Waits (The Devil's Workday ou le parfaitement nommé Bukowski). Des oasis pop (Float on, Ocean Breathes Salty) parsèment ce dédale halluciné, rajoutant à la confusion d'un album dans lequel une boussole et une carte sont souvent nécessaires. (Inrocks)


Depuis dix ans, Modest Mouse joue au chat et à  la souris avec une reconnaissance publique et critique qui serait pourtant légitime : naissance discographique très crédible placée sous les auspices de Calvin Johnston et Sub Pop, singularité d'un style qui explose à  peu près tout ce qu'il touche, le trio mérite une place au soleil. Bonne nouvelle, son petit dernier contient de quoi affoler une large tranche de la population, du jeune fan des Flaming Lips (présents ici sur l'excellent The Good Times Are Killing Me) au vieux baroudeur à  qui l'on ne la fait pas. Effectivement, Modest Mouse ne joue pas l'esbroufe : il souffle ici un vent de folie très inquiétant. La voix d'Isaac Brock, bondissante et protéiforme, y est pour beaucoup. Musicalement, il se passe là  des choses qui renvoient à  tout ce que le rock américain compte de fortes têtes : Tom Waits, Pixies, Beck ou Pavement. L'album s'ouvre sur une triplette de tubes, dont Float On, irrésistible machine à  danser, avec son gimmick de guitare rythmique, et Ocean Breathes Salty, énergique association de guitares, choeurs et clavier. La suite, plus chaotique et rocailleuse, recèle son lot de surprises : la belle douceur Blame It On The Tetons, la poppy Black Cadillacsou la sauvage Bury Me With It. Guère plus apprivoisé, Bukowski, exercice country avec banjo et accordéon, renvoie un jeune groupe comme Blanche faire joujou avec sa garde-robe. Mi-rat des villes, mi-rat des champs, Modest Mouse a tout de la souris déglinguée. (Magic)
bisca
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le 10 avr. 2022

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