Get Ready
6.8
Get Ready

Album de New Order (2001)

Get ready est un disque de rock, le plus rock en tout cas de toute la carrière de New Order. Ce n'est ni At The Drive In ni The Strokes, mais ce n'est pas non plus du Pet Shop Boys essoré au lavoir hétéro-centriste comme on pouvait le craindre, ni même un remake syndical de Republic, dernier album en date des mancuniens, sorti en 1993. Serré et compact, le New Order nouveau bouillonne à l'intérieur d'une sève retrouvée, qui lui irrigue et lui retend les chairs, prête à jaillir à chaque seconde. Crystal, premier single et premier morceau de l'album, ressemble à un tour de chauffe où le groupe s'amuse à inventorier ses gestes fondamentaux : la basse distordue, belliqueuse et inimitable du Capitaine Crochet (Peter Hook), le timbre somnolent de Bernard Sumner, quelques nappages synthétiques entrecoupés de breaks mollement house. 60 miles an hour, possède quant à lui la fière allure d'un bolide partant à l'assaut d'une route cahoteuse, avec un son quasiment live, étrangement rêche et sale. Turn my way, dans sa construction, est un New Order ultra-classique dont l'étrangeté, au final, réside dans l'alchimie délétère suggérée par le mariage des voix dissemblables de Billy Corgan et de Barney. Sur Vicious streak, c'est un beat électronique qui prend le relais du batteur Stephen Morris sur une fausse ballade où Barney, entouré d'un minimum d'effets, en profite pour tricoter l'une de ces mélodies crève-cœur dont il possède l'éternel secret. Emmené par un motif de guitares offensif et une cavalcade de bongos, le cinglant Primitive notion est en son milieu pilloné par une grosse artillerie techno pour une montée en puissance qui rappelle la transe électrogène des derniers Primal Scream. Slow jam sonne encore plus Primal Scream, voire stonien, voire stoogien : New Order fait dans le "vieux désordonné" millésimé début seventies tout en conservant un minimum de sa rigidité endémique. Arrive ensuite Rock the shack, la bombe euphorisante de Get ready, sans doute un hit planétaire en devenir, qui entrechoque big beat et rock sévèrement burné en quatre minutes de pur relâchement potache. Beaucoup plus subtil avec ses effluves de dub electro, Someone like you fait ensuite place à Close range, une satanée pop-song bâtie selon les schémas déposés par New Order durant la seconde moitié des années 80 (période Brotherhood et Technique) et dont ils sont les seuls au monde à maîtriser tous les ressorts et à savoir reproduire les nuances. En guise de coda, New Order débranche la prise de courant, renvoie Primal Scream sur La Planète des singes et déploie le grand jeu : guitares acoustiques, tambourin, mélodica et nuage de cordes pour une ballade splendide et ouvragée comme un papillon de soie. New Order est de nouveau à la hauteur de sa réputation. (Inrocks)


On ne savait à quoi s'attendre. On pouvait craindre le pire, tout en continuant d'espérer le meilleur. Pourtant, les rumeurs au sujet des collaborateurs envisagés pour l'album du grand retour de New Order n'étaient guère rassurantes : Moby a eu beau reprendre New Dawn Fades de Joy Division, on ne voyait vraiment pas ce qu'il allait pouvoir apporter au groupe le plus influent de ces deux dernières décennies. Et encore, ce n'était rien comparé aux sueurs froides provoquées par une possible participation de Rollo, le gourou transe de Faithless. Ce qui, reconnaissez-le, aurait été un choix pour le moins ironique de la part d'une formation qui a baptisé l'un de ses plus beaux hits True Faith. Et puis, au final, rien de tout cela. On pouvait pousser un soupir de soulagement. Mieux, on pouvait même commencer à se réjouir. Car les trois invités confirmés (Billy Corgan au chant et aux choeurs sur Turn My Way, Bobby Gillespie dans le même rôle sur Rock The Shack, qui plus est accompagné par son guitariste savant Andrew Innes) avaient quand même une tout autre allure. Ainsi que le producteur finalement retenu, Steve Osborne, dont on se disait que la jeunesse et l'impétuosité ne pouvaient que servir à merveille les nouvelles compositions imaginées par le quatuor mancunien. Et, surtout, ces gens-là donnaient tout de même quelques sérieux indices quant à la teneur dudit disque : peu de chances qu'ils aient pris un virage r'n'b ou décidé de concocter un album entièrement dédié à l'électroni(c)que. Encore fallait-il s'en assurer, tant ils ont souvent pris un malin plaisir à se retrouver sur le terrain où on les attendait le moins. Au terme d'une écoute distraite de Get Ready, la première réaction qui vient à l'esprit pourrait être un laconique : "Tout ça pour ça..." Huit années de sevrage prendraient donc fin avec un disque où Bernard Sumner, Peter Hook Stephen Morris et Gillian Gilbert se seraient contentés de tirer sur leurs grosses ficelles, de réciter leur alphabet musical : chant détaché, basse profonde, rythmique implacable, nappes de clavier en apesanteur. Et puis, on finit par se rendre à l'évidence : c'était en fait exactement ce qui nous avait tant manqués depuis toutes ces années, cette magie mélodique, trop rarement croisée dans les différents projets solo (Vivid d'Electronic, What Do You Want From Me? de Monaco, quand même...). Par bien des aspects, on pourrait rapprocher Get Ready de Brotherhood, l'un des albums les plus mésestimés de New Order, sans doute parce que l'intouchable Bizarre Love Triangle faisait un peu trop d'ombre aux autres morceaux, qui alliaient à merveille, pour certains, la puissance du rock à la finesse de l'électronique et allaient chercher dans le passé la modernité (l'autocitation de Love Will Tear Us Apart à la toute fin de Way Of Life). C'est cette même veine qu'exploite Get Ready, avec une luminosité rarement égalée. Oui, c'est vrai, New Order se souvient de son histoire, qu'il fut un temps un groupe à guitares, qu'il est né des cendres de Joy Division , mais réussit à la conjuguer au présent, voire au futur. Tout commence par Crystal, premier single au refrain rageur, soutenu par une rythmique vindicative, avant de basculer sur 60 MPH, lancé par une basse titanesque et d'une puissance irrésistible. Turn My Way se fait un peu attendre pour mieux se dévoiler en l'un de ces instants d'éternité mélancolique contagieuse, d'une clarté mélodique désarmante, et, au final, digne descendant du This Time Of Night de LowLife. Puis, la naïveté électro et minimale du... vicieux Vicious Streak laisse place à Primitive Notion, qui donne une idée assez précise de la façon dont aurait pu sonner Closer si Joy Division l'avait enregistré en l'an 2000, alors que Slow Jam renvoie Oasis à ses chères études : voilà un hymne rock et moderne. Un peu comme Rock The Shack, où le quatuor prouve qu'il n'a en aucun cas oublié ses racines punk, tout en avouant qu'il reste perméable aux influences, l'ombre de Primal Scream planant dangereusement sur ce morceau dévastateur. Alors, Someone Like You se dévoile en merveilleux numéro d'équilibriste entre house et pop, exercice dans lequel New Order est passé maître depuis belle lurette. Si Close Range ruine tous les efforts des Chemical Brothers depuis leurs débuts, Run Wild surgit en conclusion acoustique et apaisante. Sans doute moins immédiat que Republic ou Technique, Get Ready est un disque qui passera sans ambages l'épreuve du temps. D'autant plus que chaque écoute permet de découvrir un nouveau détail, une superbe trouvaille ces chansons ont bien trouvé dans la production d'Osborne un écrin à leur mesure et crée chez l'auditeur une crise de boulimie musicale presque effrayante. "We're like crystal/We break easy", lance nonchalamment Bernard Sumner en ouverture de Crystal. Il ne reste plus à espérer que cette phrase ne sera en aucun cas prémonitoire.(Magic)
Je pourrais bien sûr vous raconter, blah blah, pourquoi New Order est LE groupe important pour moi, un des rares à avoir été déterminant dans ma prime jeunesse, au cours des années, et dont l'intérêt perdure même maintenant que je suis presque un vieux (con), mais la nostalgie, bon, bref.

Et puis j'arrive assez bien à concevoir qu'aujourd'hui on puisse découvrir "Perfect Kiss" ou "Temptation" et que cela ne fasse ni chaud ni froid (en fait, non, je n'arrive pas à le concevoir, mais j'ai dit que je n'en faisais pas trop donc je n'en fais pas trop). Venons en à "Get Ready", nouvel album, attendu, qu'on n'attendait plus ou qu'on n'osait plus attendre, au choix... longtemps après un "Republic" un peu creux et factice, peinant à suivre le rythme imposé par son morceau d'ouverture, un "Regret" d'anthologie, ce nouvel album est tout bonnement une réussite, et n'est ni ringard ni hors de propos. Pas génial, pas révolutionnaire certes... alors ? alors il y a la fascination de retrouver toutes les pièces du puzzle (je détaille pour les plus jeunes : cette voix inimitable, ces refrains comme tombés du ciel, ces guitares à la fois rageuses et fragiles, ce son de basse (une minute cinquante six d'attente... "Get Ready"... revoilà Peter Hook... ), cette alchimie incroyable entre organique et digital...), assemblées ici avec une maestria et une intensité certes connues, mais toujours source d'une émotion hors norme.Hormis le faux plat final ("Run Wild", une "ballade") et l'indolent "Vicious Streak", l'album est globalement plus "rock" que ses prédécesseurs récents, faisant la part belle aux guitares, l'électronique avec pertinence s'engouffrant dans les brèches, les relâchements (le break de "Primitive Notion" ou l'intro de "Slow Jam"), mise KO avec le renfort d'un Bobby Gillespie teigneux des grands jours sur un "Rock the Shack" tout en nerfs, avant de se relever pour tisser le trame suave du début de "Somebody Like You").La facilité apparente qui transpire de ce disque incite aux lapalissades : "I'm gonna live till I die" chante Barney sur "Run Wild"... et je ne vois pas pourquoi New Order ne sortirait pas d'excellents disques tant qu'ils n'arrêteront pas d'en sortir. Grand disque, groupe immense, et j'emmerde la nostalgie. (Popnews)


Voici le retour inespéré des hommes de manchester après huit ans d'absence et leur album "Republic" de 93 qui, il faut bien l'avouer, n'a pas fait l'unanimité. "Get ready" leur nouvel album est donc un événement surtout pour les fans de Joy division où opéraient Bernard Sumner (guitariste, dit Barnay), Peter Hook (le bassiste) et Stephen Morris (le batteur), mais qui deviendra New Order à la suite du suicide du regretté Ian Curtis en 1980. Alors certains pensent ranger dès à présent New Order dans la catégorie des dinosaures du rock anglais, mais il suffit d'écouter ce nouvel album pour se rendre compte que l'énergie des "papys" est toujours là et ils signent même certainement leur album le plus rock de leur carrière! Alors oui, comme beaucoup le présentaient, les synthés et l'ambiance électro sont omniprésents mais les guitares se déchirent souvent et le batteur n'est jamais en reste.Premier exemple, 'Crystal', le premier titre et single de l'album, et tout le monde a sûrement déjà en tête le refrain "We're like Crystal, yeaaaaaaaaaaaahhhh ". On plonge alors dans cette ambiance rock-électro et on y sortira que par de brèves respirations à la "surface du rock" sur les derniers titres de l'album notamment. On reste en apnée totale par contre avec '60 miles an hour' qui à l'aide de la basse du capitaine Hook démarre sur les chapeaux d'roues! Ligne de basse, guitares et nappes de synthés, tout est là ! Du bon New Order, et deuxième single en perspective... Puis Ô surprise, un invité, MONsieur Billy Corgan qui fait les chœurs. Excellent duo, rock US et brit se mélangent à merveille, les guitares résonnent même un peu la citrouille ardente ;). Une des belles réussites de cet album. Après, à la première écoute j'ai cru écouter du Madonna l'intro m'a rappelé "Muuuuuuusic", étrange et même un peu gênant... Par contre la mélodie est réussie et reste en tête. Même si 'Vicious streak' n'est pas LE titre de cet album il est toute fois convenable. LE titre de cet album est sans doute 'Primitive notion', avec toujours la basse de Hook, chez les New Order on ne renie pas le passé. La preuve, ce morceau n'aurait sûrement pas fait honte à Joy Division de la grande époque. En plus des guitares déchirantes, Stephen Morris nous fait un grand numéro de baguettes avec un rythme rompu à la batterie. Fans de Joy division FONCEZ!Par contre après revenez parce que avec 'Slow jam' vous allez vouloir brûler mon CD ! Il me reste un arrière goût de "Definitely maybe" (d'Oasis) après l'écoute de ce titre... Bref, il était temps que Bobby Gillepsie prête sa voix sur le 7ème morceau 'Rock the shack', morceau très rock et très nerveux, collaboration réussie. Sur le morceau suivant, 'Someone like you' la femme du groupe se fait entendre (Gillian Morris la femme de...), morceau donc plus électro avec une mélodie soignée au synthé, on retrouve un New Order des années 80. Un peu fade à mon goût en fait ce titre (ambiance funky j'dirais...zarb...). Avec 'Close range' on reste dans la même ambiance en un peu plus "dance" peut-être. Pas de quoi grimper aux rideaux, enfin ça plaira sûrementà d'autres ! Et le final... THE balade qu'on sent arriver de loin ! alors hop on s'allonge dans l'herbe, on sort l'harmonica et on chante à la gloire du petit Jésus (si si écouter les paroles ;) ). Ambiance scout, j'aimerais bien rester et faire bronzette mais j'ai oublié ma crème solaire alors hop ! à la maison !Au final, on a quand même à faire à un retour des New Order qui est loin d'être raté, et après tant d'absence la tache n'était pas aisée... Disque assez homogène, très honnête, même si sur les derniers titres je reste un peu sceptique, mais soyons indulgents "Get ready" est l'une des bonnes surprises de cette année ! (indiepoprock)
bisca
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le 11 avr. 2022

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