Fuzz par Olivier Warzavska

Je participe à un record de plongée en apnée en m’accrochant à un cachalot, une fois en profondeur je dois me débrouiller seul pour remonter, bien que si je suis en difficulté un autre plongeur me passera un masque à oxygène au travers d’une sorte de grille ou de filtre.
Je replonge pour me retrouver d’un coup d’un seul à 30 mètres de profondeur avec un équipement complet de plongeur. J’évolue dans un immense bassin. Un réseau de bassins configuré comme des pièces d’appartement de tout un ensemble d’immeubles aux ramifications lointaines.
Partout des fenêtres donnant sur des scènes de vie du monde.
Je suis spectateur.
Ces gens vivent leur vie.
Dans la lumière.
L’eau est très claire, bleue, je ne suis pas seul, bien que très peu nombreux en rapport à tous ces hommes et femmes derrière les cadres.
Je me réveille une première en demandant à mon double quelques précisions.
C’est très confus.
Je sors de l’eau avec l’image d’une grosse tortue se mouvant sur une plage de sable fin. Cette tortue est un potentiel. A la fois capable d’évoluer sur terre et dans l’eau. Elle cherche à retrouver l’eau, gênée par les dunes défrichées par l’Arcane sans nom, pour retrouver le milieu aquatique où je suis plus à mon aise.
Au bord de l’eau une énergie me propulse avec beaucoup de force - Le Mat : énergie primale - Dans l’eau, je me retrouve soit la tête à l’envers plongeant vers les profondeurs à l’instar des personnages de la Maison Dieu soit dans le mouvement fluide et serein au coeur du monde des courants unifiés de la Tempérance.
J’alterne les sensations sur courant alternatif.
Le doute est doute de savoir si je vais atteindre la mer, dans la situation d’une tortue ; la forme de la carte du Monde renvoie elle aussi à la forme d’une carapace de tortue.
Plonger c’est s’incarner (descendre dans les profondeurs avec une marge d’action et de perception réduite), plus on s’enfonce plus la lumière se tarie, s’incarner non pour participer à la comédie humaine, mais en observateur, en joueur-Bateleur, expérimentateur une approche particulière du courant vital.
Je suis tortue consciente de mon unité : ma carapace me protège, alcôve circulaire protégeant la femme au coeur de l’arcane du Monde. Créature aquatique, la tortue cherche à rejoindre la terre ferme (les certitudes) et se meut difficilement dans le sable (des idées, des illusions, des paroles...) pour y pondre ses oeufs avant de retourner à l’eau. Ces oeufs ne sont pas des choses qui nous appartiennent mais des offrandes que l’on plante dans la terre pour qu’ils participent eux aussi à la grande marche.