Fur and Gold
7.1
Fur and Gold

Album de Bat for Lashes (2006)

Au-delà du décorum folkeux convenu (l’ineffable Devendra B. est remercié dans les crédits) à l’affiche sur ce premier album de Bat For Lashes, on a plaisir à retrouver à la production David Kosten, l’un des plus mésestimés arrangeurs de l’époque, qui, sous le pseudonyme de Faultline, a commis deux disques – Closer Colder (1999) et Your Love Means Everything (2002) – qui nous marquèrent profondément. On y croise aussi un autre revenant, l’ami barbu texan Josh Pearson, remis du split des bruyants Lift To Experience, pour enluminer Trophy et I Saw A Light de striures de guitares mémorables, faisant penser à une Björk produite par Kevin Shields.
Car les petits tics vocaux de Natasha Khan sont à la base aussi irritants que les pitreries de l’Islandaise. À tel point que Bat For Lashes pourrait illico rejoindre cette flopée de chanteuses à voix agaçantes. Il y a pourtant dans Fur And Gold beaucoup d’élégance et de tendresse, notamment dans une production à la fois pleine et rigoriste, se basant sur le dénuement des compositions pour les enrichir sans les alourdir. Ainsi, la chanson What’s A Girl To Do? fait figure d’exemple, partant d’un beat originel des Ronettes et acceptant la modernité sous la forme d’une rudimentaire boîte à rythmes, avant de revenir sur ses marques 60’s à l’aide d’un simple tambour.
Pour ne rien gâcher, le refrain évoque irrémédiablement le divin Arabian Knights de Siouxsie And The Banshees. On a donc voulu emmener ces chansons un peu plus loin que leur jolie démarche de hippie propre sur elle ne le méritait. Pas étonnant donc qu’on retrouve également Ben Christophers dans cette affaire qui évoque parfois une Kate Bush égarée chez Piano Magic. On finirait presque par adhérer à ce disque aussi horripilant que fascinant, se plaisant même à croire qu’on a dû croiser Natasha Khan dans une vie antérieure. Et que l’on a pu, à notre corps défendant, en tomber gravement amoureux. (Magic)


On ne compte plus les inconscientes qui ont tenté d'emprunter le même sinueux chemin que Björk ou Kate Bush, pour s'échouer lamentablement dans un océan de vocalises crispantes et d'arrangements inutilement alambiqués. Mais Natasha Khan, alias Bat for Lashes, jolie brune excentrique, a su s'aventurer sur ce terrain des plus minés en évitant tous les pièges. Cette Anglaise d'origine pakistanaise, descendante d'une longue lignée de champions de squash, maintient miraculeusement, tout au long de son captivant premier album (paru il y a un an déjà outre-Manche !), une précieuse distance avec ses modèles évidents. Tout simplement parce qu'elle s'est déjà forgé sa propre et forte personnalité. A l'instar des icônes susnommées, Khan écrit des chansons qui s'écartent des structures conventionnelles de la pop, tissant avec invention mais sobriété d'envoûtants paysages sonores adaptés à ses récits féeriques, oniriques. A coups d'élégants motifs de clavecin, de claviers électroniques, de theremin et de cordes, Bat for Lashes crée un univers habité, aussi intrigant qu'un film de David Lynch. L'hippie chic Natasha a peut-être autant étudié le cinéma expérimental que la musique de Steve Reich, elle s'est également occupée d'enfants dans des crèches, où ses drôles de contes improvisés captivaient son jeune auditoire. Nul doute que c'est aussi là que cette petite cousine gothico-baba de Siouxsie a développé son goût pour des costumes sortis tout droit de Narnia (entre parure de paon et combinaison de tigre). De Trophy à Prescilla, ses chansons audacieuses nous attirent irrésistiblement dans un monde à part. Le sien. (Hugo Cassavetti )
Pas mal, comme cadeau de baptême, que ces hommages envoûtés – auxquels s’ajoutèrent ceux de Jarvis Cocker ou de Devendra Banhart –, alors que, moins d’un an auparavant, le (faux) groupe concourait pour l’édition 2006 de CQFD !

Seconde peau d’une jeune sauvageonne nommée Natasha Khan, 29 ans, Bat For Lashes s’apparente plus volontiers à un sortilège sonore qu’à un ordinaire projet pop. En cela, il réanime une fois encore ce vieux songe anglais qui, depuis quarante ans, cherche à unir dans un tourbillon magique instruments traditionnels aux patines anciennes – médiévales, élisabéthaines – avec les modernités du moment.Il y a eu le folk psychédélique anglais incarné par Fairport Convention et ses sirènes droguées (Judy Dyble et Sandy Denny), la muse gothique du rock progressif Kate Bush puis sa petite sœur punk Siouxsie, les valeureux Cocteau Twins dans l’environnement hostile des années 80 ou encore l’inodore cousine américaine Tori Amos. Il faut compter aujourd’hui avec la belle Natasha, dont les origine pakistanaises et la bougeotte perpétuelle (elle a résidé à San Francisco, dans le sud de la France et dans la campagne anglaise, avant de planter son décor à Brighton) apportent un peu d’air et de mouvement à ces vieilles articulations musicales endormies.
Des articulations qu’elle réveille en sursaut au son du clavecin hypnotique et des turbulences d’ondes Martenot sur Horse and I, le titre qui ouvre Fur and Gold et déploie d’emblée une atmosphère surréelle, telle une chevauchée fantôme sous une pluie d’étoiles dont elle serait l’amazone gazeuse, dans un majestueux ballet d’apparitions et de transparence. Sur l’autre single paru depuis l’album, What’s a Girl To Do , où les timbales spectoriennes tambourinent aux portes d’un autre songe éveillé, l’orgue d’église et la harpe virevoltent au clair de lune pendant que la voix feu follet magnétise une mélodie flippante qui rappelle les films de Dario Argento – en témoigne la vidéo géniale qui l’accompagne.
Fur and Gold ressemble un peu au brassage de tout ça, reconfiguré XXIe siècle par David Kosten, le magicien de Faultline, qui a su autant canaliser certaines figures de styles trop clinquantes – il en reste quelques-unes, comme ces anodines ballades au piano – qu’à révéler en ombrages discrets ou grands ornements des chansons qui naviguent entre la chamber pop et l’electronica expressionniste. Quant à la présence maléfique, sur plusieurs titres, de Josh T. Pearson de Lift To Experience – voix de maître vaudou et guitare à tisser des cauchemars –, elle apporte un contrepoint idéal à l’évanescence féminine de ce disque sans cesse en quête de merveilleux et d’étourdissement. Et qui, du coup, tamise çà et là d’une part d’ombre sa beauté aveuglante. (Inrocks)


Ville foisonnante en projets musicaux tous azimuts, des mix balnéaires de Fatboy Slim au rock instrumental d'Electrelane en passant par la pop sportive de The Go! Team, Brighton tient désormais sa Björk en la personne de Natasha Khan.

Bat For Lashes, le groupe qu'elle forme avec Abi Fry, Mary Funnell et Anna McInerney, est né d'un rêve. Alors étudiante en cinéma, elle est réveillée, par l'étalon noir qui pointe la tête à sa fenêtre pour l'envoyer vers la quête de sa destinée. Inspirée du mythe de Jeanne d'Arc, cette histoire à dormir debout est celle de "Horse and I", magistrale ouverture de "Fur and Gold". Légère brise, synthé fantomatique, mélodie au clavecin et rythmique martiale accompagnent la voix éthérée de Khan. Le décor est planté. "There is no turning back" chante-t-elle. Certes, non ! On n'a aucune envie de rebrousser chemin… Suivent la grosse basse et les graves notes de piano de "Trophy" qui ne plombent pas l'ambiance car allégées des clapements de mains ponctuant l'ensemble du disque.La musique de Bat For Lashes, c'est ça. Des notes de pianos égrenées soutenues par des mélodies au clavecin, à la harpe, au banjo… et… des clapements de mains. Mais surtout, c'est cette voix aérienne qui confère un souffle épique à l'ensemble.Bat For Lashes, c'est aussi tout un univers fantastique. Sur la pochette, Natasha, mi-indienne, mi-guerrière, tient la bride de son cheval. La photo est coupée, mais nul doute que ce cheval-là a des ailes. La voie lactée empruntée par Bat For Lashes a certes été battue. Les nombreuses petites sœurs de Björk sont déjà passées par là. Elles ont toutes traversé la constellation CocoRosie avant que le soleil ne se couche pour elles, les laissant dans l'ombre.Bat For Lashes est peut-être, elle aussi, coincée quelque part entre CocoRosie et Björk mais l'écoute de ce premier album ne lasse pas l'imagination : Fur and Gold se transforme vite en piège à rêves dans lequel il est doux de se laisser prendre…(Popnews)


Il était une fois une forêt quelque part en Angleterre. Au milieu s'ébattait une jeune et jolie elfe qui se prénommait Natasha Khan. Elle avait fondé une confrérie avec plusieurs elfes comme elle. Elles se dirent : "Faisons de la musique", et elles se mirent alors à écrire de belles chansons, comme on n'en entend plus souvent. Elles firent avec les instruments qui leur tombaient sous la main, tel ce clavecin enjoué et inquiétant sur "Horse and I", cette harpe sur "What's a Girl to Do", sûrement écrit un soir d'orage, où il est dangereux de traîner dans la forêt et où il est plus sûr de fuir à bride abattue. Elles n'étaient pas seules, ces jolies elfes, dans leur repère de nature. Elles y croisaient régulièrement d'autres membres de leur espèce, qui étaient de lointains voisins (Sigùr Ros et Björk), ou encore de vieilles créatures très sages (PJ Harvey, Kate Bush). Mais Natasha et ses comparses avaient su trouver celui qui fabriquerait l'écrin qu'elles méritaient, et ce chef d'orchestre avait pour nom David Kosten. Comme celui-ci était gentil, il leur fournit aussi de beaux claviers et des beats caressants qui battent dans une même harmonie que les éléments de Mère Nature sur l'enfantin "The Wizard", quand ils ne se font pas plus menaçants sur le guerrier "Trophy". Et pour distraire les aventuriers qui traversaient leur contrée, elles eurent le bon goût d'écrire le léger "Prescilla", qui prouve que harpe et rythmes discoïsants peuvent se mélanger et donner envie de danser et de taper dans ses mains à l'unisson. Ces elfes savaient aussi conter la tristesse, comme sur "Sad Eyes" et ses choeurs éthérés, ou "Seal Jubilee" et ses arrangements de cordes et ses nappes de clavier qui portent en eux une douce mélancolie, entretenue par ces harmonies vocales aériennes qui traversent ces onze contes. "Prescilla" avait une petite soeur triste et enjouée à la fois qui s'appelait "Sarah", mutine et technologique, chaos des recoins sombres d'une nuit sans étoile. Le voyage prit fin avec le jour et le lever du soleil : "I Saw a Light" : quel autre astre pouvait fournir une lumière aussi vive, mais aussi violente dès l'aube ? Alors Natasha Khan nous accompagna une dernière fois, et nous montra la sortie de ce songe en onze chapitres, histoires tirées d'un imaginaire qui n'a pas perdu toute innocence. C'est une fée qui a créé ce disque dense, envoûtant parfois, riche comme peuvent l'être les contes d'antan, intense ou violent comme le sont les éléments qui nous entourent. Natasha Khan a tout pour durer, pourvu qu'elle ne se trompe pas de chemin, mais ça, c'est une autre histoire... (Popnews)
Natasha Khan a eu la chance de voir une bonne fée se pencher sur son berceau. Née dans une famille de célèbres joueurs de squash pakistanais, elle parcourt le monde dès son plus jeune âge et se forge un imaginaire propice à l’évasion. Etablie à Brighton en Angleterre, la jeune femme étudie le cinéma et la musique, rencontre Devendra Banhart et le projet Bat For Lashes voit le jour.  

Quatuor féminin composé de Ginger Lee, Abi Fry, Lizzie Carey et Natasha Khan, Bat for Lashes (littéralement "Battre des cils") pourrait tout aussi bien être le rassemblement de Chan Marshall, Björk, PJ Harvey et Kate Bush. C’est en tout cas l’impression qui ressort après quelques écoutes des onze titres de "Fur and Gold". Le groupe possède en Natasha Khan une chanteuse de tout premier plan dont le timbre de voix rappelle étrangement les 4 glorieuses artistes susnommés. 
Pour accompagner cette voix enchanteresse on retrouve un arsenal féerique de cordes, piano, harpe, chœurs…dont l’ensemble créé un univers onirique propice à l’évasion. On retiendra notamment les percussions martiales de What’s a Girl To Do, le piano poignant sur Sad Eyes, les clappements de mains de Prescilla ou le clavecin et les ondes Martenot de Horse and I. Quand à Trophy, il remporte la palme du plus bel hommage à une volcanique islandaise pour qui féerie rime avec mélodie.
Natasha Khan fait une entrée remarquée dans le cercle fermé des féés de la pop, des magiciennes aux voix sensuelles et envoûtantes, capables d’un coup de timbre magique de vous transporter au pays des merveilles. (indiepoprock)

bisca
7
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le 13 mars 2022

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