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Album de Maceo Parker (1998)

L'autre jour, un ami d’humeur un peu maussade est passé à l'appartement, il était même plutôt triste, parce que dans sa vie, tout n'allait pas forcément pour le mieux. Alors j'ai mis du Maceo Parker que j'ai soigneusement emballé dans du joli papier blanc.


Alors du sourire est sorti des enceintes. Du grand sourire sensuel tout rouge qui s'ouvre sur de belles dents blanches, du grand sourire apaisant qui réchauffe l'atmosphère de sa présence incandescente, du grand sourire un peu magique duquel jailli un bouquet de belles couleurs vives pour ré-enchanter un monde devenu un peu trop sombre. Et puis, ce grand sourire, il s’en est allé flotter légèrement un peu partout dans mon salon - cuisine, ou plutôt dans mon petit salon - kitchenette bordeaux avec ses deux brûleurs et son mini-frigidaire, propulsé par une basse limpide, rebondissant dans tous les coins au rythme de la batterie, ondulant sous les distorsions du synthétiseur, s'agitant furieusement dans les airs aux sons chauds et envoûtants des saxos et de la trompettes et du trombone, se laissant entraîner dans de longues transes démentielles par les envolées wah-wahté de la guitare, avec toutes ces voix d’hommes et puis de femmes qui flottent dans les airs avec lui, est passé par dessous la table, a zigzagué entre les chaises, a serpenté entres les verres, a tournoyé autours de la cafetière, a pianoté sur les piles de livres, s'est reflété à travers toutes les bouteilles transparentes et s'est déformé et s’est agrandi et s’est rétréci et s'est coloré de nuances délavées en se reflétant dans leurs liquides nacrés, s'est déhanché avec les rayons de soleil s'infiltrant tranquillement par les hautes fenêtres dans cette fin d’après-midi automnale, a flirté avec la grande plante et ses longues et fines feuilles vertes foncées posée à côté du canapé dans de long corps à corps inspirés, a même bien failli se faire marcher sur le pied par un éléphant alors qu'il dansait avec autours de la table basse, avant de terminer calmement sa course sur le coin des lèvres de mon ami un peu triste qui ne semble maintenant plus trop l'être. Alors les saxos et la trompette et le trombone et la guitare et la basse et les synthés et la batterie et toutes les voix qui les accompagnent sont retournés dans les enceintes.


Il semble même plutôt content, maintenant, mon ami un peu triste. Dans un de ces états d'apaisement inconscient d'une fin de rêve quand le matin vient calmement s'infiltrer par la fenêtre avec son vieil ami le soleil, avant que les mystères abstraits de la vie ne vous retombent vraiment dessus.

Clode
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le 1 nov. 2016

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