To Funkadelic or to Parliament? That is the question.

Au risque de surprendre si je devais voter pour le prix du "génie" des 70's ma voix irait à George Clinton.
Position difficile à défendre mais ça tombe bien je ne veux convaincre personne...
Après avoir réécouté l'ensemble de l'œuvre du coiffeur le plus Funky de l'histoire l'idée ne me quitte plus.
Dans le sens le plus éthymologique du terme je ne vois pas qui a genere une telle production musicale en une décennie, 20 albums entre Funkadelic et Parliament avec une constance plutôt remarquable c'est fou...
L'écoute chronologique dévoile une évolution perpétuelle du processus musical, entre le Funk Rock psyché, bordélique et torturé de Maggot Brain et le P.Funk chirurgical et hyper dansant de Motor Booty Affair on a une palette immense de variations de timbres, de direction artistique et d'univers.

Même si la frontière entre les 2 groupes s'estompe au fil de la décennie je garde ma préférence pour la production plus structurée, entrainante et accrocheuse de Parliament.
Par ailleurs j'ai beau être admirateur d'Hendrix j'adhère plus au jeu groovy et clean de Eddie Hazel que ses innombrables lead fuzzy propres aux disques de Funkadelic

Fred Wesley, Maceo Parker et Bootsy Collins issus du centre de formation "James Brown" sont aussi plus en avant à l'image du groove extraordinaire du riff de basse de Flash Light, morceau d'exception dans la discographie de Clinton dans le sens où il n'est pas loin de sonner disco.
Il ne faut pas s'y tromper, George le Freak n'a cessé de clamer que Funk et Disco étaient radicalement différents, sur Uncle Jam Wants You le groupe se la joue recruteur de l'armée afin d'extirper les brebis égarées contre l'envahisseur Disco...il faut dire qu'il y en avait besoin tant le tsunami avait embarqué une bonne partie du troupeau, les Stones, Kiss, ELO, Blondie, Rod Stewart...etc.

Funkentelechy vs. the Placebo Syndrome échappe de peu au plus gros de la vague, Bop Gun est le titre le plus "4 on the floor" de la discographie de la P.Funk Family mais garde leur signature sonore si caractéristique directement inspirée de Sly & The Family Stone en allant néanmoins bien au delà car Funkadelic et Parliament c'est bien plus que du Funk.
Comme certaines formations essentielles de l'histoire du Rock, Clinton va réussir à créer son propre style à partir de la plupart des courants de l'époque en extrayant l'essence du psychédélisme pour la longueur des morceaux et les jams sous acides, du Funk pour les rythmiques groovy et les arrangements hyper syncopés des instruments, du Glam pour le look et la posture décalée, du Rock pour l'énergie, du Disco pour le côté dansant et commercial et même du Prog pour la grandiloquence de ses spectacles (le mothership connection spaceship qui attérit pour débarquer le groupe...)

Funkentelechy vs. the Placebo Syndrome marque aussi une nette progression dans la production, cet album et son frére One Nation Under a Groove n'ont pas pris une ride, pas étonnant qu'ils fassent parti des disques les plus samplés de l'histoire.