Ô SAINT PD* REVIENS ILS SONT ENCORE PLUS FOOT ! ou A MORT LE FOOT #2

- Putaiiiiiiinnnnnng ! Philibert on est en finaaaaaaaale ! ON EST EN FINAAAAAAAAAAALE !

- ké ké té en finale toi ? Kesss tu causes ! Mon pauvre Alde (Aldebert) en finale de quoi. Alors toi aussi tu es dans ce marasme footballistique, cette arnaque monumentale, cette usine à débilisation généralisée consentie. "Stupide Factory inc"

- T'es con toi c'est super, on a gagné les marocains déjà en demi c'est énorme et demain on va bousiller les argentins ! Même le président de la république i s'ra là, enfin là bas au Quatar, quoi !

- Quoi le président ? Tu crois vraiment qu'il en a quelque chose à foutre le Môssieur le président. C'est juste un outil pour lui, comme une pince multiprise qui serre la tête des gens et lui permet d'asseoir son contrôle, de manipuler, d'endormir les consciences. En plus i prend des congés i va s'éclater un peu ! "J'assume totalement" qu'il a dit ! La pollution, la trace carbone, les morts, les droits des LGBT i s'en branle le président, il assume le croquignol ! Il veut faire la java lui aussi, la nouba, une grosse ribouldingue. Le président... j'ai envie d'chialer à t'entendre. Elles sont où les préoccupations écologiques du président, hein, elles sont où ?

- Sais pas moi qu'est-ce tu racontes ?

- Dans son cul elles sont les préoccupations "écolo". Avions, pognon, porn climatisation, concussion, foot religion, alcool addiction, décérébration, culte compétition, sociale pression, prévarication, énorme piège à couillon.ne...Oui mesdames vous aussi qui vous y mettez, alors qu'il faudrait faire front, constituer un bastion, tout remettre en question, se donner des missions, changer les conditions, trouver des solutions à ce crétinisme étatisé, cette escroquerie géante qui consiste à aduler de richissimes pantins les jambons à l'air qui miment un acte sexuel en agitant leurs guibolles poilus, se vautrant par terre, chialant à chaque tir loupé, hurlant après un arbitre allant même jusqu'à lui cracher à la gueule ce que j'appelle le syndrome Barthez, chantant des hymnes abrutis composés de quatre notes grisant ainsi leurs tristes cervelles éblouies par le fric qu'ils vont enfouir, dévorer comme les gigantesques cannibales financiers qu'ils sont ! Sombres marionnettistes agitant les ficelles des supantinsporters sur lesquelles remonte la thune vers leurs poches bourrées à craquer, à exploser. Des places à 600 balles et de 4000 à 13000 au marché noir pour une finale dans un pays où les stades sont bâtis sur des cadavres de gueux. Tu sais ils puent ces cadavres mais encore moins que les entrailles dégueulasses et putrides des rois du pétrole ou des oligarques du football. Merde j'ai la nausée là, j'ai envie de dégueuler même pas de vomir mais bien de dégueuler tellement ce jeu est immonde. J'aimerais tellement les couvrir de vomi ou de fiente des oiseaux mazoutés par ce pétrole qui les couvre d'or, un pétrole acide si possible, très acide ! Allez va c'est pas grave Alde, demain tu vas te bourrer la gueule avec tes potes et moi aussi peut être pourquoi pas et puis après tu vas te réveiller avec ta putain de coupe de Monde dans les mains. Alors une casquette plombée bien vissée sur ta caboche imbécile comme la confiture d'étron, la boule de pus infâme que tu es, tu vas la regarder s'évanouir dans tes mains telle une écume se dissipe sur la crête d'une vague ou comme une mauvaise chiasse d'alcoolique s'évanouit dans les cagoinces. Tkt Alde moi aussi je ne suis qu'un bouton de vérolé merdeux, un bubon pesteux noirâtre dégoulinant, un crachat tuberculeux rougeâtre qui coule vers le caniveau dégoutant dans lequel on va tous finir !

- Pourtant Phil c'est du sport c'est pas la guerre, ça rapproche les peuples, non ?

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et n'oubliez pas les enfants, les petits rêvent eux aussi !

MA GNI FI QUE

- Nawak ! Padac !

Philibert souffle, soupire bruyamment. On sent qu'il est mal, sa détresse est palpable visible dans ses yeux rougis et gonflés, ses mains tremblantes puis il attrape la nuque d'Aldebert penche la tête et pose son front contre le front de son ami. Murmurant :

- Les peuples n'ont rien à voir la dedans mon ami, ils sont les jouets d'une caste très haut placée se gavant de privilèges tout en faisant croire à des gens comme toi qu'ils vivent des jours merveilleux en les regardant. Mon pauvre copain tu ne vis pas ta vie par toi même mais par personne interposée, tu fantasmes pendant 90 minutes au lieu de chanter ta propre chanson et pour peu que tu dépenses ton fric en maillots qui ne valent pas le papier cul de mes chiottes ou pire que tu prennes malgré ta petite condition un avion sordide rempli de fous aveugles tu concours un peu plus à la destruction du monde. Tu vas voir demain tu vas trembler dans ton slip déjà je sens que des fourmillements s'éparpillent dans ton corps, tes jambes sont prêtes pour les sprints et les tirs. Pleine lucarne tu vas marquer des buts et dribbler Messi. Tout tes soucis vont s'évanouir. Tes yeux vont étinceler de bonheur car toi et les autres VOUS ETES EUX, ILS SONT VOUS !

- Merde Phil tu m'fous les boules enfin quoi t'es pas content ?

- Je peux pas mon Alde, j't'aime mon poteau même toustes les autres stupides je crois que parfois j'les aime aussi iels sont tellement drôles dans leur connerie mais les footballeurs nan j'peux pas ! Les footballeurs je les hais surtout ceux là tous ces milliardaires au service d'une marchandisation d'un sport superbe mais vidé de toute sa substance. Tu sais j'aimerais qu'ils attrapent tous le Covid ou mieux la Vache folle ! On les verrait courir sur le gazon comme les bêtes idiotes qu'ils seraient devenus s'arrêtant pour brouter ou déposer une belle bouse bien molle à l'image des cervelles des supporters tout en regardant ce ballon rond qui ne représenterait plus rien avec des yeux bovins. Putain ça aurait d'la gueule, imagine : "Mesdames, Messieurs la finale de la coupe du monde est annulée because les milliardaires en short sont malades, ils broutent mesdames et messieurs, ils broutent vous m'entendez, RENTREZ CHEZ VOUS, rentrez chez vous y a rien à voir et reprenez le cours de vos vies !

- Putain d'merde Phil tu m'as fusillé là !

- Allez va, m'en veux pas mon copain, allez serre moi, serre moi...Putain PD tu me manques tu sais !

- PD c'est qui nom d'une bite, qu'est ce tu dis ?

- C'est rien Alde, c'est rien, allez servons nous un 102 (double 51) trinquons et chantons car demain c'est la finale et demain sera le plus beau jour de notre vie !

LALALALALALA LALALA LALALA, LALALALALALA LALALA LALALA, LALALALALALA LALALA LALALA, LALALALALALA LALALA LALALA,

* PD : Pierre Desproges

A mort le Foot ( Texte de Pierre Desproges de 1986)

Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j'entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu'ils existent, subissent à longueur d'antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur le gazon l'honneur minuscule d'être champions de la balle au pied. Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s'abaisser à jouer au football.

Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football ? Quelle harmonie, quelle élégance l'esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de vingt-deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de boeufs éteints. Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester sa libido en s'enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de huit, à grand coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d'usine ? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de quarante morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois ?

Je vous hais, footballeurs. Vous ne m'avez fait vibrer qu'une fois : le jour où j'ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J'eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu'à la fin du tournoi. Mais Dieu n'a pas voulu. Ca ne m'a pas surpris de sa part. Il est des vôtres. Il est comme vous. Il est partout, tout le temps, quoi qu'on fasse et où qu'on se planque, on ne peut y échapper.

Quand j'étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l'école ou dans la rue. On me disait : «Ah, la fille !» ou bien : «Tiens, il est malade», tellement l'idée d'anormalité est solidement solidaire de la non-footabilité. Je vous emmerde. Je n'ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celles des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez aux stades.

Pouf, pouf.