Free
6.2
Free

Album de Iggy Pop (2019)

La liberté n'est plus ce qu'elle était...

Rappelons-nous : la disparition de Bowie, et le flashback / hommage magique sur les "années berlinoises" concocté avec l'aide du disciple Josh Homme, dans un "Post Pop Depression" qui devint sans trop de peine le sommet - avec "The Idiot" et "Lust for Life", logistiquement - d'une carrière solo pour le moins irrégulière. Rappelons-nous aussi : la tournée suivante de l'Iguane, accompagné d'un rare combo puissant et hargneux, lui permettant de tutoyer sur scène les cimes à nouveau, malgré une fatigue physique de plus en plus visible. Et puis revenons à aujourd'hui, avec ce "Free" qui nous ramène pitoyablement vers les pires dérives de sa trajectoire, entre chanson française visitée en touriste et tentatives abstraites mal gaulées. Lancé comme une déclaration d'intention, sur le refrain connu et usé du "j'ai décidé de ne faire que ce que j'ai envie" (comme si ça n'avait pas toujours été le cas !...), "Free" est un gloubi boulga à la fois insipide et indigeste (un comble !), à la surface duquel ne surnage évidemment que la voix radioactive de celui qui pourrait chanter le bottin et rester encore intéressant. 


Après une intro "honnête," qui pose les bases de ce qui va suivre, Iggy nous offre une bonne chanson ("Love's missing"), avec une certaine tension, qui fera dramatiquement défaut dans tout le reste...) et demi ("James Bond", l'une de ces plaisanteries un peu absurdes dont il a le secret). La suite hésitera sans pitié entre l'atroce ("Dirty Sanchez", et ses paroles grossières indignes de l'intelligence de l'Iguane) et le soporifique (jusqu'à la fin de l'album...). Iggy a visiblement confié les clés du camion à d'autres (Leron Thomas et Noveller...) qui lui ont pondu un jazz ambient à la mode mais littéralement informe, sur lequel il pose ses textes et sa voix en s'en foutant visiblement complètement. Tout cela est très vain, mais ne dépare finalement pas au milieu d'une bonne dizaine d'albums précédents à peu près du même acabit.


Mais vous savez quoi, Free ou Orange, nous, on sera toujours là devant la scène à la prochaine ressortie sur les routes du vieux fauve, ça c'est certain...


[Critique écrite en 2019]
Retrouvez cette critique et bien d'autres sur Benzine Mag : https://www.benzinemag.net/2019/09/16/iggy-pop-free-liguane-change-de-peau-pour-le-meilleur-ou-pour-le-pire/

EricDebarnot
4
Écrit par

Créée

le 13 sept. 2019

Critique lue 694 fois

13 j'aime

2 commentaires

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 694 fois

13
2

D'autres avis sur Free

Free
Cortex69
7

Trompette mélancolique

Les années 2010 ont été une véritable hécatombe pour les monuments du rock mondial qui sont tombés comme des mouches. Mano Solo, Amy Winehouse, Daniel Darc, Prince, ou bien encore David Bowie, pour...

le 6 févr. 2020

4 j'aime

Free
PhilippeAllegre
6

le contre pied

Le contre pied dans la musique est un art délicat. car d'un coté quand c'est réussi, c'est beau et sinon, on peut se casser la gueule. Album assez indéfinissable, mais c'est se qui fait la force de...

le 7 sept. 2019

4 j'aime

Free
Claire-Magenta
6

Critique de Free par Claire Magenta

Annoncé le 17 juillet dernier, suivi un mois plus tard par la sortie du premier single James Bond, le dix-huitième album solo d'Iggy Pop sortait le 6 septembre dernier. Décrit à la presse comme un...

le 12 nov. 2019

1 j'aime

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

150

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

104

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

184 j'aime

25