Foxwarren
7.2
Foxwarren

Album de Foxwarren (2018)

Le songwriter Andy Shauf joue collectif sur un premier album offrant un peu plus d’épaisseur kraut à sa pop docile. Bien joué. Sorti un peu de nulle part, le songwriter canadien Andy Shauf avait pourtant réussi à mettre tout le monde d’accord avec son second album, The Party, paru en 2016. Un délicieux concentré de pop déviante, faussement tranquille, sertie de cordes soyeuses et de claviers tordus, et avant tout, dominé par cette voix feutrée et timide portant le gêne XO de feu Elliott Smith. Troublant. Au regard du succès récolté, Shauf aurait eu toute ses raisons de prolonger sa carrière solo en pleine ascension. Au lieu de ça, le Canadien se lance dans une aventure collective, Foxwarren, dont le premier album éponyme vient de paraître chez Anti (Tom Waits, Neko Case). Manifestement, le choix de mettre entre parenthèse son nom s’avère autant un acte de fidélité que d’intégrité artistique. Car le groupe en question a déjà dix ans d’histoire, formé avec trois amis d’enfance de Shauf, Dallas Bryson (guitare / choeurs) et les frères Darryl (basse) et Avery Kissick (batterie / percussions). Ensemble, ils ont patiemment mis dix ans à terminer ce fameux premier LP, en travaillant par épisodes, selon les disponibilités de chacun. Foxwarren évolue plutôt dans une pop un peu abstraite, émancipée de mélodie trop évidente, cultivant le goût de l’étrange, de l’accord tordu au détour d’une progression limpide. On s’éloigne des arrangements de cordes, pour des aventures lorgnant vers le prog/kraut (Everything Part). Aussi aventureuses soient-elle, les chansons demeurent étonnamment courtes : Shauf étant le principal compositeur, sa sensibilté pop parvient toujours à refaire surface d’une manière ou d’une autre, toujours par surprise (« In Another Life »). Et puis on retrouve aussi ce brin de voix timide qui nous évoque parfois la fragilité d’Elliott Smith (l’élégiaque Your Small Town) ou Sufjan Stevens (le superbe errance Lost in Dream). A l’instar de Jose Gonzales et son trio Junip, auteur de deux albums formidables, on se plait à penser que Foxwarren poursuivra ce même chemin plein de belles promesses.(pinkushion)


Andy Shauf est peut-être un magicien, comme le suggérait le plus beau titre de son troisième album solo, paru en 2016, c’est aussi un petit cachotier. Cet orfèvre canadien que l’on découvrait se présentait alors comme un solitaire confirmé, au point d’avoir conçu son précieux disque de pop artisanale sans l’aide de personne. Et voilà que paraît aujourd’hui le premier album de Foxwarren, son groupe. Pas une for­mation créée pour l’accompagner en concert qui se serait transformée en orchestre soudé. Au contraire. Celle qui fut fondée il y a dix ans déjà, avec trois complices étudiants de son Saskatchewan natal, autour d’une admiration commune pour Paul Simon et The Band. Un ensemble dont les chansons ont été écrites au cours des ans, mais dont la carrière est passée au ­second plan tandis que Shauf développait en parallèle ses aventures en solo. Le single avant-coureur, Everything apart, peut surprendre. Le rythme soutenu, sorte de réinterprétation rusti­que du krautrock, se démarque nettement des plaintes baroques de Shauf, seul le sens mélodique, naturellement entraînant, faisant un lien évident. Ailleurs, le terrain d’exploration est autrement ­familier, les chansons aux harmonies limpides étant portées par un accompagnement à la fois roots et inventif, à la manière d’un soft rock suffisamment l­éger pour entrer en douceur dans une oreille, mais assez entêtant pour ne pas ressortir aussitôt par l’autre.(HC)

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le 9 mars 2022

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