C'est un écheveau de plus en plus emmêlé, dont on peine à suivre les fils. Au centre, ou à peu près, Broken Social Scene, collectif canadien aux idées larges et à l'effectif pléthorique. Comme ces gens-là doivent bien s'occuper entre deux sessions d'enregistrement, ils jouent dans d'autres formations, permanentes (Stars, Do Make Say Think, Metric) ou circonstancielles (Valley of the Giants), quand ils ne tentent pas carrément l'aventure solo (Jason Collett et, surtout, Feist, seule vedette en devenir de la bande). Cette fois-ci, c'est le guitariste Andrew Whiteman qui fait des siennes. Le mélange des genres (et des gens) est là aussi la norme, les tempos plutôt alanguis, le chant discret, parfois à la limite du chuchotis.
Le producteur maniaque Dave Newfeld est de la partie, tout comme Feist, aux chœurs. Mais les guitares, même si elles aiment encore ferrailler à l'occasion, préfèrent ici les accords mineurs et font davantage d'infidélités au petit monde du rock. Elles lorgnent plutôt vers le Mali (l'intro du morceau-titre, étonnante chanson à tiroirs) ou vers le Brésil via l'Angleterre (Animal Fat, qui rappelle les bossas spectrales des Pale Fountains de 82) ; Whiteman se dit aussi influencé par Manu Chao et les expériences cubaines de Marc Ribot. Un disque fureteur, rêveur et débraillé.(Inrocks)
Si l'art consiste effectivement à enrichir le réel via la diversité des regards, à coup sûr, les membres d'Apostle Of Hustle sont des artistes avec un grand A. Avec un grand coeur aussi. Généreuse plus que de raison, leur musique aventureuse offre en effet à qui le veut une exploration auditive des plus plaisantes. Emmené par Andrew Whitman, guitariste des Broken Social Scene, auteurs l'an passé d'un magistral "You Forgot It In People", cet autre projet à géométrie variable jongle avec les styles les plus divers et réussit l'alliance parfaite entre mélodies pop immédiatement attachantes et constructions plus complexes héritées du mouvement post-rock. Certes, les paysages explorés rappelleront sans nul doute aux oreilles les plus averties les belles aquarelles non formatées rencontrées précédemment chez le collectif canadien, mais ce "Folkloric Feel" ne manque pourtant pas de personnalité et de charme. Grâce à une production audacieuse et soignée, le combo protéiforme réussit même l'exploit de tutoyer à plusieurs reprises les cimes en émancipant leurs pop songs du carcan indé pop classique ("Animal Fat" et ses accents latinos, ou le fabuleux triptyque d'ouverture "Folkloric Feel", qui revisite en 8 minutes la musique folklorique américaine, la pop made in Chicago et la mélancolie aérienne chère aux ados que nous sommes tous restés). Vivent les Canadiens libres ! (Popnews)