Fleet Foxes
7.4
Fleet Foxes

Album de Fleet Foxes (2008)

Le premier plaisir qu'on prend à écouter l'album de Fleet Foxes est tout simple, et on se demande encore comment les garçons états-uniens font pour en garder la recette sans être inquiétés plus que ça. Trois, quatre ou même cinq voix mâles harmonisant comme autour du traditionnel feu de camp. Ayant eu la chance de voir en concert sur un quai parisien les gars de Seattle, je peux être affirmatif : ils chantent tous. Sun it rises, le petit morceau d'ouverture (prélude ? prologue ?), rénove le vieux chromo des Beach Boys en train de s'étirer juste avant la plage. White Winter Hymnal a cette suavité rustique propre à nous faire prendre ces jeunes gens diversement hirsutes pour des moines ou des paysans d'une autre époque. En couverture ils ont choisi de reproduire un tableau de Bruegel, un peintre beaucoup plus ancien qu'Andy Warhol. On y perçoit comme l'envie de s'imaginer en petits bonshommes perdus dans la toile. Modestes artisans du folk ? A force de revivals plus ou moins obtus, le folk, ô surprise de l'âge numérique, n'est plus un gros mot. En grattant çà et là dans l'ouvrage, on déniche un peu plus d'ambition. C'est gentil de plaire aux parents qui ont troué leurs vieux Crosby, Stills & Nash. Mais ça ne suffit sûrement pas au dénommé Robin Pecknold. Sans avoir l'air de balancer, le garçon (comme Tim Smith chez Midlake, et on en restera là de l'évident parallèle) a des ailes de songwriter qui vont certainement continuer de battre et de faire du bruit. Gare à l'envol quand même, les gars, restez un peu sur terre, ça vous va bien. Voir le très beau Tiger Mountain Peasant Song. François Gorin


Les Fleet Foxes viennent de Seattle, mais on ne l’aurait pas deviné en écoutant leur premier album. Aux premières secondes, a capella, on se croit transporté au XIXe siècle dans une petite église baptiste des Appalaches, pendant l’office.La chanson s’appelle Sun It Rises – le soleil se lève –, et ça va être une belle journée, vraiment. Jusqu’au crépuscule, les Fleet Foxes vont chanter une pastorale panoramique, à la fois épique et délicate, ode aux champs de blé qui ondoient sous la brise, au bruit des vagues qui roulent sur une plage sauvage de Californie, aux menhirs derrière lesquels se cachent de petites créatures magiques, aux cailloux plats qui rebondissent à la surface d’un lac, au coucher de soleil derrière la montagne et, surtout, à tout ce qui vole. Du folk, oui, mais qui ne touche jamais terre. Toujours, les Fleet flottent. Leurs chansons semblent fonctionner à l’énergie éolienne. Leurs textes ressemblent à des carnets de voyage, mais dans des contrées à l’écart de la civilisation, des bruits de moteur et des touristes. Leur album dure à peine quarante minutes, mais il semble avoir plané pendant plusieurs siècles avant de parvenir jusqu’à nous. Les Fleet Foxes n’inventent rien. Ils sont les descendants d’une majestueuse lignée de musiciens qui partirait d’un trouvère de la vieille Europe médiévale et finirait avec My Morning Jacket, en passant par le chant grégorien, le joueur de flûte de Hamelin, John Jacob Niles, Nick Drake, les Beach Boys, les Zombies, Crosby, Stills, Nash & Young & Simon & Garfunkel, Love, les Moody Blues, Donovan, America, Fleetwood Mac, Fairport Convention, R.E.M., la pop néo-zélandaise des années 80, Mercury Rev ou Midlake, entre autres. Ils sont les descendants de tous ceux-là, mais ce qui les caractérise, c’est qu’ils aspirent à remonter. Dans un sens, les Fleet Foxes sont bien dans leur époque, et bien sur leur label – qui pourrait maintenant songer à se rebaptiser Sub Folk. Ils sont frères de label des Shins, d’Iron and Wine, des Ruby Suns. Ce qui distingue les Fleet Foxes de tous ceux-là, c’est que leur musique est fondée sur les voix plutôt que les guitares, dans une communion quasi mystique grâce aux harmonies vocales. Pour les Fleet Foxes, tout est allé très vite : un passage obligé au festival-marathon South by South West d’Austin, où ils ont terminé dans le peloton de tête ; un transfert pour l’Europe sur le label Bella Union (la bonne maison créée par Simon Raymonde des Cocteau Twins) ; un premier EP de printemps (Sun Giant) qui affole à raison les blogs et la presse ; et un premier album à la hauteur de cette carte de visite. Les membres des Fleet Foxes sont très jeunes – à peine plus de 20 ans –, mais quand ils chantent, ils ont au moins 120 ans, ils ressemblent à des vieux sages aguerris, des pèlerins qui viennent de terminer un tour du monde à pied, chaussés de sandales, et qui n’ont même pas d’ampoules. Groupe à la mode, mais à la mode d’antan. Ils semblent avoir redécouvert les secrets et les valeurs d’une façon de faire antérieure à la pop, au formatage. Au paysage actuel de la scène rock, les Fleet Foxes semblent préférer le paysage tout court. La belle histoire d’un retour à la nature de la musique : le chant. (Inrocks)
Véritables anachronismes incarnés, ces cinq jeunes gens venus de Seattle fouinent avec délectation dans des traditions musicales d’un autre âge et puisent fièrement leurs références dans les discothèques de leurs grands-parents, tout en truffant leurs textes de tournures archaïques. Et pourtant, leurs chemises de bûcherons en flanelle n’exhalent jamais ce désagréable parfum de naphtaline qui imprègne les œuvres vite oubliées des innombrables néo-hippies trop chic marchant dans les traces de sandale de Devendra Banhart. Robin Pecknold et ses camarades réussissent à restituer, à coup d’harmonies vocales sublimement peaufinées, les sentiments d’émerveillement et de ravissement qu’ils ont sans aucun doute éprouvés en découvrant pour la première fois les joies simples du chant choral à quatre voix et les formules contenues dans les vieux grimoires du folk californien des seventies. Une ineffable fraîcheur, qui conférait déjà tout son charme au Sun Giant Ep (2008), se dégage donc de ce premier album fort réussi. Parfaitement servies par un travail de production aussi discret qu’efficace signé Phil Ek (Built To Spill, The Shins), la plupart des chansons étonnent par la très grande pureté de leurs traits, de l’inaugural hymne solaire Sun It Rises au très dépouillé Meadowlarks, en passant par Your Protector et Blue Ridge Mountains, où Simon et Garfunkel semblent entremêler leurs cordes vocales sur des sessions inédites de If I Could Only Remember My Name (1971) de David Crosby. Ces moments forts largement majoritaires finissent par faire oublier les quelques travers un poil (de barbe) chichiteux de certaines compositions où l’on entend les remugles d’une fascination légitime, mais pas toujours bien digérée, pour Brian Wilson et surtout Van Dyke Parks (Quiet Houses, Heard Them Stirring). Conservateurs inspirés d’un patrimoine dépoussiéré, ces fins renards sont parvenus d’emblée à réanimer quelques siècles de tradition folk. Belle performance.(Magic)
Ils sont cinq, viennent de Seattle et ils ont mis le feu à la blogosphère musicale en début d'année. Signés sur Sub Pop, les prestations live des Fleet Foxes ont vite conquis le public. Le point de départ de cet engouement a été leur premier EP, "Sun Giant", qui a été ajouté (fort à propos) pour cette distribution française. A l'écoute de ces cinq titres, cela devient compréhensible : c'est un vrai coup de maître. En 18 minutes à peine, le groupe de Seattle pose les bases de son univers : harmonies vocales, simplicité des mélodies souvent dépouillées et un climat général qui incite autant au recueillement qu'à une douce ferveur. "Sun Giant" s'ouvre avec le morceau éponyme, entièrement a capella, avant que "Drops in the River" et le superbe "English House" démontrent tout le talent des Fleet Foxes pour donner du souffle à leurs compositions, aux bases folk mais qui éclatent en une myriade de couleurs et d'émotions par la simple grâce de quelques voix et de quelques guitares. "Mykonos" montre aussi la faculté de ces jeunes gens pleins d'avenir à écrire des chansons pop étincelantes, ne perdant ni leur grâce ni leur goût pour les harmonies, évoquant fortement CSNY ou encore des Beach Boys qui auraient bifurqué vers les montagnes au lieu d'aller à la plage.L'étape suivante pour le groupe était donc de transposer cette réussite sur tout un album, et le cap a été passé avec brio. L'inaugural "Sun It Rises" ouvre le disque de belle manière avec des harmonies pleines de chaleur, tout comme l'extraordinaire "White Winter Hymnal", qui pourrait passer pour un gospel folk, en faisant le lien entre le minimalisme de la mélodie et l'intensité sereine du chant. Cette atmosphère irrigue le disque, lui donnant du corps et du souffle, mais encourage aussi fortement l'auditeur à écouter le disque au calme, ou en tout cas à être "disponible" : il me paraît par exemple difficilement concevable d'écouter "Tiger Mountain Peasant Song" dans la voiture et la fureur des coups de klaxon. Le disque alterne brillamment entre ces pièces folk et les morceaux plus soft-rock, comme "Your Protector", "He Doesn't Know Why" ou "Blue Ridge Mountains", qui ne se départissent jamais de cette lumière éclatante dont ils brillent. Ce qui marque dans ce disque, c'est qu'il coule de source, il est fluide. Malgré (sans doute) l'énorme travail de composition, malgré la production étincelante, les titres sont clairs et limpides, présentant néanmoins suffisamment de subtilités pour que ce plaisir de découverte se renouvelle à chaque écoute. Alors, certes, il arrive que les Fleet Foxes en fassent un petit peu trop (sur "Heard Them Stirring" par exemple), mais il serait vraiment dommage que cela vous arrête dans la découverte de cette oeuvre magnifique. Le groupe de Seattle a d'ores et déjà mis la barre très haut : en attendant de voir ce que leur futur nous réserve, on pourra apprécier encore longuement ce premier coup d'éclat.(Popnews)
Ce qu’il y a de bien quand on écoute de la musique issue de labels indépendants, c’est qu’on a souvent la chance de tomber sur des groupes un peu hors normes, sortants des sentiers battus.

Les américains originaires de Seattle qui composent Fleet Foxes dévoilent là leur premier album après le superbe "Sun Giant EP" dont la blogosphère s'est largement fait l'écho. Ce LP, anciennement prénommé "Ragged Wood", est un album de pop tout en douceur, aux mélodies envolées totalement délassantes (Ragged Wood, He Doesn’t Know Why) ou tout commence comme si l’on se trouvait dans une exploitation de canne à sucre cajun (Sun It Rises). Le reste de l’album étonne. Proche des influences japonaises de Midlake (Heard The Stirring), ce club des cinq livre probablement un des plus beaux albums de l’année. Encrée d’une profonde mélancolie, leur musique laisse planer au rythme du vent, avec des chœurs et une voix fébrile.Mais ce qu’il faut retenir de Fleet Foxes, c’est que ça dépote bien de les écouter. Les amateurs des Who, Beatles et Led Zep, du temps où ils concoctaient des chansons minimaliste sur fond de mandolines, guitares sèches et autres flûtes de pan, y trouveront certainement leur compte. Une rapide écoute des quelques masterpieces de cet album comme Quiet Houses, Your Protector, White Winter Hymnal, s’avèrera fructueuse et sublime pour tout curieux. Le groupe a annoncé la sortie d'un prochain album au printemps 2009, composé de 7 titres qui dureraient 25 minutes chacun. Autant vous dire que l’on n’a pas fini d’en manger, c’est d’ailleurs excellent pour la santé. (indiepoprock)

bisca
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le 27 mars 2022

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